Le sélectionneur national Rabah Saâdane n'apprécie guère les critiques dont il a fait l'objet après la chaude confrontation de samedi passé contre les Pharaons au Caire. Beaucoup lui ont reproché son immobilisme au moment où son homologue égyptien Hassan Shehata était chaud et très actif dans la surface technique tout au long du match. Certains sont allés jusqu'à dire qu'il a été tétanisé par la tension et pression qui ont régné dans le chaudron du Cairo Stadium. Les changements qu'il avait opérés en seconde mi-temps ont fait également jaser. «Non, je n'ai pas été tétanisé au Cairo Stadium. Je suis un ancien officier et on m'a rappelé à trois reprises au service national. Je sais comment gérer ce genre de situation. Il ne sert à rien de gesticuler et de trop bouger dans la surface technique. Le grand chef doit toujours rester calme et lucide, quelles que soient les circonstances, pour avoir les idées claires. Si je m'étais énervé, j'aurais perdu le contrôle de la situation et influé négativement sur mes joueurs qui sont d'ailleurs restés calmes, évitant ainsi plus de cartons et surtout des expulsions. Mes joueurs sont à féliciter pour leur comportement exemplaire sur et en dehors du terrain. Ils ont donné une belle image du pays et du peuple algérien. Après chaque match, on trouve toujours à redire. Qu'on cesse de raconter n'importe quoi. Ceux qui nous ont critiqués ne connaissent pas le football et ne savent pas comment on gère une sélection nationale. Ils ignorent également dans quelles conditions on a séjourné et joué au Caire. C'était l'enfer et on l'a échappé belle. On a évité une défaite plus lourde encore. J'avoue que j'avais de vives appréhensions après le premier but encaissé d'entrée. Notre équipe a été complètement absente durant le premier quart d'heure», expliquait, hier sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale, Rabah Saâdane avant de révéler que les Egyptiens avaient préparé d'autres mauvaises surprises à ses troupes, mais les dirigeants de la FAF et les responsables politiques présents au Caire ont déjoué leurs complots. «On a déjoué d'autres pièges et complots préparés par les Egyptiens» «Grâce à l'intelligence des dirigeants de la FAF, à leur tête Mohamed Raouraoua, on a déjoué d'autres pièges et complots préparés par les Egyptiens, plus précisément leurs responsables sportifs. Ils nous ont réservé d'autres mauvaises surprises, mais ils n'ont pas pu arriver à leurs fins. Raouraoua a tout prévu et il ne leur a pas permis d'atteindre tous leurs objectifs macabres, avec le concours de notre ambassadeur et des ministres présents sur place. Les hautes autorités du pays ont également bien réagi après l'incident du bus. Le message que nous a adressé le président de la République nous a fait beaucoup de bien. Les Egyptiens ont en tout cas réussi leur premier coup en blessant deux de nos joueurs après l'attaque subie par le bus qui nous transportait à l'hôtel. On s'est retrouvés donc avec huit blessés en tout. Ils nous ont vraiment déstabilisés. Nos joueurs qui évoluent pour la plupart en Europe n'ont jamais connu une telle mésaventure. Ils ont subi une énorme pression durant tout notre séjour au Caire. Ils ont été traumatisés, mais ils se sont montrés courageux le jour du match. Ils ont bien réagi. Ziani, Yahia et Bougherra, qui relevaient de blessure et qui manquaient terriblement de compétition, n'en pouvaient plus, mais ils ont tenu le coup jusqu'au bout et ils ont joué avec le cœur. Je ne pouvais pas les remplacer. Même les changements qu'on a opérés n'étaient pas prévus. C'étaient des changements forcés», raconte le driver des Verts, qui conteste le second but égyptien inscrit à une minute de la fin du temps additionnel par Emad Motaeb, de retour d'une position de hors-jeu au moment où il a repris de la tête le centre de Sayed Moawad. «Je suis ravi de sortir du Caire en vie» «Le second but de l'Egypte était litigieux. Je pense que tout le monde l'a constaté. Les séquences sont claires. Si on s'était qualifié, le pire se serait produit. Même si on était battus, on a eu du mal à revenir à l'hôtel. On était bloqués au stade pendant deux heures. C'était pénible de sortir du stade et difficile de repartir du Caire le lendemain. On n'a pas dormi après le match. Je suis vraiment ravi de sortir en vie du Caire. Tout le monde a poussé un grand ouf de soulagement lorsque l'avion a décollé du Caire pour Khartoum. L'accueil que les Soudanais nous ont réservé a remonté le moral aux joueurs, et la présence de nos supporters à Khartoum les a davantage réconfortés. On a fait le maximum pour leur enlever les traumatismes subis au Caire», dira Saâdane qui appelle au calme et à la sagesse. «Les dirigeants des instances sportives et les médias égyptiens sont derrière ces dérapages. Rabi yahdihoum (que Dieu leur montre le bon chemin). C'était un match de football qui ne devait pas sortir du cadre sportif. J'appelle tous les Algériens au calme. Il faut arrêter la chasse aux Egyptiens en Algérie et la chasse aux Algériens en Egypte», lance le patron de l'EN, vexé par les critiques qu'il a essuyées après le match de samedi. «Qu'on cesse ces racontars. Depuis mon retour, beaucoup de choses ont changé dans cette équipe. Si quelqu'un veut ma place, je suis prêt à me retirer», a t-il conclu.