L'athérosclérose n'est pas seulement une maladie des sociétés modernes puisque les Egyptiens riches au temps des pharaons en souffraient, comme en témoignent des momies examinées avec des scanners, selon une étude dont les résultats ont été publiés mardi. «Les maladies cardiovasculaires sont omniprésentes dans nos sociétés modernes et malgré des différences entre les modes de vie d'aujourd'hui et des temps anciens, nous avons découvert qu'elles étaient plutôt courantes dans la haute société égyptienne, il y a plusieurs millénaires», explique un professeur de cardiologie à l'Université de Californie, co-auteur de cette étude. «Cette découverte conduit à penser que nous devrions peut-être regarder au-delà des facteurs de risque moderne pour réellement comprendre cette maladie» ajoute-t-il. Les principaux facteurs de risque sont aujourd'hui une alimentation riche en graisses, l'insuffisance d'exercice et le tabagisme. Curieux du fait que l'athérosclérose pourrait avoir été répandue dans l'Egypte ancienne alors que le Pharaon Mérenptah (1213 à 1203 avant notre ère) en serait apparemment mort vers 60 ans, des cardiologues américains et égyptiens ont décidé d'en avoir le cœur net. Avec la coopération d'égyptologues et de spécialistes en préservation des corps, ils ont sélectionné 20 momies du musée des antiquités égyptiennes du Caire pour les scanner. Les corps de ces momies ont été entièrement passés au scanner avec une attention toute particulière sur le système cardiovasculaire. Les chercheurs ont découvert que neuf des seize momies, qui avaient encore des artères identifiables ou leur cœur après le processus de momification, présentaient une calcification coronarienne. Cette calcification était soit visible à l'intérieur des artères ou à l'endroit où devaient se trouver des artères dans le corps des momies, précisent les auteurs de cette recherche parue dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) daté d'hier. Certaines momies avaient une calcification jusque dans six de leurs artères. Se basant sur l'analyse du squelette, ces chercheurs ont pu estimer l'âge de toutes les momies objet de cette étude au moment de leur décès ainsi que pour la majorité, de leur occupation et rang social. Pour les momies décédées à plus de 45 ans, sept sur huit avaient une calcification dans leurs artères et souffraient de ce fait d'athérosclérose. Chez les momies mortes plus jeunes, seules deux sur huit avaient de la calcification coronarienne. L'athérosclérose touchait les hommes comme les femmes, selon l'examen scanner de ces momies. Pour les momies dont l'identité a pu être établie, elles étaient toutes d'un rang socio-économique élevé, servant généralement à la cour du Pharaon. Le régime alimentaire de leur vivant n'a pas pu être déterminé mais la consommation de viande de bovin, de canard et d'oie était assez courante à cette époque-là. «Bien qu'on ne sache pas si l'athérosclérose a été fatale à l'une ou l'autre de ces momies, on peut confirmer qu'un grand nombre souffrait de cette maladie», conclut l'auteur de l'étude.