Malgré l'éloignement du Soudan, ils ont quand même fait le déplacement comme s'ils avaient voyagé d'Alger à Rouiba. L'histoire retiendra en tout cas que pour ce match Algérie-Egypte du 18 novembre 2009, on a assisté à un énorme flux migratoire algérien sur des milliers de kilomètres, uniquement pour soutenir une équipe nationale. Il y a eu 2004 et la CAN de cette année-là mais celle-ci s'était déroulée en Tunisie voisine de notre pays. Là il s'agissait d'aller jusqu'à Khartoum, une capitale éloignée de 5 heures de vol de la capitale algérienne. Et ces milliers de supporters jeunes ou moins jeunes, hommes ou femmes, ont chaviré de bonheur dans le stade El Merreikh qui s'est avéré exigu pour un tel évènement. Un sacrifice qui n'a pas été vain et une extraordinaire revanche sur le sort pour ces supporters meurtris lors de la défaite du Caire quatre jours auparavant et qui ont, si l'on veut, été vengés par Anther Yahia et ses camarades. Des années de galère Oui, ils pourront dire : «J'y étais», car la date du 18 novembre 2009 va être inscrite en lettres d'or dans l'histoire du football algérien. Karim Ziani et ses camarades ont rejoint dans le Panthéon de la gloire leurs glorieux devanciers de 1982 et de 1986. Ils sont désormais les héros d'une génération de joueurs qui ont rendu sa fierté au football algérien. Un football tellement meurtri par des années de déboires. Un football qui doit se dire qu'il est loin d'avoir retrouvé la voie de la sérénité en raison d'une certaine anarchie qui règne au niveau de sa base, c'est-à-dire les clubs qui vont devoir se remettre en question et se ranger derrière le sérieux et le professionnalisme que veut instaurer la FAF. Du reste, les faits qui se sont produits depuis de nombreuses années nous ont assez instruits qu'il fallait se méfier des résultats extraordinaires. Si notre football est tombé si bas c'est parce que nous n'avons jamais su profiter de l'élan de 1982 et de 1986 et des bonnes dispositions du code de l'EPS de 1977. Nous avions cru que parce que l'équipe nationale s'était qualifiée au Mondial nous n'avions pas besoin de nous projeter sur l'avenir. Le résultat on l'a vu, une chute vertigineuse de ce football dans la hiérarchie planétaire et du n'importe quoi qui s'est instauré dans le système de gestion des clubs. Conséquence de ce résultat, nous n'avions pratiquement plus d'équipe nationale. Ce que nous possédions c'était une sélection tout juste bonne à passer quelques tours dans les phases de qualification aux Coupes du monde et aux CAN.Au moment où cette équipe nationale retrouve la Coupe du monde 24 ans après sa dernière participation à cet évènement, nous ne pouvons pas nous suffire de verser dans le bonheur. Un système de formation obsolète L'œuvre de redressement de la discipline est gigantesque et mérite une attention accrue. Il nous est interdit de nous faire bercer dans le bonheur car cette équipe nationale ne saurait être l'arbre qui cache la forêt d'anomalies qui caractérisent le football algérien. Il n'y a qu'à se baser sur l'effectif de joueurs qui ont mené cette équipe vers le Mondial de 2010 pour s'en convaincre. Ils sont à 90% issus de notre émigration, donc des joueurs qui ne doivent rien au système de formation du football algérien. C'est pourquoi il faudra se dire que le 18 novembre on a assisté à la victoire de l'Algérie mais pas de son football qui a beaucoup de chemin à parcourir pour accéder à la haute performance. On trouvera nos propos un tantinet pessimistes mais ce sont les mêmes que nous avions mis en exergue en 1982 et en 1986. A cette époque, les optimistes eux avaient choisi leur voie avec les résultats catastrophiques qui ont essaimé la vie de l'équipe nationale durant ces dernières 24 années. Et si on n'y prend pas garde, si on laisse le football algérien dans l'état qui est le sien aujourd'hui, on sera promis à d'autres décennies de galère et de mauvais résultats. En tout ce dont nous sommes sûrs c'est qu'un homme comme Rabah Saâdane est parfaitement d'accord avec ce genre d'idée de même que le président de la FAF, Mohamed Raouraoua. Eux savent que le travail qui reste à faire est énorme et qu'une qualification, dut-elle être à une Coupe du monde, ne saurait les dévier de leur objectif qui est de remettre le football algérien sur la voie du modernisme.