La ville de Charm El-Cheikh constitue pour des milliers de touristes algériens une nouvelle destination. Paradisiaque, magnifique, enchanteur… le nouveau “Los Angeles” ouvre grands ses bras et assure un dépaysement total pour une détente agréable. Vingt-trois juillet 2004, aéroport international Houari-Boumediene. Il est 1 h 30 mn. Une centaine de touristes s'apprêtent à voyager à bord de l'Airbus A-320 de la compagnie Egyptair. C'est le premier vol charter qui décolle à partir d'Alger vers la ville de Charm El-Cheikh. Les tour-operators, Yasmine Travel et Selectour (côté algérien) et El Masryeen Travel (côté égyptien) viennent de réussir un pari jadis irréalisable. Toutes les conditions sont réunies : formalités, accueil, réservation, circuits… Après quatre heures de vol et une “virée” au-dessus du Sinaï, l'avion atterrit à Charm El-Cheikh. En dix minutes, les douaniers et la police égyptienne expédient les formalités. Zéro attente. L'accueil est des plus agréables. “Vous êtes Algériens ? Vous êtes les bienvenus au pays des Pharaons.” Dans l'autobus qui nous achemine vers l'hôtel Cataract Resort, le manager de El Masryeen Travel, Tamer El Abyad, se rappelle très vite du match historique Algérie-Egypte quand le joueur Hocine Achiou a mis fin au rêve égyptien en Coupe d'Afrique des nations. Avec les touristes algériens, les Egyptiens parlent constamment de football. Amicalement. Mais avec passion. Malgré le décalage horaire, soit deux heures de différence entre les deux pays, les touristes algériens s'en donnent très vite à la détente. Les hôtes de Yasmine Travel animent alors un briefing pour exposer les grands axes du circuit prévu en Egypte, à commencer par la splendide mer Rouge où les eaux profondes recèlent des merveilles originales et uniques au monde comme les plantes médicinales, le poisson volant, les dauphins et les massifs de corail découverts sur la surface d'une eau pure. Le séjour promet autant de découvertes aux touristes algériens qui sillonneront d'ailleurs le mont du Sinaï où Moïse avait reçu les fameux dix commandements. Le désert par-ci, la mer Rouge par-là, il n'existe point de transition entre les pics montagneux semblables à ceux de Tamanrasset ou de Djanet et le bassin rouge. Dans ce décor, et sur une bande de 100 kilomètres, le gouvernement égyptien a misé sur une station balnéaire : Charm El-Cheikh. Ce nouveau “Los Angeles” par son implantation dans un véritable erg, ses lumières et son rythme de vie nocturne promet d'offrir des moments de détente précieux. Sécurité totale du site, commerces multiples, hôtels classés (4 et 5 étoiles), clubs de diving (plongée sous-marine)… tout y est dans cette prestigieuse ville située à 500 kilomètres du Caire. Actuellement, on exploite près de 500 hôtels classés. Les 1 200 tour-operators égyptiens ne déméritent pas en matière de prestations de services de proximité offertes aux 7 millions de touristes provenant d'une trentaine de pays. Voir les merveilles…et Alexandrie Les touristes algériens venus en force ont eu à découvrir aussi la capitale des pharaons, le tunnel du canal de Suez inauguré en 1982 (long de 4 000m), la Fontaine de Moïse, le canal de Suez où transitent des milliers de navires et de bâtiments annuellement, les pyramides d'Egypte (Gizeh), le Nil, l'île de Tiran, Taba et l'île des Pharaons, le musée du Caire où sont soigneusement conservées les momies des anciens rois d'Egypte, Sainte Catherine… Autre escale aussi attractive, la ville d'Alexandrie, située à 200 kilomètres du Caire, avec ses musées et son opéra, la demeure du roi Farouk avec son sublime parc et ses stations balnéaires. Dans l'histoire contemporaine, cette ville représente un souvenir à la fois douloureux et glorieux pour de nombreux Algériens qui avaient participé en 1973 aux côtés des Egytiens contre l'offensive israélienne d'accaparer le Sinaï. Les Egyptiens en parlent encore et avouent leur reconnaissance à ceux qui avaient donné leur vie pour libérer ce symbole à la fois religieux et historique. “Nous voulons faire de ce premier voyage un important test entre les tour-operators algériens et égyptiens. Arrivés à Charm El-Cheikh, nous avons constaté une meilleure disposition des autorités égyptiennes à assurer un séjour digne de ce nom à nos touristes. Dieu merci, je n'ai reçu aucune réclamation des clients depuis que nous sommes ici”, avouera le directeur général de Yasmine Travel, M. Mohamed-Chérif Djebbari qui veille au grain. Ce dernier estime que, “désormais, le décollage est prometteur. Les autorités de l'aviation égyptienne nous ont réellement facilité la tâche. Quant à mes vis-à-vis en Egypte, je suis très content. Il y a une volonté incontestable d'El Masryeen Travel d'aller plus loin avec nous. Et la confiance est réciproque” ! En effet, le succès du premier vol charter vers Charm El-Cheikh a donné lieu à plus de facilités grâce aux démarches entreprises en Egypte par MM. Djebbari et Tamer. Désormais, les formalités seront effectuées à bord du charter par un policier égyptien qui accompagnera les touristes algériens à partir d'Alger. “C'est une première. Nos touristes n'auront qu'à récupérer leurs bagages à l'arrivée pour rejoindre l'hôtel”, a affirmé M. Djebbari qui se réjouit du traitement que les Egyptiens ont réservé aux Algériens. En dix jours seulement, nos touristes ont eu à découvrir les merveilles, dont deux classées parmi les merveilles du monde (pyramides et le phare d'Alexandrie). Aujourd'hui, l'Egypte veut tourner le dos au terrorisme. Aux multiples menaces qui pèsent sur le Proche-Orient vu sa situation géostratégique. Aujourd'hui, l'Egypte veut faire coïncider ses efforts avec ceux des pays émergents pour aller de l'avant. Le tourisme ? L'Egypte en connaît quelque chose. Dans ce merveilleux pays, on ne compte que sur la prospérité. F. B. Destination Charm El Cheikh La tension internationale, les taxes et le reste Première source de revenus, le tourisme a failli “crasher” en janvier dernier. Malgré les tensions internationales, les attentats répétés dans les pays du Moyen et du Proche-Orient, les vacanciers ont plébiscité les rives du Nil et de la mer Rouge en 2004. L'Egypte craignait le pire. Et cette tendance allait s'amplifier avec le crash du Boeing 737 de la compagnie charter Flash Airlines, le 3 janvier dernier, faisant 148 morts, dont 133 Français. La thèse de l'accident étant vite confirmée, la tendance s'est alors inversée. Fin janvier, on annonce les chiffres de 2003 : en accueillant 6,4 millions de visiteurs, l'Egypte a suffisamment amélioré son record en la matière (5,2 millions en 2000) grâce à une forte hausse du tourisme balnéaire et surtout du nombre de visiteurs arabes des pays du Golfe (plus de 40% du total). On promet d'atteindre les 10 millions de visiteurs entre les sites balnéaires, les musées et les 80 pyramides que compte le pays des pharaons. Venant d'Italie, d'Allemagne, de Russie, d'Espagne et de plusieurs pays arabes, le nombre de touristes ne cesse d'augmenter. On signale très peu d'annulations. Mieux, on affiche souvent complet dans les hôtels. Avec 70 avions et le concours des 7 compagnies charters privées, le tourisme égyptien est devenu plus concurrentiel que jamais. Rien qu'à Charm El-Cheikh, on assiste à un ballet aérien durant les journées de mercredi (arrivée à partir des pays arabes) et de dimanche (arrivée à partir des pays européens). On signale entre dix et quinze arrivées par heure. Mais revers de la médaille : trop de taxes tuent la taxe et font fuir le client de certains produits touristiques. Selon une étude rendue publique récemment en Egypte, le tourisme culturel a chuté de 17 %, alors que le taux d'exploitation des services dans le volet divertissement est de l'ordre de 68 %. Jugeons-en : 10% de taxes sur le produit et 12 % de taxes sur le service donnent lieu à une augmentation de 22 % sur un seul produit. Tout récemment, l'Organisation mondiale du commerce a indiqué que l'application d'une taxe de 1,5 % sur un produit fait baisser le flux touristique de 2,5 %. Cela dit, des dispositions ont été prises pour la saison estivale 2004. À titre d'exemple, durant la période allant du 20 juillet au 20 août, Egyptair a réduit de 20 % le prix du billet pour les vols domestiques et de 50 % pour les vols internationaux. Les clients auront droit à des réductions assez importantes pour tout achat dépassant 500 livres égyptiennes contre 4 000 livres égyptiennes en 2003. Autant de facilités mises en vigueur pour drainer le maximum de touristes et les fidéliser. Des rabais sont aussi prévus pour les moyennes et basses saisons sur tous les produits touristiques. F. B.