Au moment où certains experts s'attendent à une baisse de la facture des importations à partir de janvier 2010, d'autres sont convaincus que les importations ne baisseront pas tant que les dépenses publiques demeureront élevées. La facture des importations a connu une légère hausse au cours des dix premiers mois de 2009 pour atteindre un volume global de 32,60 milliards de dollars contre 32,52 milliards de dollars réalisés durant la même période de 2008, soit une augmentation de 0,25%, a indiqué le Centre national de l'informatique et des statistiques (Cnis). L'expert international Abdelmalek Serrai pense que l'impact des différentes mesures prises par le gouvernement dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009, promulguée en juillet dernier, ne se fera sentir que dans quelques mois. Il explique que la LFC 2009 a été adoptée alors que des commandes ont été déjà faites quelques mois auparavant. Un regard devra être porté sur la facture après la mise en application de cette loi. D'ailleurs, une liste de produits non éligibles au financement bancaire a été définie, a-t-il annoncé, s'attendant à un recul de la facture suite à l'application de cette liste sélective. De son avis, il serait plus judicieux de renforcer le contrôle des produits importés, surtout lorsqu'il s'agit des importations inutiles ou carrément dangereuses pour la santé publique, comme les produits chimiques non conformes aux normes, les fertilisants interdits en Europe ou les cosmétiques contrefaits. Sachant que l'Algérie est mono-exportatrice, il est inadmissible que le montant des importations soit semblable à celui des exportations, a-t-il alerté, invitant les chambres de commerce à organiser des rencontres avec les importateurs pour les inciter à revoir la liste des produits importés. Certains constituent un danger, surtout lorsqu'il s'agit de pièces de rechange contrefaites, ce qui justifie, selon lui, la récente mesure interdisant l'importation de la pièce de rechange des véhicules non fabriquée dans le pays d'origine. L'assainissement de la liste des importateurs devra être poursuivi. 4600 importateurs non identifiés «Jusqu'à septembre dernier, 4600 importateurs non identifiés ont été bloqués par le ministère du Commerce», a-t-il avancé. Il faudra également mettre un terme au transfert illégal des devises engendré par les surfacturations des importations. Pour sa part, l'économiste Abderrahmane Mebtoul s'attendait au maintien, voire à la hausse de la facture des importations. Son argument est lié aux «dépenses publiques qui sont élevées». Il ne s'attend pas à ce qu'il y ait un impact des mesures de la LFC 2009, car «le gouvernement s'est trompé de cible». En l'absence d'une production locale intégrée, le défi de l'Algérie restera le passage à une production hors hydrocarbures. Seules la «valorisation du savoir et la bonne gouvernance» peuvent renverser la tendance, a-t-il conclu. A propos de la suppression du crédit à la consommation, M. Mebtoul a relevé que «ce n'est pas les ménages qui influent sur la facture d'importation des véhicules». Il en veut pour preuve la valeur des véhicules importés qui a grimpé à 222,1 milliards, au cours des dix premiers mois de 2009, contre 205,7 milliards de DA au cours de la même période de 2008. En attendant un impact réel des différentes dispositions prises par le gouvernement, l'importation des véhicules a sensiblement baissé en volume, soit 18,09% au cours des dix premiers mois de 2009. Au cours de cette dernière période, l'Algérie a importé 228 520 véhicules contre 278 996 unités durant la même période de l'année écoulée, indique le Centre national de l'informatique et des statistiques (Cnis) relevant des Douanes algériennes.