C'est une véritable bombe dans le milieu déjà mouvementé du football que vient de lancer l'international zambien Christopher Katongo. Dans une déclaration faite à un quotidien arabophone, il soutient que les Egyptiens avaient acheté le match qu'ils avaient disputé en Zambie contre son équipe nationale. L'aveu peut paraître tardif puisque la phase de qualification à la Coupe du monde est achevée et c'est l'Algérie qui a pu obtenir son billet pour l'Afrique du Sud mais on sait que la Fifa ne tolère pas que le sport qu'elle gère soit entaché par des actes de cette sorte. Selon le joueur du club allemand d'Arminia Bielefeld, certains de ses coéquipiers, le jour de match Zambie-Egypte, étaient comme léthargiques. «Il n'y avait aucune volonté, aucune hargne, beaucoup de joueurs abusaient de dribbles et se faisaient subtiliser le ballon facilement», a-t-il dit, ajoutant qu'ils «ont fait tout ça pour faciliter la tâche aux Egyptiens et ils ne l'ont pas fait gratuitement». Il explique que les Egyptiens avaient cru au départ de la phase des qualifications que celle-ci n'allait pas constituer un gros problème pour eux. «L'erreur des Egyptiens, c'est d'avoir vendu la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Lors de notre premier match, ils étaient tellement sûrs de nous écraser et d'aller en Coupe du monde qu'ils tombaient de haut à la fin du match.» Rappelons que lors de leur match inaugural de cette phase, les Egyptiens sur leur terrain avaient été surpris par une étonnante équipe zambienne qui avait dominé la leur et lui avait imposé le match nul (1-1). Ce résultat avait eu son importance pour un onze égyptien qui avait calé d'entrée de jeu et avait fait les affaires de l'équipe d'Algérie qui avait, elle, obtenu le match nul en déplacement au Rwanda. Des Pharaons affolés Il semblerait que les Egyptiens ont été désemparés par cet échec. Ils auraient cédé à l'affolement après leur défaite, à Blida, contre l'Algérie sur le score de 3 buts à 1. Comme ils avaient fait de la qualification au Mondial un objectif primordial, ils ont peut-être été tentés d'user de pratiques que la morale sportive réprouve pour atteindre leur but, si l'on en croit les soupçons de Christopher Katongo : «Personnellement, je voulais gagner ce match (Zambie-Egypte du retour) pour éviter tous les calculs mais des choses bizarres se sont passées et qui ont fait que l'Egypte a pu gagner ce match.» Il ajoute qu'il est heureux que la Zambie ait fini par se qualifier à la CAN. «Si on ne l'avait pas fait lors du dernier match au Rwanda, le football zambien aurait été éclaboussé par une crise sans précédent à cause de cette affaire.» En tout cas, pour Christopher Katongo, la qualification de l'Algérie pour la Coupe du monde était parfaitement logique. «L'Algérie n'a pas volé sa qualification en Coupe du monde et je suis convaincu que les Algériens seront les dignes représentants de l'Afrique en Afrique du Sud», a-t-il précisé. Il reste que ces aveux doivent être prouvés. Il ne suffit pas qu'un joueur accuse un pays d'avoir soudoyé certains de ses coéquipiers en sélection pour le croire sur parole. La balle est désormais dans le camp de la Fifa qui se doit de faire toute la lumière sur cette affaire. Il y a des règles de l'éthique auxquelles l'instance de Zurich est attachée, notamment celles se rapportant à la lutte contre la corruption. Christopher Katongo sera certainement appelé à comparaître devant la commission de l'éthique de la Fifa dans laquelle siège un Algérien, le président de la Ligue nationale de football, Mohamed Mecherara. Ce dernier ne pourra cependant pas prendre part aux travaux relatifs à cette question compte tenu du climat très tendu qui existe dans les relations sportives entre l'Egypte et l'Algérie. Et si les Zambiens ?… D'autre part, il n'est pas dit que les autorités zambiennes vont rester les bras croisés. Elles aussi voudront connaître les dessous d'une affaire qui risque d'éclabousser le football de leur pays si la Fifa parvient à une conclusion défavorable à ce dernier. S'il est prouvé que le match Zambie-Egypte ne s'est pas joué dans des conditions régulières, nous pourrions, nous Algériens, remuer le couteau dans la plaie et nous demander si l'arbitrage d'un certain Guinéen lors du match Algérie-Rwanda, où ce sieur s'était permis de fermer les yeux sur une action où le ballon avait franchi la ligne du but rwandais d'un bon demi-mètre à la suite d'un tir d'un joueur algérien. Cet arbitre avait affiché une malhonnêteté manifeste à l'égard des Algériens, mais nous n'avions aucune preuve qu'il ait été touché par une partie extérieure aux deux équipes en présence. Aujourd'hui, avec les déclarations de Christopher Katongo, cet épisode de l'arbitrage de ce Guinéen pourrait refaire surface.