Le 1er décembre, la journée internationale de lutte contre le sida est l'occasion de faire le point sur la situation de l'infection VIH et du sida en Algérie. Bien que notre pays soit considéré comme un pays à faible incidence (0,1%), il rassemble, cependant, tous les ingrédients pour une extension de l'épidémie. Selon le président du comité national de lutte contre le sida, en l'occurrence le Pr Drif, l'absence d'une politique globale intégrée d'information en direction des populations vulnérables, l'indisponibilité du préservatif et surtout l'absence de sa promotion auprès des jeunes et l'insuffisance du dépistage et de sa promotion alimentent l'épidémie qui croit lentement mais sûrement. Malgré cela, le Pr Drif a précisé dernièrement que «sur le plan de la prise en charge du traitement des malades, on peut dire que l'Algérie a été à l'avant-garde des pays africains, maghrébins et arabes. A ce jour, plus de 1200 malades ont été traités et suivis sur le plan biologique gratuitement». Cependant, il est à indiquer que les cas déclarées par le laboratoire national de référence LNR de 1985 au 31 octobre 2008 sont : 878 cas de sida dont 41 pour l'année 2008 et 3416 séropositifs dont 506 pour l'année 2008. Le nombre de décès s'élève à 300. Le traitement antirétroviral disponible Le traitement antirétroviral a bouleversé le cours de cette maladie, car un certains nombre de nouveaux médicaments ayant une activité supérieure, plus facile à prendre et ayant des propriétés pharmacologiques plus favorables et actifs sur le virus sont régulièrement mis sur le marché de l'avis du Dr Abdelmadjid Lacheheb, chef de service des maladies infectieuses au CHU de Sétif qui ajoute que «le traitement antirétroviral ne peut éradiquer le virus, néanmoins, il limite l'émergence de virus résistants et retarde la progression clinique vers le stade sida en plus, il allonge la survie des malades et évite les infections opportunistes». Le spécialiste explique «deux traitements biologiques sont actuellement indispensables pour la mise en route et la surveillance d'un traitement antirétroviral : la mesure de la charge virale et le taux des lymphocytes TCD4». Quant à la surveillance clinique et biologique, le Dr Lacheheb indique «une fois le traitement institué, le patient doit être revu régulièrement afin de s'assurer de la bonne compréhension du traitement». Il est à rappeler que l'EHS El Hadi Flici a été le premier centre à avoir utilisé le traitement antirétroviral et cela depuis 1998. Actuellement, les antirétroviraux sont disponibles dans tous les centres de référence (CDR) de prise en charge des IST/VIH/sida à Alger, Oran, Constantine, Béchar, Annaba, Sétif, Tamanrasset… et leur utilisation obéit au dernier consensus national de 2006. A quand le conseil national de lutte contre le sida ? Il a été décidé la création du conseil national de lutte contre les IST/VIH/sida rattaché au premier ministère ou à la présidence de la République et regroupant des représentants de tous les ministères, le secteur privé et la société civile avec un siège permanent, un budget et un programme sectoriels, une évaluation régulière, une décentralisation des activités au niveau des wilayas. Malheureusement, ce projet validé par un expert de l'Onusisa sollicité pourtant par la direction de la prévention au ministère de la Santé et de la Population n'a jamais vu le jour. Pourtant selon le Pr Drif «il est plus qu'urgent de mettre en place le conseil national qui adopte le programme national de prise en charge de l'infection VIH et surtout de prévention. Notre pays ne doit pas attendre que l'endémie atteigne des niveaux qui la rendront ingérables et extrêmement coûteuses ". En conclusion, depuis plus de 29 ans, des progrès considérables ont été enregistrés grâce à la prise en charge médico-sociale actuelle, mais le diagnostic tardif n'arrange pas les choses pour cela le seul moyen préconisé reste la prévention qui est l'affaire de tous.