La séroprévalence de l'infection VIH chez l'adulte est de 0,07%. Avec un tel taux, l'Algérie se retrouve donc la plus durement touchée par l'épidémie dans le Maghreb : deux fois plus que nos voisins ! L'enquête, menée à Tamanrasset par la fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem), a montré que “les jeunes restent sous-informés” et que “le risque d'aggravation de la maladie du sida est présent”. Ce constat a été établi, hier, par le président de Forem, Mostefa Khiati, lors d'un forum sur le sida, organisé à la salle de conférences d'El Moudjahid. La rencontre a été l'occasion pour la fondation de communiquer des résultats de son enquête, qui a été réalisée au cours de la 2e quinzaine d'octobre 2004 et qui a touché 461 lycéens et 68 étrangers résidant dans la région de Tamanrasset. “L'enquête nous a permis surtout d'évaluer le degré de sensibilisation et donc la pertinence des actions menées sur le terrain”, a déclaré M. Khiati, en insistant sur la nécessité d'“aller vers les gens” et de “diffuser le maximum d'informations” sur le sida. L'enquête en question révèle que 90% des lycéens sont âgés entre 16 et 20 ans, avec 56% de sexe masculin. 95% des interviewés disent connaître ce qu'est le sida. 83% pensent qu'il y a une relation entre cette maladie et la drogue : 90% des lycéens de Tamanrasset affirment aussi connaître les modes de contamination et de prévention. Pourtant, ils exigent “plus d'information, de prévention, d'amélioration des conditions sociales” et préconisent notamment, “une prise en charge, des malades et la gratuité des préservatifs”. L'enquête sur l'infection VIH/sida dans les milieux de la population clandestine de Tamanrasset, première ville du pays en matière de prévalence, quant à elle, montre que 85% des étrangers sont âgés entre 18 et 28 ans. 63% de la population clandestine sont originaires du Niger et du Mali et 73% vivent dans de “très mauvaises” conditions de vie. 78% des interviewés n'ont pas de “connaissances précises” sur l'infection et 70% d'entre eux ne connaissent pas les moyens de prévention. Les personnes, approchées par les enquêteurs demandent une information accessible en matière de mode de contamination et de prévention. Elles souhaitent, en outre, pouvoir bénéficier d'une prise en charge thérapeutique. La maladie du sida a déjà tué plus de 20 millions de personnes et les professionnels de la santé estiment que 34 à 46 millions de personnes vivent, aujourd'hui, avec cette infection. Lutte contre l'infection VIH/sida en Algérie La réalité algérienne est comme suit : à la fin septembre 2004, 635 malades du sida et quelque 1 650 séropositifs. C'est juste “une partie visible de l'iceberg”, puisqu'on peut être infecté sans le savoir. Plusieurs enquêtes menées en Algérie ont dévoilé que ce pays est à “faible prévalence”. Selon l'OMS, la séroprévalence de l'infection VIH chez l'adulte est de 0,07%. Avec un tel taux, l'Algérie se retrouve donc la plus durement touchée par l'épidémie dans le Maghreb : deux fois plus que nos voisins ! Les caractéristiques épidémiologiques des cas de sida déclarés (635 cas) indiquent que 70% des personnes atteintes sont de sexe masculin et 30% de sexe féminin. La tranche d'âge sexuellement active des 20-49 ans est la plus atteinte et représente 80% des cas. Pour les cas contaminés dans notre pays, c'est la “voie hétérosexuelle” qui prédomine, alors que ceux contaminés à l'étranger sont partagés entre la toxicomanie et la voie sexuelle. Pour la 1re fois, l'Algérie bénéficie d'une aide de “Global Fund” pour faire bénéficier tous les malades d'un traitement antirétroviral et, comme le souhaitent certains, pour dynamiser “l'action associative” pour une meilleure prise en charge des malades, sur les plans psychologique, social et culturel. La Forem, agréée en décembre 1990, est une association (ONG) qui active dans le domaine scientifique et humanitaire ; regroupant des médecins, psychologues, sociologues, enseignants, et tous ceux intéressés par “la santé de l'homme”. Le programme de la fondation, consacrée à la journée mondiale de lutte contre le sida, comprend outre le forum d'El Moudjahid, l'édition du livre L'infection VIH/sida : l'expérience algérienne et la publication d'un numéro spécial de santé plus sur la maladie, d'autres activités programmées : conférences dans 20 lycées de la capitale prévues pour aujourd'hui à 14h, une conférence sur l'infection VIH/sida à la faculté de Kharrouba le 2 décembre et la réalisation d'enquêtes dans le milieu des jeunes. La Forem compte inaugurer, le 10 février prochain, à Ouargla, son centre d'information et de dépistage anonyme et gratuit du VIH/sida. Elle procédera prochainement (en janvier 2005) à l'inauguration d'un espace éducatif à Ménéa. Comme on le constate, la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche attache une importance particulière à la population juvénile, car la maladie du sida “est actuellement l'un des principaux problèmes de la jeunesse algérienne”. La situation, même si elle n'est pas aussi dramatique que certains pays, notamment en Afrique, demeure préoccupante et risquerait de s'aggraver “si la société algérienne dans son ensemble ne réagit pas contre ce fléau”. H. A.