Cette fin de cette semaine sera marquée par un évènement important, à savoir la tenue de la réunion tripartite gouvernement, UGTA et patronat. Une rencontre qui continue de susciter un intérêt particulier dans la mesure où elle permet de relancer le débat sur la dégradation du pouvoir d'achat des travailleurs algériens. Quoi qu'il en soit, même si la tripartite reste un rendez-vous facultatif pour certains, cette réunion va se tenir et beaucoup de questions d'ordre social et économique feront l'objet de débats par les parties concernées. A quelques jours de la tenue de ce rendez-vous, l'ordre du jour de la réunion n'a toujours pas été arrêté. Ce qui est certain pour l'heure, c'est la revalorisation du salaire national minimum garanti (SNMG), fixé depuis 2007 à 12 000 DA. Le principe de la révision à la hausse de ce salaire n'a pas fait l'objet de discorde entre les différentes parties, surtout que cette décision a été annoncée par le chef de l'Etat lors de la compagne électorale d'avril. Les trois parties auront juste à définir le montant de cette augmentation qui touchera aussi bien le secteur privé que public. C'est d'ailleurs la question qui inquiète un peu les patrons du secteur privé qui émettent des réserves sur le montant de la hausse et du prochain Snmg. 230 milliards alloués par le gouvernement Quoique la question semble déjà tranchée dans le secteur public, puisqu'une enveloppe de 230 milliards de dinars a été allouée par le gouvernement dans le cadre de la loi de finances 2010 pour mettre en œuvre la décision qui sera prise le 3 décembre. Beaucoup d'acteurs économiques, politiques et syndicaux ont annoncé des montants du prochain Snmg qui doit, selon eux, couvrir les besoins de la famille en tenant compte de la cherté de la vie et des prix des produits actuellement appliqués. Retenant parmi les propositions faites celle de la centrale syndicale qui a suggéré 18 000 DA, celle du MSP ayant proposé 20 000 DA et celle du Parti des travailleurs qui réclament un Snmg à 30 000 DA. Ceci étant, aucun montant n'a été encore avancé par les trois parties qui estiment que sa fixation sera soumise aux négociations qui auront lieu durant les deux jours. Beaucoup d'autres questions relevant de la situation socioéconomique du pays seront également débattues, comme cela a été souhaité par les organisations patronales. Les autres propositions formulées par le gouvernement concernent notamment le dossier des mutuelles des travailleurs, les allocations familiales, la retraite. Les organisations patronales revendiquent, quant à elles, l'évaluation du pacte économique et social, et la révision de l'environnement de l'entreprise algérienne. Un point qui touchera des aspects sensibles relatifs notamment aux dispositions et mesures économiques et leurs impacts sur la PME. Un contexte particulier La 13e tripartite intervient, il faut le rappeler, dans un environnement marqué par un durcissement de la réglementation régissant le marché national. Ces mesures, même si elles sont destinées aux entreprises étrangères et visent la protection de l'économie nationale, elles ont touché, de façon directe même, les entreprises algériennes. Ces dernières trouvent des difficultés à s'adapter aux nouvelles règles du marché et éprouvent d'énormes difficultés à réaliser des performances et à améliorer leur compétitivité. Notons également le contexte international marqué par les conséquences lourdes de la crise économique internationale qui sont ressenties par les pays en voie de développement. Si les organisations patronales ont imposé les questions relatives à l'environnement de l'entreprise algérienne, cela ne découle pas d'un simple hasard mais de la nécessité de protéger cette entité économique d'un véritable désastre qui la guette. Il est également question de débattre la possibilité de faire de cette conjoncture de crise une opportunité pour relancer certaines filières qui sont déficitaires. La treizième tripartite, comme la précédente, fera l'impasse sur des sujets importants qui occupaient l'essentiel des droits des travailleurs ayant toujours réclamé d'ouvrir un débat. Des points éludés Il s'agit, entre autres, de l'abrogation de l'article 87 bis de la loi 90-11 d'avril 1990 relative aux relations de travail. L'annulation de cet article permet une redéfinition du Snmg et une autre vision du calcul du salaire de base, des primes et des indemnités accordées aux travailleurs. Cette question est du ressort de la centrale syndicale qui refuse d'inclure ce point dans l'ordre du jour de la tripartite, comme cela a été fait en 2006. Sans la révision de cet article, la revalorisation de Snmg reste vaine et sans conséquences sur le pouvoir d'achat des citoyens, qui est à chaque fois rattrapé par le taux important d'inflation en plus de la déperdition de la valeur du dinar. L'abrogation de cet article obligera également les patrons des entreprises à appliquer les hausses décidées du Snmg. Dans la mesure où beaucoup de fonctionnaires ne bénéficient pas de cette hausse et continuent de percevoir un salaire de base inférieur à celui convenu. La 13e tripartite se tient dans un contexte marqué par une ébullition du front social. Des grèves et des rassemblements en guise de protestation contre la vie sociale et économique de la couche des travailleurs sont organisés dans divers secteurs. Initiés par les syndicats autonomes, ces mouvements de contestation visent à faire valoir les revendications mais aussi à dénoncer l'écartement de ce front social des négociations qui ont lieu dans le cadre de la tripartite. Les syndicats autonomes tentent, depuis plusieurs années, de pénétrer cet espace de dialogue et de concertation, à travers lequel ils visent à exposer leurs problèmes et à négocier dans un cadre plus officiel et direct, étant donné que la satisfaction de plusieurs revendications posées par les syndicats ne se trouvent pas entre les mains du gouvernement et ne dépendent pas uniquement des départements ministériels et de la direction générale de la fonction publique.