Le conseil national des enseignants contractuels (Cnec), affilié au Snapap, a encore une fois organisé un rassemblement devant la chefferie du gouvernement pour exiger l'intégration de plus de 40 000 contractuels recensés à travers le territoire national. Incités par l'indifférence du ministère de l'Education, les contractuels ont décidé de reprendre le combat syndical afin d'arracher leurs droits, notamment «la régularisation de la situation de 40 000 enseignants contractuels activant sur le territoire national et leur intégration quelle que soit leur spécialité, le versement des salaires non payés depuis trois ans et bénéficier des primes de documentation et de qualification». Le rassemblement a failli, cependant, tourner au drame. Des images choquantes et des scènes bouleversantes auxquelles nous avons assisté hier. Des enseignants réprimés et sauvagement traînés vers les voitures de police. Le rassemblement pacifique qui a regroupé pas moins de 200 contractuels venus de 48 wilayas a subitement pris une autre tournure, lorsque les renforts des services de l'ordre ont rejoint leurs collègues pour disperser la foule. Rien à faire, les enseignants qui demandent «leurs droits légitimes» étaient déterminés. Refusant de quitter les lieux, ils demandaient l'intervention du président de la République d'une seule voix : «On demande notre intégration», «annulation du concours», criaient les enseignants, refusant d'abdiquer devant la matraque. Sous la menace des policiers qui les ont empêchés d'avancer vers le palais, leur colère devint plus vive. ils ont demandé la libération de leurs camarades. Les policiers, de leur côté, essayaient de calmer les esprits en leur demandant de ne pas dépasser le périmètre qui leur était réservé, mais le mal était déjà fait. Les policiers sont de plus en plus nombreux. Les enseignants demandent à l'une de leurs collègues enceinte de se retirer pour éviter les bousculades. Les grévistes qui ont dû recourir à cette ultime forme de protestation après avoir épuisé toutes les voies du dialogue réclament «la titularisation des enseignants contractuels après une année d'exercice, la réintégration de ceux révoqués abusivement et leur réintégration dans leurs fonctions». Interrogé sur le rejet du concours, les enseignants contractuels ont affirmé que les résultats du concours de recrutement seront truqués, comme cela a été le cas auparavant. «Benbouzid n'a pas trouvé mieux pour se débarrasser de nous», explique Leila, qui ajoute que «le nombre de postes budgétaires disponibles dans le primaire, à titre d'exemple, est de 140, alors que le nombre de participants au concours est de 3000. Les années de travail ne sont pas prises en considération». Selon la même intervenante, le problème des contractuels aurait pu être réglé si la loi avait été appliquée, soit «l'intégration des contractuels après une année de service». Pour conclure, leila s'interroge sur le comportement du premier responsable de l'éducation : «Benbouzid ne cesse de nous mener en bateau. Tantôt il nous oriente vers la Fonction publique, tantôt vers le Palais du gouvernement. Et pour finir, il décide que notre dossier ne dépend pas de son département mais de la présidence !» Par ailleurs, il y a lieu de rappeler que la plupart des concernés ne perçoivent leur salaire qu'une fois par an. Les contractuels de la wilaya de Béjaïa n'ont, quant à eux, pas perçu leurs salaires pendant plus de trois ans. Fatigués et dégoûtés par l'indifférence de la tutelle, les contractuels ont quitté les lieux après avoir protesté pendant trois heures, tout en promettant de ne pas baisser les bras. Le combat continue.