Après avoir obtenu l'agrément de la Banque d'Algérie le 5 novembre dernier, la Caisse nationale de Mutualité agricole (CNMA-Banque) s'est convertie en établissement financier en application d'une décision prise lors d'une assemblée générale extraordinaire tenue jeudi dernier à Alger. A partir de 2010, le nouvel établissement financier va prendre la forme d'un Crédit mutuel rural regroupant une coopérative d'épargne dont les adhérents seront les agriculteurs et les opérateurs du monde rural. En transformant son statut, la CNMA pourra probablement lancer le micro- crédit mutuel rural à partir du deuxième semestre 2010, comme l'avait prévu son directeur général, Kamel Arba. Mais la réussite de ce projet reste tributaire de l'adhésion des intervenants du monde agricole et rural. Le montant des micro-crédits mutuels ne dépassera pas les vingt à trente millions de DA, nous avait révélé Kamel Arba qui nous avait annoncé des allégements de procédures d'octroi de crédit. Ce responsable est revenu, dans une déclaration à l'Aps, sur la transformation du statut de cette caisse qui a été décidée afin de se mettre en conformité avec le règlement du Conseil de la monnaie et du crédit (CMC). Ce dernier avait décidé, en décembre 2008, d'augmenter le montant du capital minimum requis des banques et établissements financiers, afin de renforcer les règles prudentielles et stimuler les crédits à l'investissement à moyen et long terme. Ce règlement du CMC avait fait passer le capital minimum des banques et des succursales de banques à 10 milliards DA contre 2,5 milliards DA auparavant, tandis que celui des établissements financiers et des succursales d'établissements financiers est passé à 3,5 milliards de dinars contre 500 millions DA. La CNMA bank se transformant en Caisse mutuelle rurale (CMR) devra, à cet égard, porter son capital à 3,5 milliards de DA avant le 23 décembre 2009 du fait qu'elle a opté pour le statut d'établissement financier. Reprenant sa vocation initiale, la Caisse regagnera le monde agricole et rural après l'échec avéré de la banque. En effet, créée en janvier 2006, la CNMA-Banque «n'a pas été à la hauteur des espoirs placés en elle de devenir un outil de financement de l'activité agricole, mais bien plus encore, elle a engendré un grave préjudice financier qui se chiffre à 19,4 milliards de DA», avait reconnu son premier responsable il y a quelques mois. Il a expliqué cela par le lourd portefeuille de crédits impayés hérité de la CNMA mère, qui s'est retrouvée avec un actif net négatif de 15 milliards de DA, entraînant la nomination par la Banque d'Algérie d'un administrateur. Les anciennes créances de la CNMA «se sont révélées contraires à la loi dans la mesure où elles résultent de relations d'affaires entre la banque et ses actionnaires, ce qu'interdit la loi sur la monnaie et le crédit», avait reconnu Kamel Arba. Suite à sa situation désastreuse, la banque n'octroyait plus de crédits et continuait uniquement d'assurer d'autres prestations (recouvrement de chèques, dépôts et retraits d'argent). Prochaine ouverture de nouvelles agences
Pour pouvoir passer au statut de caisse mutuelle, la CNMA sera assistée par des bureaux d'études et d'engineering spécialisés «dans le financement des projets agricoles et ruraux, alors qu'auparavant, la CNMA Banque était ouverte à tout le monde», a souligné Kamel Arba, dans une déclaration à l'Aps. Des assemblées générales seront également tenues au courant de l'année 2010 lors desquelles sera fixée la part de chaque adhérent à 20 000 DA minimum. Outre l'adhésion des agriculteurs, la CNMA compte sur les opérateurs «qui orbitent autour de l'agriculture et du monde rural tels que les industriels agroalimentaires pour prendre des souscriptions au niveau de cet établissement financier», a fait savoir M. Arba. Pour couvrir tout le territoire national, la CNMA compte ouvrir, avant la fin de l'année 2009, trois nouvelles caisses régionales à Tamanrasset, Naâma et El Bayadh qui s'ajouteront aux 62 caisses régionales en activité, en plus des 340 bureaux locaux. Deux autres caisses seront inaugurées au courant du 1er semestre de l'année 2010 à Illizi et Tindouf, avance M. Arba. Pour rappel, la place bancaire algérienne compte actuellement 9 banques et établissements financiers publics, 17 banques et établissements financiers à capitaux mixtes à prédominance internationale, une banque off-shore algéro-libyenne, une Caisse de garantie des marchés publics (CGMP) et une Caisse de garantie des exportations (CAGEX).