En mal de visibilité médiatique depuis une bonne quinzaine d'années, le football algérien se déploie à «pleines colonnes» dans les médias internationaux. La qualification au Mondial 2010 lui a taillé quelques espaces aux accents positifs. Le tirage au sort l'a fixé dans le statut d'acteur à même de jouer les trouble-fête. La presse parisienne a donné le ton dans ses éditions d'hier. A commencer par L'Equipe. Entre «la main heureuse» profitable aux Bleus et le duel Bordeaux-PSG, le quotidien sportif a choisi d'ériger les Verts au menu de sa une. Vu de Paris, le séjour des Algériens au pays de Nelson Mandela ne sera pas réduit à un exercice de figuration. C'est la conviction du premier quotidien sportif du monde. Qui l'exprime au moyen d'un titre-exergue : «L'Algérie a un bon coup à jouer». Des trente-deux pays qualifiés, l'Algérie est le seul participant – en dehors de la France – à susciter un jugement de valeur en «une» du journal. En cahier central, les Verts s'arrachent presque la moitié d'une page, surmontée d'un titre à gros caractères : «L'Algérie y croit». En découdre avec Rooney et Beckham, c'est grandiose Hervé Pénot, l'un des journalistes de la rubrique football, se fait l'écho des déclarations glanées par le desk auprès des «Européens» de la sélection. «En dépit d'un tirage difficile, les Fennecs pensent pouvoir passer en huitièmes de finale». De Yacine Bezzaz (Strasbourg) à Antar Yahia (Bochum) et de Yazid Mansouri (Lorient) à Bouguerra (Glasgow Rangers), tous brûlent d'envie de se lancer dans l'arène. Le premier est impatient à l'idée d'en découdre et de vivre enfin un rêve d'enfant. «On est peut-être dans le groupe le plus difficile mais, pour nous, c'est formidable. D'habitude, les Coupes du monde, on les regarde à la télévision… Alors, rencontrer les Rooney, Beckham, ça va être grandiose». Privés de Mondial depuis 1986, les Algériens s'installent par anticipation dans l'ambiance du Mondial. Le rendez-vous sud-africain prend, à leurs yeux, l'allure d'un «incroyable défi». Et pour cause ! «L'Algérie, tombée très bas sur l'échiquier africain, a remonté ce courant contraire grâce à Saâdane, vieux loup de mer à la came épaisse», explique le journal sportif. Avec ses caprices légendaires, le tirage au sort aurait pu accoucher d'un inédit Algérie-France. Ce scénario tant redouté n'a pas eu lieu, au grand soulagement des supporters de l'équipe de France. Damien Degore, l'un des envoyés spéciaux de L'Equipe à Cap Town, s'en fait l'écho. Les Bleus évitent les Verts et leur défi compliqué Morceau choisi de son envoi : «Non seulement les Bleus évitent les nations majeures, mais ils s'épargnent aussi les grosses sélections africaines, comme la Côte-d'Ivoire et le Cameroun, ainsi que des retrouvailles avec l'Algérie et la Corée du Sud, qui avaient tout l'air de défis compliqués». Le Parisien n'est pas en reste. Connu pour sa relation de proximité avec les Algériens de France, le plus populaire des journaux de l'Hexagone s'intéresse, lui aussi, au tirage des Verts. Le titre du groupe Amaury – qui édite France-Football, L'Equipe et organise le Tour de France et le Paris-Dakar – a chargé un de ses journalistes de suivre l'opération au domicile de Yazid Mansouri à Lorient (Bretagne). «L'Algérie et Mansouri y croient», titre Le Parisien, résumant l'état d'esprit du capitaine des Verts. Définitivement délivré de la pression des éliminatoires et baignant dans une ambiance bon enfant, le défenseur au brassard vert et blanc promet de «tirer les cheveux à Becks» ! (David Beckham). «C'est pas mal», dit-il plus sérieusement. Derrière les Anglais, qui sont largement au-dessus, on a un bon coup à jouer. Sans leur manquer de respect, les Américains et les Slovènes sont à notre portée sur un match». Commentaire sobre de l'envoyé spécial du Parisien : «Seuls représentants du Maghreb, Mansouri et les Fennecs vont essayer de tracer leur route» sur le chemin des grands du foot.