«Une journée de sensibilisation sur la sécurité et la santé des gens de mer à la pêche» a été animée hier au niveau de la direction de la pêche et des ressources halieutiques d'Alger dans la commune de Aïn Benian. Ouverte par le ministre, Smaïl Mimoune, la rencontre a vu la participation de plusieurs professionnels du secteur. «Considéré par l'Organisation internationale du travail (Oit) comme étant l'un des métiers les plus dangereux et les plus pénibles au monde», le premier responsable du secteur a affirmé que «depuis 1999, les réformes (entamée en Algérie) s'inspirent des prescriptions et des instruments juridiques internationaux pertinents» dans l'optique d'améliorer les conditions de travail et de vie des pêcheurs. Le ministre pense que «beaucoup reste à faire en matière de formation». En effet, selon des professionnels approchés sur les lieux, la majorité des marins ne savent pas utiliser un équipement nouvellement acquis, et ce, dans le cas où ils arrivent à s'en procurer. Si le ministre a parlé de l'amélioration et la promotion des conditions minimales requises pour le travail à bord, les services, le logement et l'alimentation, la protection, la sécurité et la santé au travail, les soins médicaux et la sécurité sociale, d'énormes obstacles laissent marins et pêcheurs, voire les armateurs, devant des difficultés bureaucratiques et d'organisation difficiles à surpasser, tant que le taureau n'est pas pris par les cornes, juge-t-on. La journée de sensibilisation se rapportant à la sécurité des gens de la mer est louable comme initiative. Les invités activant dans le domaine l'accueillent avec beaucoup d'enthousiasme, d'autant plus que c'est leur vie qui en est proie aux différents dangers subis en haute mer. Toutefois, ils insistent sur la modernisation des chalutiers, la présence d'appareils et d'outils de protection à bord des chalutiers. Des pêcheurs indiquent que «malgré des obligations décrétées par la législation, il se trouve que dans les navires ou sur des chalutiers, le personnel engagé ne porte ni casque, ni bottes, ni gants de protection, ni protecteurs auditifs ou vêtements de travail à flottabilité intégrée». La sécurité des gens de la mer suscite encore les débats et figure parmi les points importants au menu des responsables. Mais les concernés ne partagent pas l'avis des autorités en charge du dossier. Quelques-uns nous ont indiqué que «le secteur de la pêche en Algérie est à l'agonie. Beaucoup de facteurs contribuent malheureusement à l'anéantissement d'une filière. Pourtant, elle réserve d'importantes potentialités d'investissement et de création d'emploi». Aussi, «plus de 85% des pêcheurs travaillent toujours avec du matériel ancien et ne peuvent aspirer à améliorer leurs conditions de travail, et par conséquent, leur situation socioéconomique», témoignent amèrement des marins. La rareté du poisson est provoquée par la pollution et la pêche intensive Au-delà des problèmes de sécurité, des professionnels indiquent que «les ports de pêche dans notre pays ne répondent pas aux normes, que le pays manque cruellement de pêcheries et l'industrie de transformation a presque disparu». Enfin, «les pêcheurs, payés en moyenne de 15 000 à 17 000 DA mensuellement, refusent de signer des contrats à durée indéterminée, pour la simple raison qu'ils espèrent partager le gain d'une importante prise», a signalé un propriétaire de chalutier. Ce vœu ne se réalisera pas de sitôt, puisque, selon des marins, «la pollution et la pêche intensive ont gravement détruit les ressources halieutiques, notamment dans le périmètre des Hauts-Plateaux, qui s'étend de Aïn Benian à Cherchell».