Et si un jour on ne pouvait plus commander de serdine dersa pour déjeuner ? Ce terrible scénario n'est pas pour demain, mais les ressources halieutiques diminuent chaque jour davantage : près de trois quarts des stocks mondiaux sont aujourd'hui exploités à leur niveau maximum, surexploités ou menacés de disparition. Sur sa biomasse, estimée à 600 000 tonnes, l'Algérie a la possibilité d'en exploiter le tiers, à savoir près de 220 000 t, et en est déjà à 180 000. Pour que la sardine ne connaisse pas le sort du mérou ou de l'anchois, aujourd'hui en voie d'extinction, il est urgent de préserver nos ressources. Il en a été question hier, à Aïn Benian, lors de la journée d'information sur la protection des ressources organisée par la direction de la pêche de la wilaya d'Alger. « L'alerte est donnée de partout : 80% de la ressource halieutique vit près des côtes, là où la mer reçoit toutes les pollutions et où l'explosion démographique entraîne de plus en plus de demandes », relève Rabéa Zerrouki, directrice de la pêche et des ressources halieutiques de la wilaya d'Alger. « Ajoutons à cela que nos besoins évoluent : l'Organisation mondiale de la santé recommande une consommation de 8 kilos de produits de la mer par an et par habitant – nous n'en sommes qu'à 5,6 kg – et que même les habitants du Sud veulent désormais manger du poisson. Si nous voulons penser aux générations futures, il faut gérer nos stocks de manière rationnelle. » L'Institut national supérieur de technologie des pêches et de l'aquaculture a, dans ce sens, inclus dans ses programmes des modules spéciaux pour sensibiliser les futurs professionnels. « Les techniciens supérieurs sont par exemple formés à “la pollution et la conservation du milieu marin” ou à “la réglementation maritime de la pêche”, les patrons côtiers suivent un module “environnement” », indique Saïda Amalou, enseignante à l'Institut. Les chercheurs sont également mobilisés. Le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques devrait bientôt acheter un bateau de recherche scientifique destiné à un nouveau recensement de la biomasse en 2010. « Etudier le cycle vital des espèces marines vivantes et les principaux paramètres qui le régissent dont la reproduction, la croissance, l'alimentation nous permet d'évaluer les stocks et leur niveau d'exploitation », explique Azeddine Bennoui, chercheur au Centre national de recherche et de développement de la pêche et de l'aquaculture. « L'objectif étant d'émettre des avis sur la taille des individus à capturer, les zones où pêcher, les types de filets à utiliser, etc. » Et pour contrôler les activités, le ministère projette aussi d'instaurer un contrôle des navires en mer par satellite afin de localiser les pêches non autorisées et non réglementées.