La Grèce pourra-t-elle surmonter la crise économique la plus bouleversante de son histoire ? Sa dette évaluée à 300 milliards d'euros cumulée d'un déficit budgétaire datant depuis 1993 a eu des conséquences néfastes sur le vieux continent. Ainsi, l'euro ne cesse de se dégrader et les bourses européennes ont connu une véritable chute. Deux conséquences importantes d'un déficit qui ne cesse de s'accentuer. Les indicateurs économiques relèvent que le déficit économique devrait atteindre 12,7% du produit intérieur brut (PIB) en 2009 et 9,4% en 2010, ce qui est au- dessus de la limite européenne fixée à 3%. La dette publique est attendue à 113% du PIB pour la fin de l'année et 120% en 2010. Cette situation a suscité des réactions virulentes et agressives de la part des différents pays de l'Europe, lesquels ont responsabilisé la Grèce de cette situation. Ça a été notamment le cas de la ministre des Affaires européennes suédoise Cecilia Malmstrm, dont le pays préside l'Union européenne et qui a jugé la situation «très grave». Elle s'est montrée inquiète en affirmant que «c'est une situation difficile, qui demande du temps, du courage politique et des réformes» a-t-elle souligné. Pour elle, «les Grecs savent ce qu'ils doivent faire mais ils sont en difficulté et cela prendra du temps», a-t-elle encore précisé. Elle affirme que ce dossier n'est pas encore présenté de façon officielle à une réunion des dirigeants de l'Europe. Les pays de l'Europe ont demandé à la Grèce d'assainir ses finances publiques. Des engagements fermes ont été pris par le gouvernement de ce pays en vue de restaurer la crédibilité financière du pays et regagner la confiance des marchés. Ces mesures concernent la maîtrise de l'énorme déficit, la restauration de la stabilité des finances publiques et la promotion du développement, comme l'a souligné le Premier ministre grec Georges Papandréou. Il a même été jusqu'à dire que cette crise aiguë menace le pays dans sa propre souveraineté. Des assurances ont émané également du ministre des Finances, Georges Papaconstantinou, qui a affirmé qu'il fera le nécessaire pour que la Grèce retrouve sa crédibilité auprès des pays de l'Europe. De réactions qui interviennent après les sanctions faites la semaine dernière par les agences de notation. Le gouvernement grec a, dans ce sillage, refusé de faire appel à l'aide du Fonds monétaire international (FMI). Il a aussi exclu l'idée d'un effondrement de l'économie de son pays et une faillite imminente qui puisse intervenir de cette crise financière. M. Papandréou a d'ailleurs appelé à une réforme politique qui se résume en des mesures urgentes pour dépasser cette crise. M. Giorgos Papakonstantinou a estimé que son pays a plutôt «un problème de crédibilité qu'un problème de dette car plus personne ne fait confiance aux statistiques officielles. Dans un entretien accordé à un journal allemand, le ministre des finances a affirmé que «nombre de nos problèmes découlent moins des chiffres absolus (du déficit) que du fait que plus personne ne nous croit parce que nos statistiques sont fausses» a affirmé le ministre. «C'est pourquoi nous allons maintenant donner leur indépendance aux administrations responsables des statistiques» a-t-il ajouté. L'Europe refuse l'octroi d'une aide Le Premier ministre grec Georges Papandréou a espéré avoir de l'aide de la part des pays de l'union européenne. «Nous allons régler nos problèmes au sein de l'Union européenne en respectant ses règles. Nous n'avons pas besoin de crédit» a-t-il précisé. L'Etat, selon ses dires, souhaite émettre un nouvel emprunt en janvier, sans que son montant soit encore décidé. «Notre déficit est moindre que celui d'autres pays, comme la Grande- Bretagne ou l'Irlande, et notre endettement global n'est pas le plus élevé au sein de l'UE, même s'il faut reconnaître qu'il le sera presque l'an prochain», a affirmé M. Papakonstantinou. Une demande catégoriquement rejetée. En effet, les pays européens ont refusé d'accorder une aide financière à la Grèce. Une décision prise par Manfred Weber, président de la fédération allemande des banques privées, estimant que c'est à ce pays de prendre ses dispositions et de trouver des solutions. «La Grèce s'est elle-même placée dans cette position difficile du fait de sa politique budgétaire laxiste», a-t-il estimé. De son côté, le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, a affirmé qu'il fait confiance au gouvernement grec pour prendre les mesures audacieuses et courageuses qui s'imposent pour résoudre la crise budgétaire. Ces données ont contraint le gouvernement a mettre en application une série de mesures restrictives pour diminuer les dépenses et rééquilibrer les budgets. Les dernières prévisions faites par le gouvernement parlent de la diminution du déficit public de la Grèce, qui sera de moins de 3% du PIB en 2013 avec une diminution de 2% par an dès 2011, et la dette publique du pays qui commencera à baisser à partir de 2012. Il a indiqué que la dette publique du pays commencera à baisser à partir de 2012. Le Premier ministre a annoncé une série de coupes dans les dépenses publiques. Des réductions de 10% des dépenses de fonctionnement de l'Etat, du budget des primes dans la fonction publique, et des dépenses d'assurances sociales. Il a annoncé la suppression des bonus des dirigeants du secteur bancaire public, un gel des salaires de base supérieurs à 2000 euros dans la fonction publique, un coup de frein aux embauches dans ce secteur en 2010, ainsi qu'une fiscalisation des primes des fonctionnaires. Les mêmes décisions toucheront l'organisation de l'effectif des entreprises publiques qui verront le nombre de membres des conseils d'administration et leurs salaires réduits de 50% et les revenus du capital seront taxés. Les bonus des cadres des banques du secteur privé seront quant à eux fiscalisés à 90% et l'impôt sur la succession et la grande fortune foncière rétabli. Les dépenses militaires seront à la baisse les trois prochaines années, a ajouté M. Papandréou. Le gouvernement lancera également un programme de privatisations et d'exploitation de la propriété foncière de l'Etat. Il a insisté, par ailleurs, sur la nécessité d'établir un pacte social national.