L'Organisation mondiale de la santé a mis en garde contre l'utilisation encore trop fréquente de traitement par monothérapie du paludisme, augmentant la résistance de ce fléau responsable de plus de 860 000 morts en 2008. Dans son rapport 2009 sur le paludisme dans le monde, l'OMS, qui se dit «prudemment optimiste», fait état de progrès tangibles dans le combat contre la maladie provoquée par un parasite transmis par les piqûres de moustique. Quelque 243 millions de personnes ont été touchées dans le monde en 2008, contre 247 en 2006 - dernières données disponibles de l'OMS -, tandis que le nombre de décès a fléchi de 2%, à 863 000 morts contre 881 000 il y a deux ans. Le continent de loin le plus affecté reste l'Afrique (en particulier la République démocratique du Congo avec 89% des décès), avec toutefois une baisse en chiffre absolu de 34 000 décès, grâce notamment à une diminution générale de la mortalité des enfants de moins de 5 ans. Par ailleurs, plus d'un tiers des 108 pays où la maladie est endémique ont réussi à faire baisser de plus de moitié le nombre de cas de paludisme entre 2000 et 2008, surtout grâce à une distribution massive de moustiquaires imprégnées d'insecticides et une amélioration de l'accès aux traitements. Enfin, les engagements financiers internationaux destinés à la lutte contre la maladie sont passés de 730 millions de dollars en 2006 à 1,7 milliard en 2009. Ces améliorations sont toutefois tempérées par deux «menaces majeures pour la réussite de la lutte mondiale : la résistance des parasites aux antipaludiques ainsi que celle des moustiques aux insecticides. «L'utilisation d'une thérapie unique faite d'artémisinine est un des principaux facteurs de la résistance des parasites. Mais alors que l'OMS a appelé à cesser son utilisation, la promotion de monothérapie à l'artémisinine continue dans de nombreux pays», regrette l'OMS. L'organisation recommande désormais le recours à des associations médicamenteuses (ACT), dont l'utilisation «reste à un faible niveau dans la plupart des pays africains». Quelque 41 pays, dont la majorité sur le continent africain, autorisaient toujours fin 2008 la promotion de la monothérapie, déplore l'OMS, en mettant également en cause certains laboratoires pharmaceutiques. Seuls 22 des 68 groupes pharmaceutiques identifiés fin 2008 par l'OMS, avaient déclaré leur intention de cesser de produire et de promouvoir ce traitement tandis que 12 autres avaient déjà arrêté. Mais dans de nombreux pays où la maladie est endémique, le secteur pharmaceutique n'est pas régulé et «les laboratoires ont tendance à ignorer les recommandations de l'OMS», s'inquiète le rapport. Certains - dont l'organisation se refuse à citer les noms - profitent même «des niches» laissées par les plus grands groupes qui ont renoncé à la monothérapie. L'autre sujet d'inquiétude est la résistance des moustiques aux insecticides qui a tendance à s'accentuer ces dernières années. Cet aspect est connu mais encore peu documenté, a reconnu le nouveau responsable du programme de l'OMS sur le paludisme, Robert Newman, lors d'une conférence de presse. «Les effets (de cette résistance) sont plus lents (que ceux de la monothérapie) mais ils ne sont pas moins potentiellement importants sur le long terme», a-t-il mis en garde.