Que se passe-t-il encore dans la filière du ciment ? L'annonce de l'arrivée des premières quantités de ciment importé aux ports d'Alger, d'Oran et de Béjaïa est loin de pouvoir satisfaire la demande exprimée actuellement. Les opérateurs du secteur du BTPH s'accordent à dire que l'importation du ciment n'est en aucun cas la solution préconisée pour mettre fin à la crise perpétuelle que connaît le secteur depuis plusieurs années maintenant. La solution sera, selon eux, dans la réorganisation de la production nationale. «Nous avons constaté une légère amélioration sur le marché depuis quelques jours, mais cela reste insuffisant. C'est une amélioration conjoncturelle qui ne va pas durer très longtemps», a expliqué M. Mezine, président de l'AGEA. Il estime que la demande reste encore trop forte. «La demande pour la finalisation des chantiers en cours est trop importante, ce qui nécessite un approvisionnement continu du marché pour les domaines de l'eau, les travaux publics et le bâtiment dans le secteur public en plus de la demande enregistrée dans le secteur privé», a-t-il encore souligné. Beaucoup de chantiers ont été pendant plusieurs mois à l'arrêt, dira-t-il, et l'arrivée de ces quantités a coïncidé avec l'approche de la période de fermeture des usines de production de ciment locales pour des raisons d'entretien. «Ce qui fait que nous tournons en rond. Déjà que les quantités importées ne suffiront pas pour couvrir les besoins nationaux, en plus, il y a ces arrêts cycliques qui interviennent pour enfoncer la situation. C'est ce qui fait qu'on va, à chaque fois, enregistrer des manques» a-t-il indiqué. Les prix restent toujours élevés Les prix du ciment restent, selon M. Mezine, très élevés sur le marché. Cette importation a eu aussi un effet direct sur les prix appliqués. «Autrefois, c'est la spéculation qui gérait les prix avec une vente massive au marché noir où les prix étaient assez élevés. Quelques jours après le début de la réception des quantités importées de ciment, on constate que le prix est à 1300 dinars le quintal, ce qui veut dire que plus élevé qu'avant», a-t-il expliqué. Les unités locales ont augmenté les prix pour s'aligner sur ce prix-là, alors on a un marché où les prix sont assez élevés» a-t-il encore ajouté. Le sac de 50 kg revient à 300 dinars alors qu'il a été à 200 dinars, soit une augmentation de presque le double. Même opinion exprimée par le président de la fédération du BTPH de la CIPA : «C'est une crise qui se multiplie et qui a triplé depuis l'annonce de l'importation de 1 million de tonnes de ciment en juin dernier. La mauvaise gestion de la production nationale a donné lieu à une véritable cacophonie, sachant aussi que la crise va se poursuivre encore l'année prochaine avec un déficit cyclique important. Cela veut dire que nous allons être tributaires et dépendants de la gestion étrangère de ce secteur imposée par Lafarge qui gère actuellement trois importantes unités de production», dira M. Beldjezar. Le président de la BTPH dira que la gestion actuelle freine énormément la concrétisation des projets de réalisation des infrastructures de base et le risque sera encore plus grand au lancement des futurs programmes. «Ce qui est certain, c'est que les quantités dont on parle n'ont pas encore envahi le marché. Ceci s'ajoute à l'important retard enregistré pour l'arrivée des quantités annoncées auparavant en septembre alors qu'elles ne commencent à arriver que fin décembre» a-t-il ajouté. Il dira que cette situation est contraire à ce que prévoit la stratégie industrielle. «La stratégie projette un véritable lancement de l'activité industrielle en Algérie avec la création d'outil important de production qui nous permettra de nous passer de l'importation. Une gestion hasardeuse «Malheureusement, nous sommes en plein dans le piège» dira-t-il. Il estime que les opérateurs du secteur du BTPH sont très en colère quant à cette gestion hasardeuse d'un secteur aussi important. Pire encore, ils ne savent plus à qui s'adresser pour trouver des réponses à leurs questions et des solutions aux problèmes qu'ils posent. Notons enfin que la SGP des matériaux de construction a annoncé récemment l'arrivée des premières quantités de ciment importé au port d'Alger. Un premier quota réceptionné avant les deux autres quotas prévus au niveau des ports d'Oran et de Béjaïa. Ainsi, le programme d'importation lancé l'été passé prévoit 400 000 tonnes pour la région du centre, 300 000 tonnes pour l'Est et 300 000 autres pour l'Ouest du pays. La commercialisation sera confiée aux filiales de commercialisation des cimenteries.