L'équipe d'Algérie de football se passera donc des services de Mehdi Lahcen lors de la CAN 2010. La surprise était de taille parce que trois jours avant que Rabah Saâdane ne donne la liste des sélectionnés pour cette compétition, liste où on ne trouvait pas le nom du joueur du Racing Santander, le président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua, avait annoncé qu'il serait bien de l'aventure africaine. Si le patron du football algérien avait été aussi catégorique c'est qu'il devait avoir l'accord du joueur. Quelque chose s'est donc passé entre le jour où Raouraoua a parlé et celui où Saâdane a révélé la composante de sa liste. «C'est une affaire personnelle assez grave qui l'empêche d'être avec nous en Angola», a dit Saâdane lors de la conférence de presse qu'il a animée jeudi. On peut se demander de quelle genre d'affaire il s'agit parce qu'on le veuille ou non c'est de sélection en équipe nationale dont on parle et une sélection pour prendre part au plus grand évènement footballistique du continent africain qui n'est qu'un avant-goût à un autre évènement encore plus grand, s'agissant de la Coupe du monde de la Fifa. Des fuites émanant de l'entourage proche de l'équipe nationale indiquent que Lahcen attend un heureux évènement (naissance) et qu'il ne peut pas abandonner son épouse en cette période. Cette information a été donnée par plusieurs titres de la presse nationale et n'ont pas été démenties. S'il s'avère que Lahcen a déclaré forfait pour la CAN à cause d'une naissance, c'est que l'équipe nationale est vraiment secondaire pour lui. Il n'est ni le premier ni le dernier joueur dont l'épouse attend un enfant au moment du déroulement d'un évènement sportif et nous n'avons pas tellement entendu parler de joueurs dans le cas de Lahcen à avoir fait l'impasse sur la compétition. Ceci dit, il est grand et il sait ce qu'il fait. Il est libre de son choix et nul n'a le droit de le contester, d'autant que ce n'est pas lui le demandeur mais bien la Fédération algérienne de football. C'est le joueur lui-même qui l'a affirmé lors d'une interview accordée à Radio Monte-Carlo (RMC). Il était questionné par un spécialiste, en l'occurrence l'ex-international français Luis Fernandez, à qui il a dit et répété qu'il n'était pas demandeur. Dans ce cas, il n'est nul besoin de lui en vouloir puisque c'est nous qui sommes allés vers lui pour essuyer une fin de non-recevoir. Et c'en est bien une vu qu'il ne daigne même pas venir jouer la CAN. Du reste, tout au long de cette interview, il ne nous a pas du tout donné l'impression d'être enthousiaste de venir jouer avec les Verts. C'est à peine s'il a parlé d'un déjeuner qu'il a eu avec le président de la FAF et l'entraîneur national. «Oui je confirme qu'on m'a contacté mais je demande à réfléchir et à voir», dit-il. «Pourquoi cette hésitation ?», lui demande Fernandez. «Je préfère ne pas me précipiter, lui répond-il. Je sais que les gens vont croire que si je temporise ainsi c'est parce que je vise l'équipe de France. Je sais que je ne serai jamais appelé dans cette équipe de France alors croyez-moi ce n'est pas cela la cause. C'est vrai que ça fait plaisir que l'on pense à vous pour une sélection en équipe nationale mais ce n'est pas pour cela que je vais foncer tête baissée.» «Tout de même avec l'équipe d'Algérie c'est une assurance de disputer une Coupe du monde», ajoute Fernandez. J'en ai disputé une en 1986 et laisse-moi te dire que c'est un évènement qui marque la vie d'un joueur.» Réponse de Lahcen : «Ce n'est pas parce qu'il y a une Coupe du monde au bout que je vais accepter d'y aller sans réfléchir. Ce n'est tout de même pas moi le demandeur.» Ce genre de propos renseigne sur la volonté très peu marquée de Lahcen de venir jouer avec l'équipe d'Algérie contrairement à ce que disait Saâdane lors de sa conférence de presse : «C'est un garçon qui aime l'Algérie et qui veut vraiment jouer en équipe nationale.» L'entraîneur national semble y tenir, lui qui affirme que l'équipe nationale a besoin de ce genre de joueur. Il est certes tenu par des impératifs de résultats, ce qui l'oblige à mettre le maximum d'atouts au service de l'équipe nationale, mais pas au point de jouer le rôle de celui qui supplie. Il agirait ainsi avec un joueur de la dimension de Lionel Messi, on le comprendrait à la rigueur, mais pour un élément d'un club aussi modeste que le Racing Santander, c'est à notre avis de l'exagération. Et pour enfoncer le clou, nous ajouterons une autre interview de Lahcen accordée celle-là à un quotidien sportif espagnol, As pour le citer, dans laquelle il a révélé : «Si l'équipe d'Algérie ne s'était pas qualifiée à la Coupe du monde je n'aurais pas donné mon accord pour y jouer.» Un tel aveu se passe de commentaires.