Ce n'est plus un torchon qui brûle entre Baghdad et Téhéran, mais c'est toute une plate-forme pétrolière que militaires et techniciens iraniens «occupent» du fait qu'elle se trouverait en territoire iranien. Totalement faux, ont répliqué leurs vieux voisins ennemis, le site en question se situe dans l'espace territorial irakien. Inextricable, ce litige au sommet sans l'intervention d'un arbitre international ? Si la parole devait revenir à Mahmoud Abbas, il conseillerait aux deux parties de ne pas prendre de médiateur allemand, celui qui était chargé de négocier la libération du soldat Shalit contre celle d'une cinquantaine d'activistes palestiniens se dirige vers le dépôt de sa démission. Qui d'autre pour étouffer les flammes qui s'échappent du puits de la discorde ? Les Américains qui, selon le journal El Hayat, refuseraient de servir de médiateurs entre Palestiniens et Israéliens durant les dix mois à venir, le même Mahmoud Abbas ayant refusé pour sa part de participer à des négociations secrètes ? Que le régime d'Ahmadinejad l'assimile dès maintenant, l'Irak post-Saddam ne se laissera pas manipuler ou dominer par les mollahs, a fustigé un diplomate US en poste à Baghdad. Toute tentative d'un rapprochement entre frères chiites serait vouée à l'échec. L'Iran, dont les services de sécurité ont reconnu avoir battu mortellement trois opposants en détention, doit se présenter à la barre sans soutien aucun. Complètement isolé face à un Occident qui compte bien «traîner» la République islamique devant la «justice onusienne». Le régime de Téhéran a reçu cinq sur cinq ce message, certains de ses hauts responsables ont soutenu que ce sont les médias étrangers qui tentent de ternir l'image de la relation entre l'Irak et l'Iran. Les relais de la voix de l'Occident n'hésiteraient même plus à accuser les mollahs de s'essayer à ce genre de diversion frontalière afin de déboussoler une armée américaine qui est forcée au grand écart entre les fronts de guerres préventives que W. Bush avait ouverts à deux années d'intervalle. Ce serait méconnaître la force de frappe de la superpuissance US qui, pour la première fois, a bombardé des supposés camps d'Al Qaïda en territoire yéménite. Là où la rébellion chiite, accusée d'être à la solde de l'Iran, résiste tant bien que mal aux alliés du gouvernement de Sanaâ. Toujours est-il qu'une certaine paranoïa est en train de s'emparer de l'Amérique d'Obama. Ainsi, nous apprenons que l'agence américaine des missiles de défense procédera le mois prochain à un exercice visant à se préparer à une éventuelle attaque iranienne. Une attaque classique que les mollahs lanceraient sans réfléchir à deux fois si son actuel isolement venait à se poursuivre via de nouvelles sanctions ? L'Etat hébreu semble plus croire en l'activation par l'Iran, en mode accéléré, de ses «bras armés» au Proche-Orient. D'un côté le Hezbollah libanais dont les tensions avec Israël ne cessent de monter en flèche, et de l'autre le Hamas palestinien qui, selon Mahmoud Abbas, aurait empoché 250 millions de dollars offerts par l'Iran, en échange de son refus de signer l'accord portant sur la réconciliation nationale palestinienne. Une nouvelle mise en accusation de la République islamique qui a donné l'impression de ne pas vouloir décamper du site pétrolier, objet du lourd contentieux en cours. Fort du soutien de 51% d'Américains qui se sont dits favorables à une opération militaire contre l'Iran et parce que les Irakiens disent être les propriétaires légitimes de ce puits de pétrole, Obama donnera-t-il son feu vert pour que les Iraniens soient délogés par la force ? Finalement, ils sont repartis de leur propre gré sans que personne ne les y oblige. Moralité de cette histoire courte mais si révélatrice, l'influence de l'Iran chez son voisin irakien n'est pas des moindres. Bien au contraire.