Malgré les tentatives d'ouverture du président américain Barack Obama en direction de Téhéran, des responsables iraniens ont accusé les Etats-Unis d'être impliqués dans l'attentat qui a fait 25 morts et 125 blessés dans une mosquée au sud-est de l'Iran. Attentat sur fond de présidentielles. L'attentat est d'autant plus troublant qu'il est intervenu la veille des élections présidentielles qui se dérouleront le 12 juin et qui mettent aux prises quatre candidats, dont le président sortant Ahmadinedjad. En outre, il a eu lieu dans une mosquée chiite de Zahedan, la seule ville iranienne à prédominance sunnite. Trois personnes impliquées dans l'acte terroriste ont été arrêtées, a déclaré le gouverneur de cette province sunnite du Sistan-Balouchistan, qui a ajouté que les suspects ont été recrutés par l'Amérique et “les agents de l'arrogance”. D'après les spécialistes du Baloutchistan, une région tribale à cheval entre l'Iran, l'Afghanistan et le Pakistan, la violence qui prévaut au sud-est de l'Iran est avant tout liée à une multitude d'autres problèmes locaux, qui n'ont pas besoin d'un appui extérieur pour s'enflammer. Le Baloutchistan iranien est, en effet, le théâtre régulier d'affrontements entre policiers iraniens et trafiquants de drogue. En février 2007, un attentat revendiqué par Jundollah, une organisation insurgée qui dit lutter pour les droits de la minorité sunnite iranienne, causa également, à Zahedan, la mort de 18 gardiens de la révolution. De l'autre côté de la frontière, la province baloutche pakistanaise est également connue pour être une zone instable où opèrent séparatistes baloutches qui luttent contre le pouvoir central et bandits de grands chemins, et où se sont infiltrés des combattants islamistes sunnites liés aux talibans. Les candidats à la présidentielle ont tous établi un lien entre cet attentat et la présence de forces étrangères dans les régions limitrophes de leur pays : l'Afghanistan où les forces de l'Otan peinent à contenir les talibans et au Pakistan où c'est également la guerre ouverte contre l'islamisme radical après le coup de gueule de Washington face au laxisme dont faisait preuve Islamabad contre les mouvements religieux extrémistes. Ahmadinedjad et ses rivaux ont repris le même argument : “Moins il y a des forces étrangères dans la région et plus la sécurité règne, ces forces provoquant la montée de l'extrémisme.” Ce qui n'est pas si faux. L'Iran a accusé régulièrement les Etats-Unis, qui occupent l'Irak et l'Afghanistan, de lancer des attaques dans ses provinces frontalières où habitent des minorités ethniques. Washington a toujours démenti. Le 19 mai dernier, le guide suprême iranien, Ali Khamenei, a accusé les Etats-Unis de former des terroristes au Kurdistan irakien frontalier pour combattre le régime de la République islamique, en allusion aux combattants du groupe séparatiste kurde PJAK. Les Iraniens évacuent les pistes de ses voisins dès lors que la semaine dernière s'était tenu à Téhéran un sommet tripartite entre les chefs d'Etat iranien, pakistanais et afghan, dont l'objectif était notamment d'accroître la coopération dans la lutte contre le terrorisme et contre le trafic de drogue. Ce sommet s'est déroulé juste après le sommet américano-pakistano-afghan tenu à Washington et durant lequel Obama a frappé sur la table pour contraindre ses hôtes à plus d'efficacité dans leur lutte contre le terrorisme. L'autre piste qui est évoquée par les partisans d'un autre mandat pour le président sortant est Israël. En effet, le Premier ministre israélien, l'ultra conservateur Netanyahu, cherche à en découdre avec l'Iran, et si ça ne tenait qu'à lui, il bombarderait ses sites nucléaires. La question de l'Iran est, par ailleurs, la pomme de discorde entre Jérusalem et Washington. Netanyahu est resté de marbre devant les menaces d'Obama ! Pas question de donner un quelconque crédit aux dirigeants iraniens. Et Obama n'a pas réagi face à cette arrogance israélienne alors que c'est Washington qui détient les cordons de leur bourse. Affaire à suivre.