Les services de sécurité ont ouvert un nouveau front contre un phénomène autrement plus dangereux que le cannabis, à savoir la cocaïne. S'il est vrai que près de 500 kg de cocaïne ont été saisis par les services de police durant les six premiers mois de l'année en cours, il convient de s'interroger sur les quantités introduites par les réseaux de narcotrafiquants. En sus des 500 kg de cocaïne dont la valeur marchande se chiffre à des milliards de centimes, les services de police ont réussi à saisir, durant la même période, 2 tonnes de résine de cannabis. Cela conduit à conclure que si ces quantités non négligeables de cocaïne ont été retirées du marché, épargnant par la même beaucoup de jeunes de sombrer dans la toxicomanie, force est de nous interroger sur les conséquences pouvant découler de la consommation de cette substance chimique par les jeunes adolescents. La menace est réelle et nécessite plus de rigueur dans son traitement, notamment la prise en charge des potentiels toxicomanes. Selon les statistiques établies à l'échelle nationale, concernant le premier semestre de l'année en cours et en sus des 495,3 kg de cocaïne et 1 897,991 kg de résine de cannabis, les mêmes services de police judiciaire ont procédé à la saisie de 350,74 grammes d'héroïne, 22 799 comprimés psychotropes et 41,67 grammes de crack. Une substance dont les effets dévastateurs sont incommensurables. Les statistiques font état du traitement de 2469 affaires liées aux stupéfiants et substances psychotropes, impliquant 3701 personnes. Le site de la DGSN qui publie ces chiffres ne révèle, toutefois, pas de détails sur les personnes à la tête des réseaux dont le nombre ne cesse d'augmenter aussi bien en Algérie qu'en Afrique. A ce propos, il n'est plus à démontrer que bon nombre de pays africains constituent des zones de transit pour ces réseaux dont les noyaux se situent, selon des experts, en Colombie et au Venezuela. Les prix exigés pour l'acquisition de cocaïne se situent autour de 8000 DA le gramme et pas moins de 900 millions de centimes le kilogramme, ce qui laisse entendre que cette substance narcotique n'est pas accessible aux jeunes délinquants. Aussi, les services de sécurité confondus devraient orienter leurs recherches et investigations en direction des sphères des nantis. L'émergence de ce phénomène n'est pas sans dommages collatéraux puisque, comme l'ont souligné bon nombre de psychologues et autres spécialistes, la dépendance peut conduire les consommateurs accros à verser dans le crime pour acquérir la dose providentielle pouvant atténuer les douleurs provoquées par le manque. Le danger est réel et bon nombre d'organismes ont, depuis des années, tiré la sonnette d'alarme. Cependant, il est judicieux de dire, sans risque d'erreur, que «la lutte que mènent les services de sécurité dans ce contexte ne saurait être efficiente sans la contribution active des citoyens». Comme dirait l'adage : «Lemaâouna taghleb essbaâ» (l'entraide peur avoir raison du lion). Le cri de détresse de l'Office national de lutte contre la drogue Devant la menace que constitue l'émergence de la cocaïne, Abdelmalek Sayeh, directeur général de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLDT), n'a de cesse d'attirer l'attention sur les méfaits découlant de la consommation de cette substance nocive qui «ronge le système nerveux du consommateur». «Cette menace doit être prise au sérieux», lança, à maintes reprises, ce responsable. «Les cartels colombiens cherchent à mettre un pied dans notre pays. Nous disposons de toutes les informations qui le prouvent», dira ce dernier. Au su de ces déclarations comment s'expliquer le fait que cette substance est écoulée dans certains quartiers et comment expliquer le fait qu'à aucun moment des personnes nanties ne soient inquiétées outre mesure ? La réponse est donnée par ce responsable qui indique que «les cartels colombiens, principaux producteurs de cocaïne dans le monde, trouvent beaucoup de difficultés à tromper les contrôles frontaliers des services de sécurité européens», ce qui laisse entendre que ces mêmes cartels tentent d'investir le marché maghrébin qui, vraisemblablement, présente des carences en matière de contrôle. Il confirme que le Maghreb mais également l'Afrique constituent des zones de transit en déclarant que «certains cartels colombiens cherchent même à faire transiter de la cocaïne par l'Algérie pour la livrer ensuite aux cartels européens». A ce sujet, celui-ci apporta la confirmation des intentions des cartels à investir le marché algérien en affirmant que «la marine française a inter cepté, en mars 2008, un navire panaméen avec une cargaison de 3 tonnes de cocaïne, laquelle marchandise était destinée à approvisionner des revendeurs en Algérie». La Gendarmerie nationale, dans ses investigations menées en parallèle, a réussi à arrêter une personne impliquée dans une affaire relative à une tentative échouée d'introduction de pas moins d'une tonne de cocaïne ? Cette cargaison, dissimulée dans des articles sanitaires (éviers, baignoires etc.) et découverte par les services de police espagnole et qui provenait du Venezuela a été expédiée par un Algérien résidant sur le sol vénézuélien, selon les déclarations de la personne arrêtée par la Gendarmerie nationale, il y a quelques années. Cette affaire a été résolue par la police espagnole laquelle a réussi à «démembrer le réseau des narcotrafiquants». L'orateur a affirmé que «cette substance est très demandée aujourd'hui, notamment dans les milieux les plus aisés en Algérie et ailleurs», signifiant la probable implication de personnes évoluant au sein de sphères insoupçonnées. Devant le danger que représente la consommation de ces dangereuses drogues, on ne se lassera pas de réitérer notre appel à l'adresse des citoyens pour que notre société soit épargnée.