La baisse des importations alimentaires algériennes de l'ordre de 33% et l'excédent de la balance commerciale à 4,2 milliards de dollars durant les onze premiers mois de l'année 2009 sont loin de constituer des chiffres alarmants. Comparativement à l'année 2008, où l'excédent de la balance commerciale a atteint les 36 milliards de dollars, les revenus de l'Algérie ont considérablement reculé à cause de la chute du prix du baril de pétrole. Mais il n'en demeure pas moins que des pays voisins et européens sont en situation économique des plus catastrophiques. La France, l'Espagne, la Grèce, le Maroc, pour ne citer que ces pays de la région, sont en situation de déficit grave. D'autres pays à l'instar de ceux de l'Europe centrale, notamment la Roumanie sont en situation de cessation de paiement et contraints à faire appel au Fonds monétaire international (FMI). Cette analyse est appuyée par l'économiste Mustapha Mekideche que nous avons contacté, hier, pour donner son appréciation des statistiques communiquées par les services des douanes sur le commerce extérieur. La facture alimentaire de l'Algérie en novembre 2009 a atteint 384 millions de dollars durant le mois de novembre dernier, contre 572 millions de dollars le même mois de l'année écoulée, en baisse de 32,87%. La facture des laits et produits laitiers s'est établie à 28 millions de dollars, contre 74 millions de dollars, soit une baisse de 62,16%. Pour l'économiste, la baisse de la facture alimentaire est un bon signe et démontre que les mesures prises par l'Etat pour la régulation du commerce extérieur ont donné les résultats escomptés. «Certes, la baisse des importations globales n'a été que de 3%. Mais il faut dire que la baisse de celle des produits alimentaires devra profiter à la production nationale», ajoute-t-il. M. Mekideche a indiqué que la facture de l'importation, d'un montant de 35,27 mds de dollars, est le fait des achats de biens d'équipements industriels et de production. L'Etat est invité à examiner la situation des importations dans ces domaines et chercher les moyens pour faire baisser davantage cette facture de manière à perpétuer l'excédent de la balance commerciale, un indicateur de taille pour l'économie du pays. Sur ce point, l'économiste s'inquiète des ressources du fonds de régulation des recettes pétrolières, dont l'Etat compte utiliser plus de 2000 milliards de dinars afin de financer le déficit commercial de l'année 2010. L'appréciation du baril du pétrole sur le marché pourrait ne pas conduire à cette action, mais l'Etat n'exclut pas cette option afin de financer les programmes de développement inscrits dans le cadre du prochain plan quinquennal 2010-2014. Le docteur Mekideche a souligné que le soutien à la production algérienne est une action indispensable pour faire baisser l'importation, ce qui permettra, ajoute-t-il, de développer les capacités d'exportation hors hydrocarbures. «Il faudrait mieux organiser le commerce extérieur et envisager des barrières non tarifaires afin de protéger la production nationale, notamment envers des pays qui créent des obstacles devant des entreprises algériennes. Je peux citer le cas du groupe pharmaceutique Saidal qui n'a pas pu placer ses produits en Tunisie, tandis que les médicaments de fabrication tunisienne sont écoulés en Algérie sans difficulté. C'est de notre droit d'agir avec une liste négative des produits importés», a tenu à souligner le professeur en guise de soutien à l'action de l'Etat en matière d'ouverture des frontières aux opérateurs étrangers. Des pays suspendus à l'aide du FMI Au sujet de l'excédent de la balance commerciale de l'Algérie réalisé durant les 11 premiers mois de l'année 2009, de l'ordre de 4, 2 milliards de dollars, il a souligné que le chiffre n'est significatif par rapport à celui de l'année 2008, qui était de 36,35 milliards de dollars, mais comparativement aux résultats du commerce extérieur des pays de la région, l'Algérie est sortie indemne de cette crise financière internationale. Le Maroc a accusé, à titre d'exemple, un déficit de la balance commerciale de l'ordre de 11 milliards d'euros. L'Ukraine, en situation de faillite, a demandé au Fonds monétaire international (FMI) un prêt d'environ deux milliards de dollars pour surmonter une situation financière extrêmement difficile. Sans l'aide du FMI, l'Ukraine sera dans l'impossibilité de payer les salaires et les retraites dans le secteur public ainsi que de couvrir ses engagements internationaux, y compris vis-à-vis de la Russie. Ces cas illustratifs laissent comprendre que l'Algérie n'est pas affectée lourdement par la crise économique et financière durant 2009.