N'na Rahma Ou'îzza, voilà un nom bien inconnu du sérail des poètes de la Kabylie. Il aura fallu attendre que l'association Etoile culturelle d'Akbou, en collaboration avec la maison de la culture de Béjaïa, organise du 26 au 29 décembre, à la maison des jeunes d'Akbou, la 3e rencontre poétique amazighe de la Soummam, pour que la lumière des projecteurs soit rivée sur cette poétesse, qui a vécu entre le XIXe et le XXe siècles. Pour célébrer l'événement, un programme varié a été concocté pour la circonstance : des conférences-débat sur la poétesse, qui ont porté sur sa vie, ses poèmes, sa façon de voir la vie en la déclamant et sa lucidité. Il y avait aussi au menu de cette manifestation culturelle des représentations théâtrales, un concours de poésie et une visite effectuée au village de la défunte, au Ath Amar Ouzeggane dans la commune d'Akbou, suivis d'un recueillement sur sa tombe. Pour lui rendre hommage tout en image, un documentaire sur N'na Rahma a été réalisé par Azrou Mohand Arab, qui s'intitule Tout sur n'na Rahma Ou'îzza. N'na Rahma Ou'îzza en quelques lignes Cette poétesse qui maniait le verbe serait née entre 1830 et 1835. Elle aurait vécu 115 ans en bonne et parfaite santé. L'on témoignait qu'à un très âge avancé, elle effectuait des travaux champêtres le plus normalement au monde. Cette grande dame de la vallée de la Soummam, qui a eu la chance d'être ressuscitée, rimait sur la vie de tous les jours, ses maux, ses joies et ses peines. A cette époque, les femmes poétesses ne pouvaient garder les poèmes que pour elles, ou avec un peu de chance, les déclamer à d'autres femmes, car dans la société jadis, les tabous et les traditions «muselaient» tout ce qui fut chant, poème et surtout apparition publique artistique. Pour arriver à notre époque, les poèmes de N'na Rahma ont dû être appris par cœur par ses interlocutrices particulièrement, qui à leur tour, les «léguèrent» à d'autres. A cette époque, les Kabyles ne sachant pas écrire ni lire, comptaient sur leur mémoire pour transmettre tout un savoir ancestral et un patrimoine immatériel aux générations qui se sont succédé.