Alors que le début de la CAN 2010 approche à grands pas, le moins que l'on puisse dire est que les supporters algériens ne se bousculent pas dans les agences agréées pour s'offrir le voyage en Angola. Trois tours operators ont été retenus par les autorités du pays en vue du déplacement des fans algériens vers ce pays lointain du sud-ouest de l'Afrique. Il s'agit de deux organismes publics, l'ONAT et le Touring Club, et d'un privé, l'agence Dam Tours. Cette dernière a délégué récemment deux de ses représentants à Luanda où ils ont prospecté en vue d'obtenir les meilleures offres pour un tel périple. Il faut savoir que l'Angola a de particulier d'être un pays où la vie est extrêmement chère. Des spécialistes font même de Luanda, la capitale, la ville la plus chère du monde. Il y a de quoi décourager nombre de prétendants à ce voyage. Du reste, les prix pratiqués par les trois organismes en question ont, semble-t-il, refroidi plus d'un prétendant. Ces prix sont les mêmes chez les trois tours operators et vont d'un hébergement dans un hôtel une étoile à celui dans un hôtel quatre étoiles. C'est ainsi que dans un hôtel classé une étoile, il vous en coûtera la somme de 190 000 dinars (19 millions de centimes). Dans un établissement à deux étoiles, le prix est porté à 210 000 dinars. Dans un trois étoiles, il est de 240 000 dinars alors que pour un trois étoiles plus (entre le 3 étoiles et le 4 étoiles), vous devez vous acquitter de 290 000 dinars. Enfin, il y a la catégorie la plus chère, celle du quatre étoiles, à 350 000 dinars. Dans chacun de ces prix sont pris en charge le billet d'avion (aller-retour), les frais de visa auprès de l'ambassade d'Angola en Algérie, le transport aéroport de Luanda-hôtel et retour, le transport hôtel-stade et retour, l'hébergement sur une durée de 11 jours (10 nuits), les tickets de stade pour chacun des matches de l'équipe d'Algérie ainsi qu'une assurance-voyage. Pour ce qui est de la restauration, seule la catégorie quatre étoiles offre la demi-pension (petit-déjeuner + déjeuner ou dîner). Dans toutes les autres le supporter n'aura droit qu'au petit déjeuner. En outre, seules les catégories 3 étoiles plus et 4 étoiles sont des hôtels équipés d'une piscine. Où sont les 3000 supporters ? La vente des billets, qui a débuté avant-hier, n'a pas incité les gens à se présenter en nombre aux guichets des trois tours operators. Il est certain que les prix sont jugés excessifs et ne semblent s'adresser qu'à une catégorie d'Algériens. Et encore ces prix-là n'ont rien d'extraordinaire quand on sait que dans d'autres pays, ils culminent à des tarifs qui dépassent l'entendement. Les Nigérians, qui sont de grands voyageurs lors des éditions de la CAN, ont prévu de déplacer 500 supporters, mais au jour d'aujourd'hui, ils ne sont pas tellement sûrs d'atteindre ce nombre. Ce manque d'enthousiasme de la part des supporters algériens commence à inquiéter les responsables des tours operators, mais aussi la compagnie aérienne Air Algérie qui a tablé sur un contingent de 3000 personnes pour rentabiliser cette opération. Il ne faut pas oublier qu'il s'agit là d'une ligne créée juste pour la Coupe d'Afrique. A cet effet, Air Algérie a fait des demandes pour des couloirs aériens, sans oublier que sur place, elle est tenue de s'acquitter des droits de parking pour ses avions, droits qui sont extrêmement élevés. Pourtant, la compagnie nationale a fait un très gros effort pour le prix du billet d'avion jusqu'à Luanda et retour. Normalement, un tel billet devrait être cédé contre la somme de 135 000 dinars. Grâce à l'apport de sponsors, il a été ramené à 100 000 dinars puis à 60 000 dinars sur intervention du gouvernement qui y est allé, lui aussi, de sa rétribution financière. Un autre geste du gouvernement a été de permettre à chaque candidat au voyage en Angola d'obtenir une allocation en devises pour la somme maximale de 192 000 dinars, soit près de 25 00 dollars. Là aussi, il s'agit d'une somme qui peut paraître élevée pour l'Algérien moyen qui peut, cependant, changer la somme qu'il veut sans dépasser, bien sûr, la limite autorisée. Mais cela à ses risques et périls, sachant que, comme on l'a dit, la vie est très, très chère, en Angola. On a négligé les autres tours Ceci dit, les autorités du pays ont tablé dans toute cette opération sur la participation de l'équipe d'Algérie au seul premier tour de la CAN, à savoir les matches Algérie-Malawi du 11 janvier, Algérie-Mali du 14 janvier et Algérie-Angola du 18 janvier. D'ailleurs, le premier voyage pour l'Angola est fixé au 10 janvier, soit la veille d'Algérie-Malawi. Les candidats au voyage n'auront, ainsi, même pas droit à la cérémonie d'ouverture de la CAN et au match Angola-Mali. Le retour vers l'Algérie est programmé pour le 20 janvier. Mais un gros problème risque de surgir si jamais les Verts venaient à se qualifier pour les quarts de finale (ce que tout Algérien souhaite). Il s'agit là d'une éventualité qui n'a pas été prise en compte par les organisateurs du déplacement vers l'Angola. Encore mieux, si l'Algérie termine deuxième de son groupe, elle sera appelée à jouer son quart de finale à Cabinda, qui est une enclave qui n'a pas de frontière terrestre avec l'Angola et est située en pleine République démocratique du Congo (ex-Zaïre). Le seul moyen d'atteindre cette ville étant l'avion, il est plus qu'utile que les responsables du déplacement vers l'Angola se mettent à plancher sur ce problème. On voit mal, en effet, un supporter algérien accepter de rentrer au pays au moment où son équipe nationale va jouer un quart de finale. On peut aller plus loin et supposer ce que deviendront ces supporters dans le cas où l'équipe d'Algérie atteint les demi-finales. Il y aura deux autres matches à prendre en considération, la demi-finale et la finale ou le match de classement. Les responsables que nous avons pu joindre nous ont fait savoir qu'ils n'ont aucune idée sur la question. Nous avons également appris qu'une réunion devait se tenir hier à l'hôtel El Aurassi au sujet du déplacement vers l'Angola des supporters algériens, mais personne n'a été en mesure de nous dire si l'éventualité d'une qualification des Verts aux quarts de finale avait été prise en compte, ni sur celle de voir ces mêmes Verts jouer à Cabinda. Il est heureux que l'Algérie joue son troisième et dernier match de groupe contre l'Angola, car si c'était contre le Malawi ou le Mali, cette confrontation aurait été programmée à Cabinda, et lesdits organisateurs auraient bien été obligés de se pencher sur la question. En tout cas, l'enthousiasme du match du 18 novembre 2009 à Khartoum semble s'être refroidi. En cette occasion, il est vrai que l'Etat avait mis les gros moyens, ce que bon nombre de gens espéraient voir se rééditer avec l'opération Angola. Ce n'est vraiment pas le cas, bien que comme nous l'avons dit, les prix pratiqués sont tributaires de la cherté de la vie en Angola.