La lutte contre la désertification sera menée même dans certaines wilayas du nord. Il existe des zones sensibles et des poches de désert dans les wilayas de Tlemcen, de Saïda et de Tiaret, a précisé Rachid Benaïssa, ministre de l'Agriculture, lors de la journée d'étude sur la carte nationale de sensibilité à la désertification par télédétection. Ces trois wilayas ont été ainsi intégrées dans le programme de lutte contre la désertification qui vient d'être rehaussé par l'élaboration de cette carte initiée par la Direction générale des forêts en collaboration avec le Centre technique spatial d'Arzew de l'Agence spatiale algérienne (ASAL). Cette carte permettra, explique le ministre, d'adapter et de renforcer les interventions des pouvoirs publics de manière ciblée et plus efficace. La première lecture de cette carte a révélé un recul des superficies des zones qualifiées de «très sensibles» à la désertification, grâce au programme de mise en défens des terres qui a concerné deux millions d'hectares et à la faveur de la bonne pluviosité des dernières années. Parallèlement, les superficies des «zones moyennement sensibles» et des «zones sensibles» ont connu une évolution de 10% depuis une dizaine d'années et représentent 70% des superficies à protéger. L'augmentation de ces superficies a résulté du déplacement de la sensibilité des régions, a-t-on expliqué. Ainsi, les zones très sensibles sont passées à des zones moyennement sensibles, a indiqué M.Titah, directeur général des forêts. Selon le ministre, les zones sensibles «n'ont pas bénéficié de projets auparavant», d'où l'augmentation des superficies devenues à risque. «La menace de la désertification est réelle», a reconnu Rachid Benaissa. Une menace devenue plus importante avec la prévision d'une baisse de 30% de la pluviosité dans les prochaines années. Une superficie de 70 000 hectares a été rattrapée par le désert, a avancé le ministre. Plus de 27 millions d'hectares à protéger Revenant sur la carte nationale de sensibilité à la désertification, il a été précisé qu'elle concerne 13 wilayas, à savoir Tlemçen, Khenchela, Tébessa, Tiaret, Naâma, M'sila, El Biadh, Batna, Biskra et Laghouat, Djelfa et Saïda. ⊃2;Une superficie de 27,5 millions d'hectares est concernée par les projets de proximité de lutte contre la désertification. Des cartes pour chaque commune seront élaborées à l'avenir dans le cadre de la politique du renouveau rural. D'autres informations sur le phénomène seront fournies par les cartes sur le patrimoine forestier, les ressources en eau, les zones humides et les bassins versants. D'ici le mois d'avril prochain, des réunions sont prévues pour mettre en coordination ces différentes cartes afin de pouvoir corriger et modifier avec exactitude les programmes à engager pour lutter efficacement contre la désertification et parvenir également à rationaliser les dépenses. Sur ce volet précis, le ministre a annoncé qu'un budget annuel de 10 milliards de DA sera débloqué pour réaliser les projets de proximité de lutte contre la désertification. Le secteur agricole a bénéficié dans le cadre du programme quinquennal 2010-2014 d'une enveloppe de 1000 milliards DA. Devant activer dans le cadre du Comité national de lutte contre la désertification, plusieurs organismes seront associés au programme tels que l'ASAL, la direction générale des forêts, le Haut commissariat au développement de la steppe, les communes en plus de la population à travers les projets de proximité de lutte contre la désertification. Sur un total de 12 000 projets, l'année 2009 a vu le lancement de 465 projets. Une extension de 100 000 ha pour le barrage vert Le programme de lutte contre la désertification comprend notamment la protection du barrage vert qui s'étend actuellement sur une superficie de 360 000 ha et qui bénéficiera d'une extension de 100 000 hectares d'ici 2014, la protection des nappes alfatières sur trois millions d'hectares, la protection et la valorisation des parcours sur plus de 32 millions d'hectares, la mise en valeur des zones d'épandage et de certains périmètres irrigués pour renforcer l'offre fourragère en termes d'orge et de luzerne. Sur ce dernier point, Rachid Benaissa a annoncé que les éleveurs bénéficieront d'un prix de vente de l'orge de l 550 DA/qx. L'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a été instruit pour créer de nouveaux points de ventes pour faciliter aux éleveurs l'acquisition de l'orge. Le programme de lutte contre la désertification fait partie de quatre autres programmes de renouveau rural. Il s'agit de la protection des bassins versants sur 13 millions d'hectares, la protection et l'extension du patrimoine forestier sur 4,1 millions d'hectares et la protection et la valorisation des aires protégées et des parcs nationaux.