L'Algérie applique les taux d'imposition fiscale les plus bas du bassin méditerranéen mais les réductions et les exonérations n'ont pas d'impact sur le pouvoir d'achat, a déploré hier Djamel Djerad, expert-comptable et commissaire aux comptes. En effet, selon M. Djerad, «l'Etat n'a pas le droit de diminuer l'impôt jusqu'au taux zéro», en expliquant que «lorsque le budget de l'Etat n'est pas équilibré, celui-ci a recours à l'emprunt, ce qui conduit inévitablement à l'inflation», d'autant que les recettes fiscales sont données avec une année de retard. C'est pourquoi «on ne peut exonérer éternellement», a-t-il souligné, en signalant qu'«aucun pays n'a de normes dans le calcul du produit intérieur brut (PIB) car le total des prélèvements d'impôts obligatoires n'est pas fait en toute objectivité, mais pour des raisons politiques ou autres ces calculs changent». Il a ajouté lors d'une table ronde organisée sur la fiscalité par le forum d'El Moudjahid que «beaucoup de parafiscalité échappe, tels la mutuelle ou encore le timbre du passeport qui ne sont pas calculés ainsi que certains impôts qui ne sont pas comptabilisés». Conséquence, les prix continuent d'augmenter en l'absence de production qui devrait conduire à la baisse des importations en Algérie et favoriser la création de l'emploi salarié, comme s'est fixé comme objectif l'Etat dans sa politique de réforme et des avantages octroyés pour booster la création de plus-values et de richesses. Il a attiré l'attention sur le fait que la création de l'emploi n'est pas contrôlée ni vérifiée. M. Djerad propose de revoir le système des prix car «aucune entreprise n'a une comptabilité probante, même pour Sonatrach, ce n'est pas évident», d'autant que l'économie algérienne est minée par l'informel. Pour ce qui est de l'évasion fiscale, les participants ont affirmé qu'avec la télédéclaration, elle sera réduite. A ce propos, les représentant de la direction générale des impôts (DGI) ont annoncé le lancement prochain de cette téléprocédure et de la télépaiement dont les textes d'application sont en cours d'élaboration, et avec l'unification des cinq codes existant dans la collecte et le traitement des impôts en un code général des impôts qui verra en principe le jour dans deux ans, la tâche sera simplifiée, selon Brahim Benali, directeur des relations publiques auprès de la DGI. Les dernières lois de finances de 2008 à 2010 ont permis de réduire certaines taxes dont la TVA (taxe sur la valeur ajoutée) à deux taux 7% et 17%, qui elle est payée par le consommateur mais collectée par l'opérateur au profit de l'administration fiscale. L'impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS) est à deux taux : 19% pour les sociétés de production, de tourisme et des travaux publics et 25% pour toute autre activité. Enfin, un impôt unique forfaitaire a été instauré avec 5% pour l'achat-vente et 12% pour les prestations de services. L'impôt sur le revenu global demeure toujours sur une collecte à la source. La question sur la généralisation de l'imposition par déclaration, comme cela se fait ailleurs, a été abordée. A ce sujet, les présents ont indiqué que l'Algérie ne peut se passer du prélèvement à la source de l'IRG qui est un impôt sûr qui permet à l'Etat d'assurer une partie de son budget. Par ailleurs, selon le sous-directeur de la législation, il faudra recruter 60 000 agents pour passer au système déclaratif. Ce qui est énorme, selon lui. Enfin, sur l'attractivité fiscale, M. Djerad a indiqué que l'Algérie est classée 37e en Afrique et 168e au niveau mondial.