La problématique de la petite et moyenne entreprise (PME/PMI) a été, hier, au centre des débats du Forum d'El Moudjahid. Un panel d'experts et de représentants d'institutions et d'organisations a été convié à cette rencontre. Il s'agit de Mme Nacera Haddad, responsable à l'Association Femmes entrepreneurs, Mohamed Khodja, membre du Conseil de la nation (sénateur) et économiste, Yahiaoui Amar de l'Union générale des entrepreneurs algériens, un expert-comptable, un commissaire aux comptes, Djerad Djamel, un représentant du Fonds de garantie des crédits aux PME (Fgar), Hamidi Abdelhalim, et un responsable au niveau de la direction générale des impôts, Brahim Ben Ali. Intervenant en premier lieu, Djerad Djamel regrettera d'entrée que la création de petites et moyennes entreprises (PME/PMI) répond beaucoup plus à la logique du profit qu'à la logique économique. “Ce qui intéresse les représentants des PME algériennes, ce sont les dividendes et non pas le développement économique”, expliquera-t-il, avant de regretter que “l'écrasante majorité des PME est familiale”. “90% des PME familiales ne contribuent qu'un taux insignifiant dans la création de nouveaux emplois et de richesses”, notera-t-il. L'expert-comptable déplorera le fait que ce ne sont pas “des professionnels” qui sont à l'origine de la création d'entreprises, mais bien des profanes qui flairent la bonne affaire. “On investit dans un secteur, car c'est un créneau qui marche”, dira-t-il en substance, à ce sujet avant d'indiquer que “la plupart d'entre elles n'engagent que le minimum de capital exigé par la réglementation en vigueur et n'investissent pas de fonds importants”. “Les PME revendiquent davantage de réduction de la fiscalité et des taxes, mais ne créent pas en contrepartie de l'emploi et de la richesse et ne s'intéressent qu'aux dividendes”, a-t-il déploré. Amar Yahiaoui de l'Union générale des entrepreneurs algériens, qui interviendra de son côté en évoquant les prix du ciment en Algérie, expliquera que le développement des PME nécessite notamment une lutte contre le marché informel et un soutien accru des pouvoirs publics aux entrepreneurs algériens. Estimant que l'Algérie a un besoin vital des PME/PMI et qu'elle ne peut pas les laisser à leur propre sort, M. Yahiaoui fera remarquer que l'Algérie a des capacités considérables de production critiquant par là même la tendance à l'importation. Dans ce cadre, M. Yahiaoui notera que “la création de nouvelles PME et le développement de celles qui existent déjà exige également une facilitation de l'accès au financement ainsi qu'un accompagnement notamment au cours des premières années de leur création”. Pour sa part, Mme Nacera Haddad, chef d'entreprise, a préconisé l'élaboration d'études afin d'expliquer pourquoi certaines régions de l'est du pays connaissent plus de création de PME que celles de l'Ouest. Ces études permettront également d'identifier les catégories et les franges de la société qui créent le plus de PME en Algérie afin de les encourager et les soutenir. L'intervenante revendique tout autant l'impératif d'intégrer la création et le développement des PME dans les programmes de développement des collectivités locales. “Elles doivent contribuer à leur financement et à rendre leur longévité de plus en plus importante”, note-t-elle. L'administration a un rôle prépondérant à jouer. “Elle doit jouer à la fois le rôle de facilitateur et de contrôleur en faveur des PME”, dit-elle. Par ailleurs, elle a estimé qu'“il n'est pas utile de créer de nouveaux dispositifs de financement des PME et que ceux qui existent déjà suffisent à condition de les rendre plus efficaces”. Intervenant de son côté, Mohamed Khodja, le sénateur, expliquera d'entrée de jeu la volonté de l'Etat à développer le secteur de la PME pour bâtir une économie durable hors hydrocarbures, estimant impératif d'orienter les investissements consentis par les entreprises vers des créneaux à même de créer de l'emploi, de la croissance et de la valeur ajoutée. Il a, toutefois, insisté sur la lutte contre le commerce informel qui, a-t-il dit, “est à l'origine d'une évasion fiscale estimée à environ 170 milliards de dinars par an”, et l'accélération de l'application des programmes de mise à niveau de ses entreprises. M. Khodja recommandera la création de dispositifs chargés de contrôler l'évolution des PME sur le terrain et garantir une traçabilité des fonds qui leur sont accordés pour réaliser leurs projets et investissements. Intervenant pour sa part, le responsable de la direction générale des impôts, Ben Ali Brahim dira que “les PME/PMI sont au cœur de nos préoccupations”, avant d'indiquer qu'il a été question pour son administration de procéder à des diminutions progressives de la pression fiscale sur les entreprises. “Nous nous sommes rendu compte que la réduction de la pression fiscale au niveau des textes de loi ne suffit pas et qu'il faut dans le même temps améliorer le service au contribuable”, note-t-il, en expliquant qu'en 2006, il a été question pour la direction des impôts d'instituer la direction des grandes entreprises. Actuellement, la direction générale des impôts est en passe de créer “des structures qui prennent en charge les PME/PMI et nous allons créer des centres de proximité des impôts”, notera l'intervenant, tout en expliquant que l'objectif recherché à travers cette démarche est “d'avoir un seul interlocuteur pour tous les contribuables”. “On fera en sorte que tous les services fiscaux soient concentrés au niveau d'une seule structure”, a-t-il noté. Quoi qu'il en soit, l'ensemble des intervenants a revendiqué l'impératif d'accompagner les PME/PMI en Algérie, de les aider à se mettre à niveau et de les soutenir pour éviter une mortalité précoce.