Trois nouveaux cas mortels de grippe A, dont une femme enceinte, ont été enregistrés mardi en Algérie, portant à 57 le nombre de décès sur un total de 889 cas confirmés. C'est la déclaration faite, hier, par le directeur de la communication du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, M. Belkacem, lors d'un briefing sur la situation épidémiologique de la grippe A/H1N1 en Algérie. La femme enceinte âgée de 22 ans et originaire de Aïn Timouchent est, selon la même source, décédée mardi à Oran suite à des complications respiratoires. 13 femmes enceintes sont mortes sur 46 ayant contracté la maladie, ce qui porte le taux de morbidité de la femme enceinte à 24%. Rappelant que cette frange de la société est particulièrement exposée au risque de contamination et que le risque de complications est 4 à 5 fois plus élevé par rapport aux autres catégories de gens, y compris les malades chroniques, le conférencier a expliqué que la plupart de ces femmes mortes ont été hospitalisées tardivement. Il citera, dans ce contexte, l'exemple des deux victimes de l'épidémie admises à l'hôpital de Belfort (El Herrach). «Bien qu'elles aient été mises sous traitement antiviral (Tamiflu), avant la confirmation des analyses adéquates à la grippe A/H1N1, les complications respiratoires sont apparues.» Le traitement antiviral est, ajoute-t-il «efficace uniquement durant les 48 heures de l'apparition des symptômes grippaux». A cet effet, M. Belkacem a insisté sur l'importance de la vaccination, le moyen le plus efficace pour interrompre la circulation virale dans la population au niveau d'immunité très faible, notamment les femmes enceintes, les nourrissons et les malades chroniques. Interrogé sur la prise en charge des personnes atteintes du virus au niveau des structures sanitaires étatiques, M. Belkacem a indiqué qu'un travail d'évaluation initié par l'institut national de la santé publique sera effectué prochainement pour situer les déficiences de chaque structure, si déficiences il y a. Cependant, en guise d'amélioration des dispositifs de prise en charge des femmes enceintes, 1040 lits supplémentaires ont été placés dans les salles de réanimation dans les différentes structures de santé à l'échelle nationale, dont un quota important est réservé au service de maternité. Par ailleurs, pour les deux autres personnes décédées, il s'agit d'un homme de 28 ans à Sétif et d'une femme de 42 ans à Blida. Les deux cas ont présenté, selon le même orateur, des complications respiratoires aiguës. La vaccination ouverte à tous Interrogé sur le gaspillage qui risque d'avoir lieu avec l'utilisation des flacons multi-doses du vaccin A/H1N1, vu la réticence manifestée, le directeur de la prévention au ministère, M. Mesbah, a affirmé que ce produit contient «un conservateur qui prévient contre tout risque de contamination bactérienne et qui lui permet de rester stable et actif plus de 12 heures. Toutefois, une nouvelle note ministérielle est introduite, permettant la vaccination de toute personne le désirant, même si elle n'est pas concernée par le protocole de priorité pour la vaccination. Concernant le plan de vaccination pour le secteur de l'éducation, M. Belkacem a avancé que le dossier santé scolaire est déjà élaboré et devra être soumis prochainement à l'approbation des deux ministres. Le vaccin n'est pas d'origine porcine En outre, M. Mesbah a tenu à mettre un terme aux spéculations portant sur l'utilisation de cellules de porc dans la fabrication du vaccin ayant été, d'ailleurs, à l'origine de la réticence de la population à la vaccination. «Un vaccin à usage humain ne peut être fait qu'à partir d'une souche de virus humain», ajoutant que «les composants du vaccin contre la grippe A/H1N1 sont d'origine humaine». Le retard des résultats de l'autopsie pénalise la campagne de vaccination Quant au décès de la femme médecin de Sétif 30 heures après s'être fait vacciner contre la grippe pandémique, la même source a fait savoir que les responsables du secteur sont également «impatients» de connaître les résultats de l'autopsie qui relève du département de la justice, précisant que «le ministère n'a pas le droit d'interférer dans une enquête». Il a estimé que le retard des résultats de cette autopsie pénalise la campagne de vaccination. Il rappelle, par ailleurs, qu'«il n'y a aucune chance que la mort du médecin soit liée à la vaccination». Il a noté, dans ce contexte, que 10% des personnes atteintes de grippe dans le monde sont des cas sévères ayant nécessité une hospitalisation et des soins intensifs. Le taux de décès parmi ces personnes varie entre 9 à 25%.