Les rencontres entre l'Algérie et l'Egypte, toutes disciplines confondues, surtout dans le sport roi, le football, revêtent un cachet particulier, allant jusqu'à dépasser le cadre sportif et déborder le carré vert, comme c'était notamment le cas lors des deux dernières confrontations comptant pour les éliminatoires combinées de la CAN et du Mondial 2010, marquées par le caillassage du bus de la sélection algérienne à son arrivée au Caire. Ce lâche, regrettable et surprenant guet-apens, résultat d'une haineuse campagne médiatique égyptienne sans précédent, a provoqué carrément un incident diplomatique entre les deux pays «frères». La rivalité entre les deux nations a atteint son paroxysme après l'agression des joueurs algériens en terre égyptienne et les soi-disant événements de Khartoum inventés par les incorrigibles médias d'Oum Eddounia, surtout ces nombreuses chaînes satellitaires qui ont dépassé toutes les limites et les règles de déontologie, et ce, dans le but de justifier l'élimination inattendue des poulains de Hassan Shehata, doubles champions d'Afrique, que l'on pensait imbattables. Certains affirment que le contentieux entre l'Egypte et l'Algérie remonte à la guerre de Libération algérienne avec le refus des Egyptiens d'accueillir et d'en découdre avec la glorieuse équipe du FLN. En effet, la Fédération de la République arabe unie, qui regroupait l'Egypte et la Syrie, sous la direction du maréchal Abdelhakim Amer, numéro 2 du régime nassérien, a refusé de braver l'interdit prononcé par la Fifa qui ne reconnaissait pas ces footballeurs déserteurs de l'équipe du FLN. Même la CAF, présidée alors par le général Abdelaziz Mostafa, un fidèle de Abdelhakim Amer, a choisi d'ignorer cette équipe du FLN pour pouvoir conserver son siège au sein du comité exécutif de la Fifa. D'autres estiment que la rivalité entre Algériens et Egyptiens est née lors des Jeux africains d'Alger en 1978, marqués par le retrait de la délégation égyptienne après les incidents survenus à la fin du match de football entre les Pharaons et leurs voisins libyens. Ce match disputé au stade 5 Juillet s'est achevé en queue de poisson. Une bagarre générale avait éclaté entre les joueurs des deux sélections et le public algérois s'est mis du côté des Libyens, ce qui a déplu aux Egyptiens. Le président Sadate a donné l'ordre de rapatrier manu militari toute la délégation de son pays en invoquant des «raisons de sécurité». Ce qui s'est produit 11 ans plus tard, le 17 novembre 1989 au Caire plus précisément, lors du match qualificatif au Mondial 1990, a exacerbé l'animosité entre les deux nations. Le soir de la confrontation, dans le hall de l'hôtel où était hébergée la délégation algérienne, des incidents ont éclaté entre des joueurs algériens et des fans égyptiens, et provoqué la grave blessure du médecin Ahmed Abdelmouneim Abdelhadi, qui avait perdu un œil en recevant une bouteille en plein visage et porté plainte contre Lakhdar Belloumi, accusé d'être derrière cette grave blessure. Un juge cairote a délivré un mandat d'arrêt international à l'encontre de Belloumi, condamné à un an d'emprisonnement ferme et à une amende de 3 millions d'euros. Ce mandat a été transmis à Interpol et cette affaire n'a connu son épilogue qu'à la veille du match aller de juin dernier entre l'Algérie et l'Egypte. Ce match s'est déroulé dans de très bonnes conditions et dans un fair-play total et l'on pensait que l'heure de la réconciliation a sonné entre les deux nations avant que l'incident du Caire du 12 novembre ne remette tout en cause et nous renvoie à la case départ. Les Verts mènent le bal Les sélections des deux pays se sont affrontées à 26 reprises depuis l'indépendance. Leur première confrontation a eu lieu le 7 juillet 1963 à Oran. C'était un match amical qui s'est soldé sur un score de parité (2-2). Quant au premier match officiel entre les deux pays, il s'est déroulé le 8 septembre 1969 au Caire, pour le compte des éliminatoires de la CAN 1970 organisée par le Soudan. L'EN a été battue par la plus petite des marges (1-0) avant d'être tenue en échec (1-1) lors de la manche retour disputée deux semaines plus tard en terre algérienne. Les deux équipes se sont retrouvées six ans plus tard dans le cadre des Jeux méditerranéens de 1975, organisés chez nous, et le dernier mot est revenu aux Verts qui se sont imposés (1-0) et ont décroché la médaille d'or aux dépens des Français. Les protégés de Rachid Mekhloufi n'ont pas pu remettre ça lors des Jeux africains qu'a abrité notre pays en 1978, en se contentant du nul (1-1) face aux Pharaons, battus deux ans après au Nigeria dans le cadre des demi-finales de la CAN 1980 dans un match à rebondissements. Les protégés de Khalef ont été menés au score (2-0) avant de remettre les pendules à l'heure et de se qualifier pour leur première finale africaine après la série fatidique des tirs au but (4-2). Trois ans plus tard, les Pharaons ont pris leur revanche en se qualifiant pour les Jeux olympiques 1984 de Los Angeles aux dépens des camarades de Fergani. Ces derniers leur ont rendu la monnaie de leur pièce lors de la CAN 1984 en Côte d'Ivoire en les battant avec l'art et la manière (3-1) en match de classement. Cinq ans après, c'est au tour des Egyptiens de se venger en privant les nôtres d'une troisième qualification en phase finale de Coupe du monde. Le même scénario s'est reproduit lors des éliminatoires du Mondial 2002 où les Pharaons n'ont pas pu toutefois se qualifier après le nul concédé à Annaba, ce qui a permis aux Sénégalais de décrocher le sésame pour le Mondial asiatique. Les Verts ont pris une belle revanche sur les Pharaons en 2004 lors de la CAN organisée par nos voisins tunisiens et lors des dernières éliminatoires combinées de la CAN et du Mondial 2010 où les protégés de Saâdane ont brisé le rêve de plus de 85 millions d'Egyptiens et faussé tous les pronostics. Globalement, les Verts mènent le bal. En 26 matches contre les éternels rivaux égyptiens, ils ont obtenu onze victoires. Ils ont également dicté leur loi dans toutes les rencontres jouées sur terrain neutre.