Le suivi de la grève à laquelle a appelé le SNTE n'est pas important dans les différents établissements que nous avons visités hier, en particulier dans la région de Chéraga et de Aïn Benian, à l'ouest d'Alger. Nous nous sommes rendus en effet à l'école primaire Laroussi Hamoud à Chéraga. Dans cet établissement, il n'y a aucun enseignant en grève. Mme Kherchi, la directrice, confirme nos observations en indiquant qu'aucun enseignant n'a suivi le mouvement de protestation lancé par le SNTE. Par contre, deux enseignants de cet établissement nous ont fait part de leurs craintes quant à l'impossibilité d'enseigner les nouveaux programmes décidés pour le primaire. L'application de cette mesure, qui prend effet cette année, sera un peu perturbée par la grève. Dans les autres établissements de Chéraga, le climat est plutôt serein et il n'y a pratiquement aucun gréviste. La surveillante générale du CEM Cherchali Boualem préfère s'étaler sur les difficultés qu'éprouvent les élèves pour maîtriser certaines matières et l'impossibilité matérielle d'appliquer le nouveau protocole d'évaluation qui est généralisé à toutes les classes afin de faciliter le repérage des enfants en difficulté assez tôt dans l'année. «Mais on est coincé par ces différents syndicats qui revendiquent la grève», explique la directrice, ajoutant que son établissement n'est pas concerné par cette grève. «Les cours se poursuivent normalement», conclut-elle. Le surveillant général du lycée Issiakhem de Chéraga estime, pour sa part, que les mouvements de grève répétés «chamboulent» un peu le programme pédagogique. Les enseignants sont partagés sur la question. «On tient à la grève car c'est la seule façon de défendre nos droits qu'on revendique depuis longtemps», explique Mme Bendali, professeur d'anglais. «On vote pour la reconduite la grève bientôt et plusieurs assemblées générales vont avoir lieu pour prendre l'avis des concernés. A partir de là, on décidera», conclut-elle. A Aïn Benian, la grève ne semble pas intéresser les enseignants. Un professeur d'éducation religieuse au lycée d'El Djamila nous précise qu'il est «neutre». «Je ne suis d'aucun parti politique et je n'adhère à aucun syndicat», avoue-t-il, indiquant qu'il a toujours donné ses cours régulièrement. Au lycée Abdelhak Benhamouda, il y a les représentants de différents partis syndicaux (Cnapest, Cla, Unpef, Snte, Satef et Cnec-Snapap). La grève à leur niveau est «individuelle» mais dans leur grande majorité, les enseignants ont travaillé normalement. Contacté par téléphone, le secrétaire général du SNTE nous a précisé qu'«il y a des lycées qui ont adhéré au mouvement de grève de 4 jours car cette grève traduit l'unité d'action des syndicats autonomes de l'éducation nationale». Il nous cite entre autres les lycées de Bordj El Kiffan, le CEM de Bachdjerah où le suivi de la grève a été «important». Le secrétaire général du SNTE estime toutefois que le taux de suivi ne sera connu qu'en fin de journée. Pour les autres syndicats, l'action du SNTE est appréciée différemment. M. Boudiba du Cnapest a estimé qu'il privilégie d'autres formes d'actions, indiquant qu'une réunion au niveau du ministère de l'Education a été tenue hier après-midi pour réexposer la plateforme de revendications. M. Lalioui de l'Unpef a confirmé pour sa part qu'il a assisté à une réunion au ministère de tutelle hier matin pour les mêmes causes évoquées précédemment.