En ce début de rentrée sociale, caractérisé par des tensions multiformes, et face aux appels à la grève lancés çà et là, il semble bien que c'est le corps des enseignants (ou «hommes saignants» comme aiment à les désigner certains) qui s'est le plus mis en évidence. Il faut dire que le Syndicat national des travailleurs de l'éducation (SNTE) a, en optant pour une journée de protestation le jour même de la rentrée scolaire (le 13 septembre dernier) -ce qui constitue une première en Algérie- donné le ton et annoncé la couleur, donnant un avant-goût de ce que pourrait être l'actuelle année scolaire. D'ailleurs, le SNTE compte récidiver en entamant, dès la semaine prochaine, une grève de 3 jours, si jamais un dénouement heureux n'est pas réservé à l'affaire des 9 enseignantes de l'école primaire «Hadj Tigrine» de Leveilley, lesquelles ont été mutées de «manière arbitraire de leur poste», en dépit du fait que rien ne leur était reproché. Pour rappel, cette affaire des 9 enseignantes a commencé à la veille du début de l'actuelle rentrée scolaire. Ayant remarqué de graves dérives de la part de la directrice de l'école en question (cette dernière n'hésitait pas à le contenu de P.V ainsi que d'autres documents officiels en vue de faire accéder les élèves de sa connaissance), outre sa très mauvaise gestion, les enseignantes en question, dont certaines sont à la veille de la retraite, ont saisi, par écrit, la direction de l'éducation de la wilaya d'Alger. Cette dernière ordonnera le déclenchement d'une enquête afin de faire la lumière sur cette affaire et en connaître les tenants et les aboutissants. Et à la suite d'un rapport détaillé de l'inspectrice de la direction de l'éducation de la wilaya d'Alger chargée de mener l'enquête, la directrice incriminée se verra mutée vers un établissement de Sidi M'hamed. Mais là où le bât blesse, c'est que les 9 enseignantes se sont vues, malgré elles, mutées vers différents endroits. La stupéfaction des enseignantes en question et de leurs collègues est d'autant plus grande qu'aucun grief n'a été officiellement retenu contre elles. Manifestant son total soutien aux enseignantes, le SNTE a observé une grève en date du 1er octobre dernier. «Si les 9 enseignantes ne sont pas réintégrées à leur poste, nous comptons lancer une grève de 3 jours au milieu de la semaine prochaine», avertit Abdelhakim Aït Hamouda, secrétaire général de wilaya du SNTE, au cours d'une conférence de presse tenue hier, non sans ajouter que cela restait tributaire de la réunion prévue hier en fin d'après-midi entre MM. Boudjenah et Khaldi, respectivement secrétaire général du SNTE et secrétaire général du ministère de l'Education nationale. Revenant sur la grève qui a eu lieu le 1er octobre dernier, il dira que le taux de son suivi était appréciable. «N'étaient certains facteurs, le taux de suivi aurait été assurément plus élevé. Il y a d'abord les pluies torrentielles qui se sont abattues ce jour-là (certains élèves ne se sont pas rendus à l'école pour cause d'intempéries), ensuite la méconnaissance de la réglementation de la part de certains enseignants lesquels, en voyant que la grève allait avoir lieu le jeudi, redoutaient une défalcation des journées du vendredi et du samedi (ce qui a fait qu'ils étaient réticents), enfin et surtout, les pressions exercées par la direction de l'éducation d'Alger-centre sur les inspecteurs et les directeurs d'école afin qu'ils fassent en sorte que l'engouement pour la grève soit émoussé», tiendra à dire le conférencier, ajoutant que les parents d'élèves de l'école primaire Hadj Tigrine comptaient observer un sit-in au niveau de la direction de l'éducation d'Alger. Si ce sit-in s'avère infructueux, ces parents s'abstiendront d'envoyer leur progéniture à l'école en question «car, argumentent-ils, nos enfants n'arrivent pas à s'adapter aux nouvelles enseignantes désignées pour remplacer celles mutées arbitrairement». L'une des enseignantes mutées et qui était présente à la conférence de presse reviendra sur les procédures qui auraient dues être suivies avant qu'il soit procédé à leur mutation. «Il fallait nous infliger des avertissements, nous faire passer devant un conseil de discipline puis une commission paritaire, or ce ne fut pas le cas», déclarera-t-elle. Un membre du SNTE relèvera une contradiction de la part de la directrice incriminée. «Elle ne rend jamais hommage aux enseignantes. En parlant des félicitations qu'elle aurait reçues de la part des autorités, elle dit que cela atteste du travail qu'elle a effectué au sein de l'école, mais en parlant du terroriste qui est derrière le dernier attentat contre le palais du gouvernement (lequel terroriste a fréquenté les bancs de l'école Hadj Tigrine), elle dit que ce sont des enseignants de la trempe des enseignantes mutées qui sont à l'origine de pareil phénomène ! N'a-t-elle pas poussé le bouchon un peu trop loin ?» s'interrogera l'intervenant en guise de conclusion. B. L.