En embarquant une quinzaine de migrants clandestins vietnamiens pour les acheminer en Grande-Bretagne, cette quinquagénaire française et son fils de vingt ans pensaient sûrement faire d'une pierre trois coups. Et pas n'importe quels coups, s'il vous plaît ! Imaginons un peu que l'expédition soit allée jusqu'au bout. Le fiston aurait empoché la rondelette somme de vingt-quatre mille euros, ce qui s'apparente à une fortune pour un jeune à peine sorti de l'adolescence et sans emploi. Le petit aurait vraiment eu de quoi voir tenir tranquillement pendant des années, et pourquoi pas, prendre le taureau par les cornes en se laissant aller dans quelque aventure professionnelle. Après tout, c'est moins aventureux que de mettre 15 Viets dans sa camionnette au milieu des raviolis et tenter de traverser le tunnel sous la Manche. Mais ce n'est pas à un poste de contrôle aux frontières mais à un barrage de circulation de la ville de Portsmouth que l'attention des policiers a été attirée qui semblait souffrir trop de son poids pour un véhicule transportant deux maigres personnes et quelques paquets de pâtes. Vous savez, Portsmouth, c'est la ville du club de Belhadj et Yebda, mais ceci est une autre histoire. Un peu drôle quand même l'histoire. Pas celle de la ville, mais celle de la maman et du fiston français qui ont voulu aider 16 paires d'yeux tirés à rejoindre la Perfide Albion et accessoirement quitter la France. Elle est encore plus drôle quand on sait que la brave dame est une élue, une conseillère municipale plus exactement. S'il s'agissait d'aider de pauvres vietnamiens en détresse, il aurait sûrement été plus simple pour Madame la conseillère municipale de les aider à s'installer en France. Mais voilà, il ne s'agit pas de ça du tout, puisqu'elle n'aurait joué qu'un rôle d'intermédiaire dans une transaction beaucoup plus terre à terre : une traversée contre du «blé». Et c'est ce qui lui a valu la clémence du tribunal qui ne l'a condamnée qu'à un an de prison contre cinq pour son fils dont le délit, commis à des fins d'intérêt, est établi. Imaginons encore une fois que l'opération ait réussi. Vingt-quatre mille euros, seize Vietnamiens heureux de voir enfin le bout du… tunnel et surtout une belle histoire à raconter par la suite. Une histoire où il ne sera pas question d'argent, bien sûr. Seulement de courage, si ce n'est de témérité, d'aventure plus ou moins romancée et un soupir, si ce n'est une larme pour ces enfants vietnamiens qu'on n'a plus jamais revus. Que deviennent-ils ? Cela aussi est une autre histoire. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir