Le défenseur international de l'ES Sétif, Abdelkader Laïfaoui, revient sur le parcours des Verts durant la dernière CAN A votre retour d'Angola, qu'est-ce qui a changé pour vous ? Ce qui a changé pour moi ? Il est clair qu'en tant que joueur de l'équipe nationale , je ne cesse de recevoir les encouragements de la part de tous ceux qui ont été derrière nous à travers notre participation en Coupe d'Afrique des nations. Les gens m'accostent partout pour me faire part de leur grande fierté par rapport à tout ce que nous avons entrepris en Angola. Ça fait vraiment chaud au cœur. Vous avez eu droit à un accueil digne des seigneurs. Vous attendiez-vous à cela ? Honnêtement, non. Je peux même vous dire que j'étais surpris de voir tout ce beau monde nous attendre à notre arrivée à l'aéroport d'Alger avec en première ligne le Premier ministre. Je pensais que notre lourde défaite face à l'Egypte en demi-finale avait tempéré l'enthousiasme des gens, bien que cette déconvenue était due à un arbitrage catastrophique. C'était loin d'être le cas. Au contraire, ils étaient encore plus fiers de nous. En quelques mots, comment jugez-vous votre parcours durant cette CAN ? Pour une nation qui atteint le dernier carré après avoir raté deux éditions de suite, je pense que le bilan est largement satisfaisant. On a quand même réussi à faire des matches très intéressants, à l'exemple de ceux contre le Mali et la Côte d'Ivoire qui étaient les grands favoris de la CAN. On est fiers d'avoir conduit l'Algérie à une demi-finale de Coupe d'Afrique après vingt ans d'absence à ce niveau. Racontez-nous comment vous avez vécu ensemble toute cette période, à commencer par le stage précompétitif en France ? Croyez-moi, ce fut des moments inoubliables. On était comme une véritable famille. L'ambiance entre les joueurs était formidable bien qu'on soit resté ensemble pendant trente-sept jours. Je crois que c'est ça qui a fait la force du groupe pendant cette CAN. La preuve c'est cet esprit de solidarité qui nous a permis de nous remettre de nos débuts catastrophiques face au Malawi, en allant jusqu'en demi-finale. Atteindre le stade de la demi-finale était-il envisageable pour vous avant ce tournoi ? Je vous mentirai si je vous dis qu'on s'était fixé cet objectif. En fait, le plus important pour nous c'était de passer le cap du premier tour. Une fois cet objectif atteint, on s'est dit qu'on n'avait plus rien à perdre. On avait le quart de finale contre la Côte d'Ivoire sans aucune pression. On a fait un match parfait. On a joué avec tout notre cœur. On a essayé de rééditer cette performance face à l'Egypte, malheureusement, comme tout le monde a constaté, on est tombé sur le piège de l'arbitrage. Mais globalement, je pense qu'on a prouvé notre statut de mondialiste. Maintenant, il faudra bien préparer le Mondial afin d'y faire bonne figure. Vous avez été titularisé durant cette CAN à un poste inhabituel, à savoir arrière droit. Comment cela a pu se produire ? Pour être franc, je n'ai jamais imaginé qu'il viendra un jour où je jouerai dans ce poste. Car, depuis que je joue au foot, j'ai toujours évolué dans l'axe de la défense. Mais comme face au Mali, Saâdane avait besoin de quelqu'un pour couvrir le flanc droit de la défense, il a vu que je pouvais faire l'affaire. Pour l'intérêt de mon pays, je ne pouvais pas refuser. Pourtant, c'était un risque pour un joueur qui n'a jamais tenu un tel rôle durant sa carrière. Comme arrière droit, vous avez rarement participé aux actions offensives de votre équipe. Est-ce les consignes de Saâdane ? Quand le sélectionneur m'a demandé de jouer comme arrière droit, j'ai posé une seule condition. Je lui ai dit que je me consacrerai uniquement à des tâches défensives car, je n'étais pas apte à jouer en dehors de ma zone. Il m'a dit que cela lui convenait justement. Je n'avais donc qu'à défendre comme je le fais comme stoppeur, sauf que je me suis retrouvé sur le côté droit de la défense. Etes-vous prêt à cette reconversion à l'avenir ? Tant que Saâdane me le demande oui, mais dans mon club, je ne pense pas le faire. Car je me sentirai très mal à l'aise. Saâdane a déclaré qu'il ne renforcera pas son effectif de plus de deux joueurs. Un commentaire ? C'est lui le chef, il connaît le mieux son équipe. Je n'ai pas de commentaires à faire à ce sujet. On imagine que participer au Mondial est un rêve d'enfance pour vous. N'est-ce pas ? Et comment ! Participer à une Coupe du monde n'est pas à la portée de tout le monde. J'espère incha Allah avoir cette chance que beaucoup de grands joueurs n'ont pas eu durant leur carrière. Mais le plus important c'est que l'Algérie réussisse de grandes prestations en Afrique du Sud, car notre football a besoin de ça pour se revitaliser.