L'augmentation du prix du sucre sur le marché international ne justifie pas sa hausse sur le marché national. Car, expliquent des chefs d'entreprises et des économistes, les importateurs connaissent les fluctuations de la bourse et définissent un prix moyen annuel de vente qui doit être valable pour une année. Dans le cas où les importateurs venaient justifier cette forte hausse des prix qui ont atteint les 100 DA/kg au niveau du commerce de détail, il serait logique de s'attendre à une baisse des prix lorsque son prix sur le marché international connaît une baisse. Certains économistes pensent qu'il s'agit d'une pression exercée par les importateurs qui sont obligés, depuis août 2009, de recourir au crédit documentaire comme moyen de payement des importations. Provoquer des pénuries sur le marché est une réponse des importateurs à l'imposition de la lettre de crédit, pense un chef d'entreprise. Après l'augmentation des prix des légumes secs, les cinq derniers mois, qui ont fini par reculer suite à la baisse de la demande, selon certains grossistes, le sucre enregistre une flambée de prix, qui sera suivie par d'autres produits importés. En l'absence du Conseil national de la concurrence, la porte est grande ouverte pour la spéculation. Des spécialistes n'arrivent pas à expliquer pourquoi ce conseil, cré» en 2003, n'est pas encore installé. Et pourtant, «seuls quelques détails techniques restent à finaliser en plus de la désignation de ses membres». La loi sur la concurrence sera encore modifiée pour permettre enfin l'installation de ce conseil, prévue, selon une source proche du dossier, avant la fin de l'année en cours. La hausse des prix des boissons injustifiée Par ailleurs, la décision des entreprises de la filière boissons qui se sont précipitées à revoir les prix de vente à la hausse est également injustifiée, selon les chefs d'entreprise. Ils pensent que les entreprises ne doivent pas procéder à la révision des prix de leurs produits suite à une hausse conjoncturelle de certaines matières premières, car les prix de vente sont définis selon une péréquation et en rapport avec le pouvoir d'achat. Pour l'Association des producteurs algériens de boissons (Apab), les fabricants de boissons n'ont fait que répercuter une hausse du prix qui a atteint 60% sur une année. Ceci sous-entendra que les autres entreprises des produits agroalimentaires qui utilisent de grandes quantités de sucre dans la production décideront d'augmenter les prix dans les prochains jours. Or, ce n'est pas le cas pour certaines entreprises qui affirment maintenir les mêmes prix que ceux de 2009. Selon Réda Amrani, expert en industrie, tous les produits utilisés par les entreprises de la filière boissons sont importés. Cette filière, en constante expansion, doit être développée à travers l'encouragement de la production nationale des essences et de la poudre d'orange notamment. Pour le président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), Nacer Eddine Kara, l'industrie agroalimentaire algérienne connaît beaucoup de faiblesses et accuse un important retard en termes de qualité et de respect des normes internationales. Avec la rude concurrence, les entreprises doivent améliorer la gestion des coûts. Il pense que la mise à niveau des entreprises et la maîtrise des coûts de production peuvent contribuer à l'amélioration de la compétitivité des entreprises algériennes. Or, beaucoup de PME préfèrent travailler dans l'informel, a-t-il regretté, citant l'absence de factures chez les commerçants de gros et de détail des produits commercialisés. A l'occasion, il indique que l'interdiction temporaire d'importer certains produits dans le cadre de la Zone arabe de libre-échange ne serait pas bénéfique pour les entreprises puisque ces mêmes produits seront importés d'autres pays.