Le marché du sucre est tellement instable que les grossistes et les détaillants s'approvisionnent en très faibles quantités. Le produit boursier connaît actuellement sur le marché national de fortes fluctuations qui ne sont justifiées par les commerçants que par «la spéculation». Certains grossistes ont même décidé de boycotter le sucre jusqu'au retour de la stabilité des prix. D'autres, par contre, soucieux de satisfaire leurs clients, ont opté pour un approvisionnement pour des durées de deux à trois jours. Auparavant, nous nous approvisionnions pour une durée d'un mois, mais avec l'importante augmentation des prix, conjuguée à une fluctuation quotidienne, «nous préférons acheter deux quintaux uniquement pour éviter les pertes en cas d'une nouvelle importante baisse des prix», explique un grossiste. Le prix actuel du sucre varie entre 88 et 95 DA/kg chez les grossistes et entre 95 et 100 DA/kg chez les détaillants. Les commerçants accusent ouvertement les grossistes de Oued Smar d'être les manipulateurs du marché. Disposant d'importants dépôts, ces grossistes peuvent aisément influer sur les prix en écoulant de faibles quantités sur le marché. Au lieu d'alimenter le marché en quantités suffisantes, ces grossistes temporisent et écoulent de faibles quantités pour maintenir les prix en hausse, témoignent des commerçants. La hausse du prix du sucre n'a pour origine que l'augmentation de son prix sur le marché international, a expliqué un importateur. Cette hausse a pour cause le recul de la production dans certains pays exportateurs et l'utilisation du sucre comme biocarburant dans d'autres. En une année, le prix d'une tonne de sucre a grimpé de plus de 100%, a indiqué le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, pour qui les importateurs ne font que répercuter les prix sur le marché international. Mais ce que n'arrivent pas à expliquer les ménages c'est le maintien des prix élevés même lorsque les cours du sucre sont en recul. «Une fois les prix augmentés, ils ne seront plus ramenés à la baisse», soulignent des ménagères. Il y a une semaine, les cours du sucre ont enregistré leur baisse, retrouvant leur niveau de décembre. Mais, selon les prévisions des analystes, «les prix devraient rebondir à court terme», grâce à «des niveaux d'importation robustes en Asie, alors que la récolte brésilienne pourrait décevoir». A Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en mai valait 662,60 livres vendredi contre 705,80 livres la tonne pour la même échéance vendredi dernier et 733,40 livres la tonne pour vendredi d'avant. Sur le NYBoT américain, la livre de sucre brut pour livraison en mai valait 23,46 cents contre 25,70 cents pour la même échéance une semaine plus tôt. Cette baisse est conjoncturelle et ne permet pas de prédire l'évolution des prix sur le marché national, affirme un grossiste. «Hausse ou baisse, c'est au jour le jour chez les grossistes», témoigne un commerçant qui a relevé la régression de la demande des ménages. Au lieu d'acheter deux ou trois kilogrammes, un grand nombre de famille a réduit sa consommation en sucre, a-t-il ajouté. Pour rappel, la demande nationale est de 600 millions de tonnes/an, soit une consommation moyenne de 24 kg/habitant/an. Par ailleurs, suite à l'importante hausse du prix de ce produit boursier sur le marché national, le ministère du Commerce n'écarte pas la possibilité de le subventionner en attendant l'augmentation des capacités de raffinage des entreprises algériennes spécialisées dans cette filière, à l'image de l'entreprise privée Sorasucre qui compte augmenter ses capacités de production à 300 tonnes/jour.