Les avis divergent à propos de la fête de la Saint Valentin. Inexistante dans notre société et ancrée depuis peu dans nos moeurs, cette fête devient de plus en plus une habitude annuelle, voire «un rituel important» pour certains. C'est le cas de Dounia G., une étudiante, pour qui la Saint Valentin est partie intégrante de la relation amoureuse. «Il est clair que je serai peinée que mon fiancé oublie de marquer le coup, ne serait-ce que par une fleur ou par une carte sur laquelle il m'exprimera ses sentiments», rétorque notre étudiante de 23 ans, estimant que le principe n'est pas de se ruiner en offrant des cadeaux coûteux mais de ne pas oublier ce jour. Il est arrivé à Dounia de fêter ce jour à la bibliothèque. Ce qu'elle trouvait très sympathique. Ce jour ne concerne pas seulement les jeunes amoureux mais aussi les moins jeunes. Dahmane M., la cinquantaine, raconte qu'il lui arrive d'offrir un bouquet de fleurs à son épouse, bien que cela ne soit pas un geste annuel. Ahmed S., du même âge, nous explique, non sans un sourire sympathique, que sa moitié lui a exigé un cadeau ce jour. Chose qu'il va faire pour lui faire plaisir. «Si cela peut la rendre heureuse, pourquoi pas», a-t-il estimé. Si certains fêtent la Saint Valentin, d'autres par contre n'en sont pas très adeptes et trouvent l'idée «banale» et sans grande signification. Noureddine B., un trentenaire célibataire résidant à Paris, juge que la St Valentin n'est qu'une fête commerciale. «Comme si les sentiments devaient être institutionnalisés ! C'est la contradiction même du principe émotionnel ! Libre de tout raisonnement !», témoigne-t-il, ajoutant qu'actuellement, l'économie de marché veut tout rationaliser sous l'étiquette aberrante du profit. Noureddine vise les fleuristes et «les chocolatiers» qui «ont des raisons de se réjouir». Mais l'amour doit-il avoir «un jour» ? Le même témoin s'est étalé sur le fait qu'on commercialise l'amour, dans le sens où cette fête des amoureux n'est pas différente des réclames lancées via les SMS à coups de questions absurdes du genre «envoie amour au 082222 et tu sauras s'il/elle t'aime», avec derrière, bien entendu, un portefeuille en peau de chagrin... ou des voyances de plus en plus destinées aux bobos amoureux. «On commercialise les sentiments et on appauvrit les gens», dit-il, scandalisé. Un autre témoin du même âge, Mehdi H., abonde dans le même sens, jugeant qu'il n'y a pas d'intérêt de prouver son amour avec une boîte de chocolat. En outre, ce jour manque de suspense et de surprises. «Et ce, dans le sens où si ma partenaire sait que je vais lui offrir un cadeau, l'effet de surprise disparaît et l'acte d'offrir se banalise», continue notre interlocuteur. A son avis, on ne prévient pas à l'avance quand on veut faire plaisir à sa moitié. Bref, «quand on aime, c'est pour toute la vie et non pour un seul jour», a-t-il jugé, enchaînant que l'amour est un simple sentiment et si on commence à fêter les sentiments humains, la liste annuelle sera infinie. Une «fête des autres» «Non seulement cette fête est une perte de temps mais aussi - et c'est ce qui est inadmissible - un copiage des Occidentaux», relève Yahia H., un jeune de 35 ans. «Les musulmans ne doivent pas fêter ce jour qui ne fait partie ni de notre religion ni de nos mœurs. Alors je ne vois pas pourquoi on doit suivre les autres pour ouvrir son cœur. Il y a mille et une façons de prouver ses sentiments», a-t-il conclu.