Dans une commune de la périphérie de Annaba, une dizaine de femmes se sont mises en grève de la faim devant le siège de leur APC parce que leurs noms ne figurent pas dans la liste des «bénéficiaires» de logements sociaux fraîchement publiée. Dans une autre commune, de Blida cette fois, une autre liste publiée a donné lieu à de vives contestations de citoyens qui se sont rassemblés devant le siège de la daïra. A Constantine, le relogement de 27 familles - sur plus de 700 - d'un bidonville de l'avenue Roumanie a suscité de violentes protestations. De nombreux prétendants à la formule AADL inscrits depuis bientôt une décennie attendent toujours et accusent expressément les responsables d'avoir substitué des noms aux leurs. En dehors des logements promotionnels que les acquéreurs paient rubis sur l'ongle, pas une «attribution», pas un seul «recasement» ne se font dans le calme. Les listes de «bénéficiaires» de logements sociaux ou participatifs rendues publiques chaque jour que Dieu fait à travers le pays ne sont peut-être pas toutes contestables si tant est qu'on ne peut contester que celles contenant des noms qui ne méritent pas d'y figurer. Mais c'est rarement le cas. C'est que la demande est d'une telle ampleur, l'offre si peu consistante, les critères d'attribution si peu rigoureux et les conditions de sélection si opaques que le cercle vicieux s'est maintenant confortablement installé en la matière : pas assez de logements, trop de demandeurs, enquêtes sociales pas toujours nettes, publication de listes avec des nombres insignifiants par rapport aux candidats, contestations, recours, promesses… et ça recommence ! Pourtant, il n'y a pas que le grand écart qui existe entre les disponibilités et les besoins qui posent problème. Si les listes ne sont pas toutes contestables dans le fond, les contestations sont, elles, toujours justifiées. Quand on reloge, comme à Constantine, 27 habitants d'un bidonville sur 717, on ne peut pas demander aux 690 déçus d'accueillir la nouvelle avec le sourire et d'aller féliciter les heureux élus, même si ensemble ils ont vécu la même infortune pendant des années. Surtout qu'ils savent qu'on va leur demander d'attendre un hypothétique nouveau programme où ils ne sont même pas sûrs de figurer. Quand on découvre rapidement qu'un bénéficiaire de logement social l'a revendu ou loué quelques mois après son attribution, quand on découvre qu'une grande partie de ceux qui viennent d'avoir leur logement sont liés au P/APC, comme ça a l'air d'être le cas à Annaba, quand on sait que des fonctionnaires ont eu un appartement dans chaque wilaya et que l'essentiel des disponibilités à la location est constitué de logements sociaux, ça ne rassure pas vraiment. Et ça recommence. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir