Selon une étude réalisée au sein de nombreux pénitenciers du pays et révélée par l'association AnisS de lutte contre les IST/sida et de promotion de la santé, le trafic des stupéfiants ferait rage dans les prisons et serait même l'une des causes de transmission les plus virulentes de ce fléau en Algérie. les résultats de cette étude démontrent que la quasi-totalité des sujets interrogés consomment ou ont consommé des psychotropes (cachets) avec un taux de 97% (Annaba 99%, Alger 98%, Oran 94%), suivis du kif/cannabis qui reste, de loin, la deuxième drogue consommée avec un taux de 93% des usagers enquêtés (Annaba 87%, Alger 96%, Oran 95%), du sirop Codéine/Périactine dont la consommation est retrouvée chez 48,4% des enquêtés. «Les usagers de drogue injectable ont de tout temps constitué un groupe exposé à la contamination par le VIH/sida et l'hépatite C. Ainsi, 30 à 40% des utilisateurs de drogues injectables au Maghreb seraient contaminés par le VIH/sida. Cet état de fait est expliqué par les conduites à risque des injecteurs qui partagent leurs seringues ainsi que le matériel d'injection en absence totale des règles élémentaires de stérilisation, assure le Dr Scander Soufi que nous avons pu joindre par téléphone. Cette information figure d'ailleurs dans le compte rendu d'une étude réalisée par le programme commun de lutte contre le sida des Nations unies (Onusida) auprès de toxicomanes résidant au niveau de trois villes algériennes : Oran, Alger et Annaba. Dans un communiqué adressé à l'opinion publique par l'association AnisS, cette étude devrait être présentée aux participants à la rencontre régionale du Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena), qui a débuté hier et qui se prolongera jusqu'au 10 février courant à Rabat (Maroc). Cette encontre est consacrée à l'élaboration des stratégies et politiques nationales de réduction du risque du VIH/sida chez les usagers de drogues injectables de chacun des pays de la région citée. Elle est organisée à l'initiative de l'OMS et du Menahra, un réseau d'experts et organismes ayant pour mission la réduction du risque sida dans la région Mena. Y prennent part les différents organismes gouvernementaux (ministères de la Santé et offices de lutte contre la drogue) des pays concernés. Indiquons que l'association AnisS est la seule association algérienne invitée à cette rencontre. Commentant les résultats de cette enquête, AnisS s'inquiète de l'usage de la drogue en Algérie qui est passé d'une terre de simple transit à une terre de consommation. L'Algérie terre de consommation La consommation de drogue prend depuis quelques années des proportions alarmantes en Algérie, le pays n'étant plus une terre de transit mais de consommation. Cette consommation concerne aussi bien les drogues douces (cannabis ou hachisch et opium) que les drogues dures telles que l'héroïne et la cocaïne en passant par les produits médicamenteux tels que les sirops Codéine, Périactine ou bien le Tamgesic/Subutex, déplorent les responsables de ladite association. Ces mêmes responsables soulignent que la consommation de Tamgesic/Subutex qu'on retrouve chez 43,5% des usagers de drogue interrogés (Annaba 52%, Alger 58%, Oran 20%) dépasse celle de l'héroïne qui est prisée par 36% des addicts interrogés (Annaba 32%, Alger 51%, Oran 26%), de la cocaïne (35%) et de l'opium (23,5%). L'étude fait également état de la vente de ces produits dans les prisons où leurs prix seraient plus élevés que dans la rue ou dans les pharmacies. En ce qui concerne le lien étroit entre l'usage de drogue injectable et VIH/sida, l'enquête prouve également que l'usage partagé des seringues est particulièrement incriminé.