La démocratie des petits pas en Afrique serait-elle qu'une légende ? Excepté la bonne nouvelle qui nous parvient du Soudan, un accord cadre entre le gouvernement de Khartoum et un important groupe rebelle au Darfour devrait être signé incessamment, le continent noir continue de virer au rouge sang. Par où commencer ? D'abord par la Guinée où un procureur de la Cour pénale internationale vient d'avoir le sentiment que des crimes contre l'humanité ont été commis lors de la répression par la junte militaire d'un rassemblement de l'opposition au stade de Konakry. Rappellez-vous, la massacre avait fait 157 morts et le premier responsable n'était autre que le capitaine Dadis Camara qui, au jour d'aujourd'hui, se trouve au Maroc, officiellement, pour des soins qui n'en finissent pas. A s'en tenir aux promesses du procureur de la CPI, l'ex-chef de la junte militaire sera traduit ou devant la justice de son pays ou devant la cour de La Haye. Ce qui obligera le royaume chérifien à le livrer par le premier charter. D'ici à ce que le procès du «boucher de Conakry» se tienne, les regards ne savent plus sur quel autre événement tragique se poser. Les images inédites mais si abominables que la chaîne satellitaire Al Jazeera a diffusées récemment, montrant des exécutions en live de civils musulmans par la police nigérienne, méritent un arrêt. Sinon une interminable méditation alors que la bataille féroce autour de la succession au président Yar'Adua, qui se soigne lui aussi chez les Saouds, tient l'essentiel de l'actualité. Doit-on s'attendre à un second procès qui se déroulerait plutôt à Abudja ? Il faut patienter pour le voir se tenir ou se retourner dès à présent vers la Côte d'Ivoire, proie à de nouvelles violences. Pour avoir réclamé le rétablissement de la commission électorale indépendante, dissoute en même temps que le gouvernement par le président Laurent Gbagbo, des manifestants ont été chargés à balles réelles. Quatre morts et un Premier ministre qui n'a que quelques jours pour former son nouveau gouvernement, le pouvoir en place est le seul habilité à fixer la date de la prochaine présidentielle. A moins que Laurent Gbagbo déniche à temps la «parade constitutionnelle» pour faire échouer toutes les prochaines tentatives de son éviction du palais présidentiel. Chose que son homologue nigérien, Mamadou Tandja, n'a pas réussi à maintenir en place. Il vient de se faire éjecter du pouvoir par une poignée de putschistes qui, tout comme l'opposition, lui en veulent d'avoir menti sur la date convenue au sujet de son départ de la présidence. Il ne restera pas trois ans de plus, décision prise par des militaires qui rassurent que le président déchu va bien et qui jurent de faire du Niger un modèle de démocratie et de bonne gouvernance. Décidément, la fabuleuse saga Africa n'est pas chose à se démoder demain.