Diable, Avigdor Lieberman est à Bruxelles ! Qu'est-il venu dire aux Vingt-sept, tous tournés vers l'acropole d'Athènes ? Que depuis que Mahmoud Abbas ait refusé l'offre d'Ehud Olmert, soit 97% de la Cisjordanie, l'Etat hébreu s'arroge tous les droits ? Même d'inscrire des lieux saints de l'Islam sur ce même territoire occupé à son patrimoine ? S'il le chef de la diplomatie israélienne a fait ce long voyage c'est que ses motivations sont beaucoup plus importantes. De toute manière, l'homme ne croit pas du tout en la paix des braves ni en celle des lâches. Ne risquant rien vis-à-vis de la justice européenne, l'ultranationaliste n'est pas accusé de crimes de guerre comme le sont certains de ses collègues du gouvernement de Tel-Aviv, il a pu débarquer sur le Vieux Continent sans se soumettre au scanner corporel, à l'essai du côté de l'aéroport parisien Roissy Charles De Gaulle. Lieberman aurait bien pu prendre place dans l'Eurostar pour se rendre à Londres, Gordon Brown a juré ne pas être un tyran avec ses collaborateurs. Moins encore avec ses invités qui n'ont pas Interpol sur le dos. Il est temps de savoir pourquoi l'envoyé spécial de Netanyahu se trouve à Bruxelles. En fait, il doit justifier devant ceux qui veulent bien écouter ses racontars sur l'usage de passeports européens falsifiés dans l'affaire du " Dubaïgate ". Puisque les doutes ne subsistent plus sur l'affiliation du commando, c'est bien le Mossad qui a été derrière l'assassinat du cadre du Hamas. Pis, le Premier ministre aurait même souhaité bon courage aux missionnaires quand leur chef, Meir Dagan, lui ait dévoilé le plan secret. Le plaidoyer de Lieberman va-t-il maintenir les relations euro-israéliennes au beau fixe même si de hauts responsables de l'UE ont présagé une inévitable dégradation ? Il devrait bien s'en sortir. A la fin, pourquoi Israël doit s'attendre au pire de la part de ses partenaires européennes alors qu'il ne devrait pas pâtir d'un contrecoup diplomatique que l'Emirat de Dubaï n'envisagerait pas dans les semaines à venir ? De ce fait, Avigdor Lieberman n'aura pas à agiter hauts ses bras d'ancien vigile pour se faire comprendre. Mieux encore, il veut rentrer à Tel-Aviv avec la certitude que l'idée d'une reconnaissance unilatérale et rapide d'un futur Etat palestinien, qui trotte dans la tête des Européens depuis son lancement par la présidence suédoise de l'UE, soit remise au fond du tiroir. Sur ce point-là, l'Etat hébreu peut faire confiance à François Fillon qui, à partir de Jordanie, a calmé les ardeurs du patron du Quai d'Orsay. En voyage en France, le chef de l'Autorité palestinienne le constatera de lui-même. Plus beaucoup de place à la suggestion de Kouchner, la reconnaissance passera par un processus de négociations que Washington cherche à faire durer les deux prochaines années. Temps nécessaire pour que son allié israélien se dote d'un système de sécurité inattaquable et éliminer d'autres cadres du Hamas où bon lui semble.