Barak Obama met le pied sur l'accélérateur au Moyen-Orient. Il donne trois semaines à Benjamin Netanyahu et Mahmoud Abbas pour reprendre leurs négociations de paix. «Le temps où on se contente de parler d'engager les négociations est révolu, le moment est venu d'aller de l'avant pour atteindre nos objectifs. Les négociations sur le statut permanent doivent commencer, et elles doivent commencer rapidement», dit-il pour leur signifier son «impatience». Le Premier ministre israélien et le président de l'Autorité palestinienne, qui se sont rencontrés pour la première fois depuis que le départ forcé d'Ehud Olmert, lâchent du lest. Ils enverront leurs négociateurs la semaine prochaine à Washington pour des rencontres «séparées» avec George Mitchell qui reste attaché au gel des constructions au moins pour «un an» pour permettre la reprise des pourparlers. Ce dernier qui a mené plusieurs missions infructueuses au Moyen-Orient (Netanyahu refuse de geler la colonisation en Cisjordanie occupée, et Abbas avant ce gel), réussira-t-il à offrir une percée à ces discussions de sourds ? Pas sûr. Les Israéliens, qui se félicitent de cette rencontre tripartite, persistent et signent. «Si le processus de paix doit reprendre, il doit se faire sans conditions et sans pressions», disent-ils. Estimant «peu probable un accord de paix avec les Palestiniens dans les années à venir, -«tout au plus, il serait possible de parvenir à un modus vivendi» selon Avigdor Lieberman- ils promettent à Obama de reconnaître un Etat palestinien tel que défini en juin dernier par Netanyahu, c'est-à-dire sans attributs de souveraineté, de geler au besoin d'un an la colonisation, si, en retour, leur Etat est reconnu comme un Etat juif. L'Autorité palestinienne, qui est attendue au tournant par Hamas aux élections générales, prévues début 2010, rejette ces «nouvelles exigence» et hausse le ton. En sus de «l'arrêt de la colonisation sous toutes ses formes, y compris la croissance naturelle», elle demande l'inclusion lors de la reprise des négociations et au stade où les avait laissées l'équipe d'Olmert, de certaines questions essentielles mais oubliées un moment : le tracé des frontières selon celles du 4 juin 1967, le statut d'El Qods et le sort des réfugiés. «Si les Etats-Unis n'arrivent pas à contraindre Israël de geler la colonisation, qui peut croire qu'ils seront capables de l'amener à se retirer des territoires occupés ou à résoudre des questions comme le sort d'El Qods ou des réfugiés ?», s'interrogent Saëb Erakat, le négociateur palestinien en chef et Nabil Abou Roudeina, le porte-parole de Mahmoud Abbas. Cette interrogation, étayée par les déclarations de mai dernier d'Hillary Clinton : «L'administration américaine vise un gel complet de la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, qui font partie de la zone dont les Palestiniens veulent faire leur Etat et ne fera pas d'exception pour la croissance naturelle», est partagée par plusieurs analystes. Certains émettent des doutes sur la possibilité du président américain qui a promis au monde arabe et musulman un accord rapide, juste et durable au conflit vieux de 60 ans avec Israël, de mener à bien son initiative de paix pour le Proche-Orient. D'autres se demandent si, agacé par le comportement de ses interlocuteurs, il ne songe pas déjà à «se borner» à la gestion du dossier comme ses prédécesseurs. Peu, très peu, d'analystes lui prêtent une intention de relâcher sa pression, quitte à mener les deux parties à une marche forcée. Selon ces derniers, il pourrait ouvrir immédiatement des négociations sur le statut final des territoires palestiniens.