La décision de la justice malienne, qui a agi sous pression des autorités françaises, de libérer quatre terroristes d'El Qaïda en contrepartie de la libération de l'otage français Pierre Camatte a suscité une vive réaction de l'Algérie qui a rappelé hier son ambassadeur, Abdelkrim Ghrieb. Dans une déclaration rendue publique hier, le ministère des Affaires étrangères a indiqué, par la voix de son porte-parole, que l'Algérie a décidé de rappeler pour consultation son ambassadeur à Bamako en réaction à la décision du gouvernement malien de procéder à la libération de quatre terroristes qu'il détenait sous le prétexte fallacieux qu'ils ont été jugés et ont purgé leur peine. «Suite à la décision du gouvernement malien de procéder à la libération de quatre terroristes qu'il détenait sous le prétexte fallacieux qu'ils ont été jugés et ont purgé leur peine, le gouvernement algérien a décidé de rappeler, pour consultation, son ambassadeur à Bamako», a précisé la déclaration. Le gouvernement algérien «condamne et dénonce avec force cette attitude inamicale du gouvernement malien qui a fait fi de la Convention bilatérale de coopération judiciaire signée par les deux pays, et au nom de laquelle la demande d'extradition des deux ressortissants algériens poursuivis par la justice algérienne pour des actes terroristes a été formulée en septembre 2009 et réitérée en février 2010», a ajouté la même source. «Le gouvernement algérien souligne que la décision du gouvernement malien viole les résolutions pertinentes et contraignantes du Conseil de sécurité des Nations unies et les engagements bilatéraux, régionaux et internationaux de lutte contre le terrorisme», a souligné le porte-parole du MAE. Le gouvernement algérien rappelle que la décision du gouvernement malien de libérer des terroristes recherchés par des pays voisins est «un développement dangereux pour la sécurité et la stabilité dans la région sahélo-saharienne et sert, objectivement, les intérêts du groupe terroriste activant dans la région sous la bannière d'Al-Qaïda». La déclaration a indiqué, en outre, que le ministère des Affaires étrangères, «au regard de ces développements dangereux pour la sécurité et la stabilité dans la région sahélo-saharienne, a convoqué l'ambassadeur du Mali à Alger pour lui demander des explications sur cette décision du gouvernement malien». Pour sa part, le gouvernement mauritanien a rappelé son ambassadeur au Mali pour consultation en guise de protestation contre la libération d'un islamiste recherché par Nouakchot. Pour rappel, les quatre terroristes – deux Algériens, un Burkinabé et un Mauritanien – avaient été arrêtés par l'armée malienne dans la région de Kidal. Ils avaient été condamnés à 9 mois de prison pour détention illégale d'armes et de munitions et avaient, de l'avis des autorités maliennes, fini de purger leur peine. Concernant le sort de l'otage français, le secrétaire d'Etat français à la Coopération, Alain Joyandet, il a dit hier qu'il espérait que la libération de Pierre Camatte est désormais «une question d'heures et de jours».