La lutte contre la corruption est au cœur des préoccupations de l'Etat, a souligné le président Bouteflika dans son message aux travailleurs à l'occasion du double anniversaire du 24 février. Le phénomène, dont on sait les proportions inquiétantes qu'il a prises ces dernières années, ne peut en effet qu'interpeller les consciences, et forcément les plus hautes autorités du pays, en ce sens qu'il met en péril la stabilité et la cohésion , outre qu'il porte d'énormes préjudices à l'économie nationale. Dans sa lettre-programme, le président Bouteflika a pointé du doigt le phénomène de la corruption dont l'incrustation insidieuse dans la sphère économique n'est plus un secret pour personne. Ce danger, qui touche pratiquement tous les pays de la planète, risque, dans le cas de l'Algérie, de décrédibiliser entièrement les institutions nationales. Et c'est ce qu'a laissé entendre le président Bouteflika en déclarant, non sans fermeté, que la lutte contre la corruption est au cœur même de l'action de l'Etat. Le ton adopté par le premier magistrat du pays ne laisse aucune ambiguïté quant à sa volonté d'œuvrer sans relâche à l'assainissement de la sphère économique et la protection de l'économie nationale contre toutes les formes de nuisance, essentiellement les pratiques parasitaires et la fraude. Mais cette lutte, avertit d'emblée le chef de l'Etat, ne doit aucunement s'apparenter à des règlements de compte politiques, tout comme elle ne peut être interprétée comme une tentative de salir des réputations. Bien au contraire, «la lutte contre la corruption sous toutes ses formes se poursuivra dans le cadre de la loi», et cette loi est elle-même inspirée de conventions et traités internationaux dont l'Algérie est signataire. L'Algérie dispose en effet d'un arsenal juridique et de mécanismes de prévention à même de contrecarrer le phénomène et rendre caduque toute tentative de porter atteinte à l'économie nationale. Le rôle primordial des travailleurs Le président Bouteflika admet que la lutte contre la corruption n'est pas une tâche de tout repos. Pour être efficiente, elle exige, outre la consolidation du rôle des instances de contrôle à tous les niveaux et dans tous les domaines, «un engagement ferme et sans ambages de tous les travailleurs du secteur économique». Pour le président de la République, il ne fait pas de doute que c'est de la conjugaison des efforts des uns et des autres qu'il est possible d'atteindre le noble objectif de promouvoir durablement l'économie nationale et la débarrasser définitivement de tous les facteurs entravant ses performances. Certes, indique le chef de l'Etat, des moyens considérables tant matériels qu'humains ont été consacrés au renforcement et à la modernisation de l'outil de contrôle, mais ceux-ci ne sauraient suffire à eux seuls à contrer un phénomène social prégnant, conséquent au laxisme et au laisser-aller qui a prévalu des années durant dans les hautes sphères de décision. Il faut coordonner les efforts, affirme le président de la République, qui rappelle que le fléau de la corruption représente un danger sérieux pour l'avenir en ce sens qu'il est de nature à saper tout effort de développement. Autant de raisons qui expliquent la volonté de doter le pays d'un observatoire national de lutte contre la corruption, cette même structure devant servir d'outil de coordination des efforts qui seront entrepris dans ce sens. Cet observatoire viendra en soutien au dispositif existant et en prolongement des mesures législatives et institutionnelles déjà mises en place. Freiner l'hémorragie Lutter contre la corruption, c'est aussi œuvrer à une meilleure efficacité de l'économie nationale, et donc à une transparence en matière de financement des investissements et de transferts de capitaux. Deux maux qui ont valu d'énormes pertes financières à l'Algérie tant les règles n'étaient pas claires, et la volonté quasi-inexistante de freiner l'hémorragie. La crise financière internationale dont les répercussions ont été ressenties à l'échelle planétaire a contraint l'Etat à prendre une série de mesures qui se sont avérées salutaires et pour l'outil de production nationale et pour les finances publiques. En effet, le gouvernement a adopté une loi de finances complémentaire dont le principal intérêt a été de mettre un frein - légal - aux transferts des capitaux, et ce, à travers l'assainissement progressif des opérations de commerce, celles-là même par lesquelles arrivent les scandales. L'autre mesure a trait à la facilitation de la participation de l'entreprise nationale, publique et privée, à l'investissement et à la réalisation des programmes de développement. En parallèle, il a été mis en place des mécanismes régissant l'investissement étranger, le transfert des bénéfices des entreprises étrangères activant en Algérie et la promulgation de dispositions favorisant la production nationale. Cette politique commence aujourd'hui à donner des résultats probants en permettant notamment de réduire substantiellement la facture des importations.