L'incroyable pagaille que nous avons vécue mercredi soir au stade du 5 Juillet n'a sans doute pas de précédent et croyez-en la parole de quelqu'un qui a vécu tous les grands événements qui se sont déroulés dans ce temple du football depuis son inauguration en juin 72 (les fameux Algérie-Tunisie des années 70, Algérie-France des JM 75, MCA-Hafia en 76 la finale de la CAN 90 ainsi que toutes les finales de Coupe de la CAF disputées par la JSK). Jamais au grand jamais je n'avais vu pareil désordre à l'entrée et à l'intérieur d'un stade dont la structure se prête pourtant idéalement à l'organisation d'événements de ce genre, à savoir un simple match amical international qui nécessitait un minimum d'agencement pour accueillir ce public aussi passionné était-il. En fait, le calvaire était déjà aux portes du grand stade, lorsque quatre heures…, oui je dis bien quatre heures, avant le coup d'envoi, des milliers de spectateurs billets en main ne parvenaient pas à accéder dans l'enceinte du stade, parce que toutes les portes étaient hermétiquement fermées en vertu de la fameuse règle du «tout closed», la parade idéale aux situations ingérables et face à laquelle il ne restait à l'extérieur que les forces de l'ordre pour juguler tant bien que mal les troubles provoqués par quelques supporters excédés et frustrés par cette impuissance de faire valoir même un billet de stade acheté pour certains au prix fort du matché noir, qui a bien fonctionné pour ce match Algérie-Serbie. J'ai moi-même échappé à une pluie de projectiles en tentant de me frayer un chemin vers le lieu où les journalistes sont censés accomplir leur mission, et apercevant au passage le minibus des officiels de la CAF transportant les arbitres et qui est resté bloqué au niveau de l'entrée officielle pendant près d'une heure malgré l'escorte qui l'accompagnait, car là aussi le portail était fermé pour, nous a-t-on dit, éviter de se faire déborder par les spectateurs furieux de ne pouvoir entrer au stade. Et lorsque vers 16h30 nous étions enfin à l'intérieur, il nous restait à franchir un autre obstacle de ce véritable parcours du combattant, à savoir l'accès à la tribune de presse devant laquelle une foule était amassée, car il faut savoir qu'au niveau de la tribune en question, il y a surtout des personnes qui n'ont rien à voir avec la presse. Normal me diriez-vous, surtout lorsqu'on fait subir les pires brimades aux gens de la presse avant de les laisser passer lorsqu'ils ne sont pas tout simplement remballés. Et la cerise sur le «gâteau» c'était bien sûr ces flots d'urine qui descendaient du niveau supérieur et que vous deviez essayer d'éviter en rasant le mur à l'entrée du centre de presse. J'avais franchement honte, surtout en voyant cet air hagard de nos confrères serbes qui en ont certes connu des guerres, mais sûrement guère aussi infectes que celle-là dont l'enjeu consistait simplement à accéder à une tribune pour voir ce match Algérie-Serbie. Tout comme ces dizaines de milliers de spectateurs entassés dans les tribunes et certains même dangereusement nichés, comme ces alpinistes de l'extrême, sur les murailles des tribunes supérieures, sans que quiconque ne vienne les dissuader de courir un tel risque. En fait, il y avait largement plus de spectateurs que le stade ne peut en contenir, et je me demandais bien évidemment par quelle miracle cela a-t-il pu se produire ? Soit il y a eu plus tickets mis en vente par rapport à la capacité du stade, soit il y a eu des personnes qui ont acheté des tickets et qui les ont scannés soit, il y a des spectateurs qui sont rentrés au stade sans ticket pour qu'autant de personnes soient restées à l'extérieur avec leur billet en main, alors que le stade du 5 Juillet a très largement débordé de monde mercredi soir. Dans tous les cas, ce rendez-vous international ne constitue certainement pas une référence en matière d'organisation, loin s'en faut.