Photo : Riad Par Amirouche Yazid ce n'est un secret pour personne que l'Algérie accuse un grand retard en matière d'infrastructures sportives. Les stades où se déroulent les compétitions nationales ne répondent pas aux conditions en vigueur ailleurs. Quelques complexes font exception, néanmoins, à l'image du temple olympique du 5 Juillet et du stade du 19 Juin 1956 d'Annaba ainsi que le stade Mustapha Tchaker de Blida. Ces sites offrent, en effet, toutes les conditions pour abriter des rendez-vous footballistiques de grande envergure. Hors ces sites, il est difficile de trouver une arène où recevoir dans la fierté une formation venue de la très proche Tunisie. Le déficit est plus visible à Alger qu'ailleurs. La capitale est pauvre en matière de stades. Les clubs algérois se disputent des stades vétustes et «minuscules». La demande est énorme, notamment avec la montée de quelques clubs qui veulent prendre place dans les premiers paliers. Face au nombre grandissant de clubs de la capitale, l'état des infrastructures n'a pas évolué. Il n'y avait que des promesses. Le stade Issad Ferhani fait partie de ces promesses. Lancé dans la perspective de réduire la souffrance de la jeunesse algéroise, le projet n'intégrera pas le paysage hebdomadaire du football national. Les travaux de construction du stade, implanté à Bab El Oued (Alger), ont été entamés en décembre 2003 pour un délai de réalisation fixé à 15 mois. Le projet ne verra le jour que cinq ans plus tard. Il aura fallu attendre le printemps 2009 pour que le stade Ferhani soit inauguré. Qui usera de cette enceinte sportive ? Personne ne détient la vérité. Mais ce qui est clair, c'est que le stade n'est pas en mesure d'abriter un match de football car l'enceinte ne répond pas aux normes. «Il n'y aura pas de derbies», déclare la directrice de la jeunesse et des sports de la wilaya d'Alger. Rien de surprenant dans le propos. La mesure est préventive. L'utilisation du stade sera, ainsi, réduite aux séances d'entraînement. Une question demeure, souvent, à l'ordre du jour : qui aura la gestion du stade ? Une commission a été installée pour trancher la question. Une réunion devait regrouper les parties concernées pour décider de la gestion de la structure. Mais, pour les responsables de la DJSL, les choses semblent être scellées : «Aucun club n'aura à le gérer. Le MCA pourra seulement s'y entraîner», insistait l'ancienne directrice. Mais le doyen des clubs algériens ne désespère pas d'arracher la gestion de l'enceinte sportive. Argument : le club ne dispose pas de stade, notamment depuis la fermeture du 5 Juillet. Le vœu de la direction mouloudéenne a d'insignifiantes chances de se concrétiser. Mais, voilà que cette dernière fait part de «garanties solides de la part du ministère de la Jeunesse et des Sports quant à la gestion du stade Ferhani». Il a été, dès lors, demandé aux dirigeants mouloudéens d'aller «formaliser» l'accord avec l'APC de Bab El Oued. L'actuel président du MC Alger, M. Sadek Amrous, a annoncé récemment que le stade Ferhani serait bel et bien la propriété du Mouloudia, en vertu, justifiera-t-il, de la promesse du président de la République lors de sa tournée dans la capitale. La partie est loin d'être facile à disputer. Il faudrait, également, éviter de tomber dans la situation vécue par l'USMA et l'APC de Bologhine concernant la gestion du stade Omar Hamadi. De 18 000 à 3 000 places L'espoir des responsables et des supporters mouloudéens de s'approprier l'infrastructure s'est évaporé à mesure que la qualité de l'œuvre livre ses secrets. Entre le standing du stade promis et celui qui était en cours de réalisation, la différence est énorme. La proximité de l'enceinte d'un quartier surpeuplé n'est pas visiblement le seul inconvénient. La taille du stade a été rétrécie. L'ancienne étude de réalisation prévoyait 4 tribunes. Avec les réaménagements apportés par les études ultérieures, la capacité du stade a été réduite. «Les tribunes C et D qu'on devait construire sur des pieux ont été supprimées pour des raisons liées aux eaux de la mer. Il en résulte que la capacité actuelle du stade n'est que de 3 500 places, contre les 18 000 initialement prévues», avait expliqué l'ancienne DJSL. Résultat : le stade ne peut être celui de l'élite, ni pour le déroulement d'une compétition nationale ni pour la préparation des sélections nationales. Pour l'attribution de l'exploitation de l'enceinte, la DJSL semble tenir à sa gestion, comme l'atteste la désignation de quatre cadres chargés du fonctionnement du site. Mais, en glissant d'une capacité de plus de 30 000 places promise avant le lancement des travaux à une faible contenance, le site a perdu de sa valeur et de son utilité sportive. La réduction du standing du stade n'a pas, cependant, calmé les ardeurs et l'appétit des candidats aux locaux se trouvant autour du site. Les locaux commerciaux sis sous les gradins du stade Ferhani suscitent, en effet, toutes les convoitises au point que le premier avis d'adjudication lancé récemment n'a pas abouti. Ce qui a nécessité un second avis invitant les intéressés à postuler pour l'un des 13 locaux commerciaux dont l'activité commerçante est préalablement définie par la régie foncière de la wilaya d'Alger. Aujourd'hui, au moment où nombreux sont les acteurs du monde du sport à souhaiter une large exploitation de l'enceinte, de nouvelles «contraintes» se font jour à d'autres niveaux. Les travaux de structures ne posent plus de problèmes majeurs. Qu'il s'agisse des terrains, des pistes d'athlétisme ou des salles omnisports, le site est prêt à accueillir les sportifs. «Ce qui est une grande avancée», estiment les amoureux de la balle ronde à Alger. Mais, un problème d'une autre nature a surgi depuis. Il est venu retarder l'exploitation de l'infrastructure. L'opération portant location des locaux commerciaux qui se trouvent au bas des tribunes demeure au stade «infructueux». 14 locaux commerciaux n'ont pas encore trouvé preneur malgré les deux appels d'adjudication lancés par la régie foncière de la ville d'Alger. Au moment où plusieurs parties attendaient les résultats de l'appel d'adjudication, la régie foncière de la ville d'Alger annonce que «la commission d'évaluation et d'attribution des locaux, à l'issue des travaux d'ouverture en date du 23 mai, a déclaré l'avis d'adjudication infructueux». Pourquoi ? La régie foncière explique la non-attribution des locaux par le fait que «la moitié n'a pas fait l'objet de soumission». Cette situation a manifestement bloqué la mise en service des locaux commerciaux qui aurait créé une certaine dynamique dans la localité. Sur le plan sportif, rien de significatif ne va changer à quelques jours seulement du coup d'envoi du championnat qui verra, encore une fois, les équipes algéroises chercher où recevoir leurs adversaires. Les promesses et les projets de construction de grandes enceintes sont en train de décevoir les amoureux du sport national. Cette incapacité à bâtir de grands stades est justement source de déception, à la fois légitime et compréhensible, quand on constate ce qui se fait un peu partout à travers le monde où des pays, y compris ceux qui sont moins nantis économiquement que l'Algérie, améliorent constamment la qualité de leurs infrastructures sportives. A quelques heures seulement du début de l'exercice 2009/2010, la question revient avec acuité dans la mesure où des équipes de la capitale ne savent pas encore où évoluer. Le calendrier des premières journées du championnat, récemment communiqué sur le site officiel de la Ligue nationale de football confirme, une fois de plus, que ce n'est pas demain le bout du tunnel pour la question des enceintes sportives à Alger. Dans la cage de domiciliation du MCA et du NAHD, on trouve un trait énigmatique. Les deux clubs ne possèdent pas de stade où accueillir leurs hôtes. La situation est d'autant plus embarrassante que les pouvoirs publics ne comptent ouvrir les portes du complexe olympique Mohamed Boudiaf à aucune équipe. Selon le ministre de la Jeunesse et des Sports, El Hachemi Djiar, le stade du 5 Juillet -qui rouvrira ses portes dans une semaine à l'occasion de la joute amicale Algérie-Uruguay-, ne sera utilisé que par l'équipe nationale de football.