Depuis le mois de janvier 2010, les ventes d'automobiles sont en chute libre en Algérie, en dépit des campagnes publicitaires alléchantes engagées par les différents concessionnaires. Selon le président de l'association des concessionnaires de voitures, Mohamed Baïri, la baisse globale est estimée à 20% par rapport à l'année 2009. En effet, le marché de l'automobile connaît une véritable crise actuellement, en raison notamment des décisions prises par les pouvoirs publics telles que la suppression du crédit à la consommation. Pour le président de l'AC2A, le crédit véhicule n'est pas la raison principale de la chute des ventes durant les deux premiers mois de l'année 2010. « Environ 20 000 voitures sont vendues par crédit bancaire annuellement. Cela représente 20% de l'ensemble des ventes réalisées par les différents concessionnaires. Il y a d'autres paramètres qui ont contribué à la baisse des ventes», a tenu à expliquer M. Baïri. Il s'agit particulièrement de la conjoncture économique mondiale caractérisée par une crise influant directement sur le comportement des consommateurs algériens, temporisant pour dépenser leur argent sur les produits de consommation, entre autres, les bagnoles. Dans une période de disette, les Algériens préfèrent épargner leurs ressources. Toutefois, le vice-président de l'AC2A, M. Hassaim, a confié que les importateurs de voitures commencent à sentir sérieusement les effets de la LFC 2009, qui a bouleversé le monde des affaires et du commerce, à telle enseigne que le Fonds monétaire international (FMI) a sollicité, il y a quelques jours, le gouvernement algérien de relancer le crédit à la consommation dans le but de soutenir le développement de l'activité des banques étrangères en activité sur la place d'Alger. La loi de finances complémentaire 2009 a exigé des opérateurs du commerce extérieur de payer des taxes de l'ordre de 3% pour chaque domiciliation bancaire et de payer cash les importations à travers la formule de crédit documentaire. Les taxes instaurées en 2009 sur les véhicules neufs ont été revues à la hausse, notamment pour les hautes gammes et les grosses cylindrées, importées en grandes quantités depuis quelque temps. Autant de freins et de verrous permettant à l'Etat d'engranger des sommes importantes sur l'activité de commercialisation des voitures, une activité qui a explosé depuis l'instauration du crédit à la consommation en 2004. Les importations algériennes de cylindrées dépassent celles de trois pays réunis, à savoir le Maroc (100 000 voitures an), la Tunisie (60 000) et l'Egypte (80 000). En 2009, l'Algérie a importé plus de 250 000 véhicules, faisant d'elle le second marché en Afrique, après celui de l'Afrique du Sud. Malgré les potentialités du marché, les constructeurs d'automobiles refusent toujours d'investir dans l'industrie du montage en Algérie. Des marques s'éclipsent Face à cette méfiance, les autorités publiques ont durci les conditions de vente des voitures en adoptant des taxes et en supprimant le mode d'achat par crédit bancaire. Certaines marques d'automobiles se sont carrément retirées du marché, à l'instar de la chinoise Faw qui n'a pas renouvelé son contrat de représentation. D'autres enseignes risquent également de disparaître, car les ventes ont chuté de manière drastique. Les chiffres de l'AC2A sur les ventes réalisées au mois de janvier sont illustratifs de la situation du marché. Le groupe Toyota qui commercialise la marque Subaru n'a vendu que 10 unités à travers le territoire national. Idem pour Diamal qui n'a cédé que 31 voitures de marque Opel. Les seules marques qui parviennent à écouler leurs produits sont Renault Algérie (4366 voitures vendues en janvier), Toyota (3183), Dacia (2335), Peugeot (1922) et Hyundai (1372). Les concessionnaires de ces marques ont engagé des compagnies publicitaires alléchantes, combinant les réductions importantes, des voitures offertes gratuitement et des cadeaux (assurances tous risques, bons d'essence et des voyages). Certains journaux ont été destinataires d'importantes pages publicitaires, le but étant de vendre au maximum, surtout les gammes dites de low cost (Sandero, Logan, Symbol…).