Le professeur à l'université de Constantine, spécialiste en toxicomanie, Chelbi Mohamed, a précisé, lors de la rencontre qui a regroupé les spécialistes et plusieurs représentants activant dans les organismes de lutte contre la toxicomanie au niveau de la wilaya, à l'occasion d'une conférence-débat tenue à la salle Rezik Kacem du CHU, que «le phénomène est glissant et il est difficile de le saisir dans sa mouvance». Concrètement, il a été prouvé que les meilleurs résultats sont obtenus lorsque le travail est fait avec les différents spécialistes qui pourront indiquer comment agir en essayant de mobiliser toutes les énergies sur des axes précis, avant d'ajouter : «Démission de la famille, causes sociales, les méthodes traditionnelles qui deviennent banales, tout a été passé en revue.» Il dira néanmoins que sur le terrain, les psychologues sont en train de faire leur travail avec les moyens de bord et aboutissent à quelques résultats intéressants. En effet, cette réunion a été une occasion pour tirer la sonnette d'alarme en ce qui concerne la toxicomanie qui prend de l'ampleur dans note société, notamment au niveau des établissements scolaires. De son côté, le professeur Mme Demène-Debbih, médecin-chef à l'hôpital psychiatrique de Djebel Ouahch, a souligné lors de son intervention qu'«il n'y a pas souvent une réelle coordination entre les différents intervenants. Le danger a un rapport avec l'âge parce que la drogue influe sur le développement neurologique de l'enfant. C'est pour cela qu'il serait très important que la famille agisse le plus tôt possible pour retarder la première prise en donnant à l'adolescent la chance d'évoluer sans drogue». De part son expérience, elle précisa que «le toxicomane est en train de prendre la place du malade mental à l'hôpital psychiatrique à cause des troubles de son comportement». Pour ce qui est de la situation dans la seule ville de Constantine, M. Kaâbouche, chef de l'unité de psychologie du CHU, la qualifiera «de très alarmante» testant l'ampleur du phénomène au sein d'un établissement scolaire de la ville des Ponts pris comme modèle. Il a découvert que 10 élèves sur 50 ont goûté à la drogue, soit 20% de l'ensemble. «Ces journées de sensibilisation et d'information sont d'une extrême importance et elles ne sont jamais de trop car nous estimons qu'il faut à chaque fois tirer la sonnette d'alarme. Malheureusement, pour le moment, il n'y a aucune structure spécialisée pour une prise en charge réelle des toxicomanes dans notre wilaya et tout le monde attend avec impatience les centres intermédiaires de désintoxication prévus par les autorités sanitaires, à raison d'un centre dans chacune des villes du Khroub, de Zouaghi et de Sidi Mabrouk, en plus d'une institution au niveau du CHU.»