La journaliste soudanaise Lubna Hussein, qui a été condamnée dans son pays à 40 coups de fouet pour avoir porté un pantalon, s'est rendue hier à Tizi Ouzou où elle a défendu la situation de la femme dans son pays. Invitée par le collectif d'associations qui lancé la campagne «Kif kif devant la loi» (campagne pour les lois civiles et égalitaires), dont l'association Amusnaw de Tizi Ouzou, Tharwa n Fatma Nsoumeur, Djazaïrouna…, la journaliste soudanaise, devant une importante assistance, dont le sénateur du parti du RCD, Mohand Ikherbane, que le siège de la médiathèque d'Amusnaw ne pouvait contenir, a fait un véritable réquisitoire contre les autorités de son pays qui ont, pour ainsi dire, réduit la femme à un statut de sous-être. L'invitée du collectif ne manquera pas d'emblée de faire part de sa joie de se retrouver en Algérie : «Je suis contente d'être dans ce pays qui se dresse contre l'obscurantisme et qui lutte pour les libertés fondamentales dont celles des femmes.» Le tableau qu'elle dressera ensuite sur la situation de la femme soudanaise est des plus ahurissants. «La femme soudanaise a arraché certains droits, comme celui de voter ou encore d'enseigner avant que tout ne bascule en 1989 suite au coup d'Etat des militaires et des islamistes», dira-t-elle. «C'est à ce moment que le cauchemar des femmes a commencé au Soudan avec le changement des lois par le régime de Omar El Bachir», ajoutera-t-elle, devant une assistance restée médusée face à l'ampleur de la ségrégation qui touche la femme dans ce pays où le régime a mis en place des tribunaux islamiques qui travaillent 24h/24. De fil en aiguille, la conférencière décortiquera une situation des plus inimaginables que subit la femme soudanaise soumise à des lois scélérates, notamment l'article 152 qui réglemente les effets vestimentaires. A cet effet, elle dira qu'une police spéciale est mise en place pour veiller au respect de cette loi dont elle a été victime comme des milliers d'autres femmes. «En 2008, 43 000 femmes ont tété condamnées à recevoir 40 coups de fouet. Ces dernière souffrent en silence car n'ayant même pas le droit d'avoir un avocat pour les défendre», ajoutera-t-elle. «La femme subit toutes sortes de châtiments et de sévices qu'ils soient corporels ou moraux.» Pour le port du pantalon, elle dira que le policier, dès qu'il voit une femme en porter un, lui ordonne de marcher deux pas en arrière et deux en avant pour déterminer s'il est adéquat ou pas. En somme, le tableau dressé par Lubna Hussein, dont la condamnation a suscité une dénonciation au niveau international, renseigne sur les pratiques du régime soudanais qui réduit la femme à un statut de sous-être. C'est pourquoi elle quête un soutien des ONG et autres institutions pour permettre à la femme soudanaise de jouir de ses droits fondamentaux.