Kif kif devant la loi est une nouvelle campagne initiée par des associations de défense des droits de la femme pour protester contre l'actuel Code algérien de la famille, promulgué en 1984. Lors d'une conférence de presse, tenue la semaine dernière, des associations féministes ont annoncé le lancement d'une nouvelle campagne de protestation contre les lois discriminatoires du Code de la famille. Des rencontres-débats et des ateliers de formation seront programmés, tout au long de l'année, afin de sensibiliser les femmes quant aux nombreuses contradictions et iniquités contenues dans les textes législatifs régissant la famille en Algérie. Ces associations protestataires: Tharwa N'Fadhma N'Soumer, le Collectif Femmes du Printemps Noir, le réseau Amusnaw, rejoints par l'association Djazaïrouna, le réseau Wassila, l'association A Vife, ainsi que par le collectif Femmes MDS, ont également élaboré un avant-projet de loi. «Il s'agit de présenter une alternative à l'actuel Code algérien de la famille, cet avant-projet propose de nouveaux articles remplaçant toutes les dispositions jugées discriminatoires contenu dans le Code, voté en 1984...», nous précisera-t-on. Initié principalement par Tharwa n'Fadhma n'Soumer, le Collectif femmes du Printemps noir, le réseau Amusnaw, ce projet de campagne a été lancé, il y a quelques années, dans les villages de Tizi Ouzou. «En 2006, nous avons commencé à former des jeunes militants qui activent dans des associations locales. Nous avons élaboré, par la suite, plusieurs campagnes de sensibilisation. Des ateliers de formation, des conférences et des rencontres-débats ont été organisés pour vulgariser le Code de la famille auprès des femmes. Notre premier objectif était de mettre en évidence les contradictions de certains articles et leur caractère discriminatoire...», nous expliquera Ourida Chouaki, présidente de l'association Tharwa n'Fadhma n'Soumer. Et d'ajouter: «Il faut savoir que la majorité des femmes algériennes, même instruites, ignorent complètement les dispositions du Code de la famille. Elles ne prennent connaissance des textes que lorsqu'elles se trouvent confrontées à des problèmes.» Concernant les amendements du Code de la famille en 2005, ces militantes affirment qu'il ne s'agit guère d'une réelle avancée pour les droits de la femme en Algérie et ce pour de nombreuses raisons. D'un côté, les membres de ces structures associatives font remarquer que ces modifications ne répondent aucunement aux aspirations de la femme algérienne. D'un autre côté, ils regrettent la non-prise en compte des conventions internationales ratifiées par l'Algérie, relatives aux droits de la femme, dans l'élaboration des lois. «Les législateurs algériens font constamment abstraction d'un principe fondamental selon lequel le droit international prime sur le droit national», nous expliquera-t-on. Sur les listes des contradictios relevées par ces féministes, vient s'ajouter le fait que certains articles du code contreviennent la Constitution algérienne. «La Constitution est nettement plus en avance par rapport au Code de la famille. Pour moi, les amendements de 2005 reflètent le manque de courage politique de nos décideurs face aux islamistes...», lancera Faroudja Moussaoui du réseau Amusnaw. «Seule la désacralisation du texte, ce qui était impossible auparavant, peut être perçue comme un acquis», nous dira-t-elle, avant de poursuivre: «Ce code consacre toujours l'infériorité juridique de la femme». Il est à noter qu'une première rencontre-débat a été organisée, hier, avec la journaliste soudanaise, Lubna Hussein, condamnée à un mois de prison pour avoir porté un pantalon dans un lieu public.