Le verdict de cette affaire sera rendu le 29 du mois en cours. Un magnifique élan de solidarité s'est formé autour de l'avocate incriminée et qui, faut-il le rappeler, a été condamnée à une année de prison ferme et 200 000 DA d'amende pour outrage à magistrat par le tribunal de Bir Mourad Raïs. Jamais autant d'avocats n'ont été présents lors d'une audience. Ils étaient pas moins de 30 avocats appuyés par le syndicat et le conseil pour défendre leur consœur, Neghza, condamnée à une année de prison ferme suite à un incident d'audience que la juge présumée victime a requalifié en outrage dans une correspondance adressée au président de la cour de Bir Mourad Raïs. «Où est la victime et où sont les témoins ?» demandent les avocats au président de l'audience. Interrogé par le président qui, dans un premier temps, donnait l'impression de prendre parti de la juge victime, Neghza narra les faits en rappelant que ces «derniers se sont passés devant des témoins et que seuls les témoins de la juge sont présents sur le jugement», ajoutant : «Je n'ai fait que répondre aux propos déplacés de cette juge qui m'a taxée de qualificatif dégradants (...) Pourquoi le policier à qui la juge a ordonné de procéder à mon arrestation a-t-il refusé de s'exécuter ? Elle exigea le témoignage de sa secrétaire au même titre que la juge. Il faut relever que sur le jugement de même que dans la correspondance adressée au président de la cour de Bir Mourad Raïs, l'avocate qui pourtant portait sa robe, était présentée comme une citoyenne ordinaire. Le procureur requerra un durcissement de la peine. «Où est la victime et où sont les témoins de l'accusée ?» devait dire Me Miloud Brahimi dans sa plaidoirie pour mettre en relief l'iniquité du jugement. A un moment de sa plaidoirie, il tonna : «Si des personnes cherchent à faire la guerre aux avocats, qu'elles sachent qu'il n'y aura pas de gagnant», insinuant que seule l'image de la justice en sera ternie. Abondant dans ce sens, il alla plus loin en interpellant le président sur les raisons qui ont permis à cette juge de ne pas se présenter devant la justice. «Elle est victime mais ne s'est présentée ni devant le juge d'instruction ni devant le président de l'audience», rappelant que «la justice est obligée d'entendre toutes les parties et tous les témoins sans complaisance», martelant, pour finir : «Où va notre justice avec des comportements pareils ? La condamnation d'une avocate à une peine de prison aura sans nul doute des répercussions qui dépasseront l'enceinte de l'instance judiciaire», devait-il lancer à l'adresse du président qui, devant la ténacité des avocats, appela au bon sens. Une valse de plaidoiries pour la cause d'une consœur Devant la ténacité des avocats dans leurs plaidoiries, le président qui invita ces derniers à faire preuve de retenue et de correction montra des signes de compréhension. «Les magistrats et les avocats sont des jumeaux», lança-t-il en affichant un sourire qui en disait long sur sa volonté de trouver un épilogue à cette affaire qui risque, selon les avocats, «de prendre des proportions démesurées». Prenant le relais, Me Amara Mohcene dira : «Les relations entretenues entre magistrats et avocats sont sacrées» et ce pour mettre en valeur le fait que l'avocate incriminée était dans l'exercice de ses fonctions lors des faits. En ce sens, il releva que «les témoignages retenus dans le jugement sont dirigés de manière à accuser notre consœur», rappelant «qu'il est curieux que les témoignages de notre consœur ne soient pas pris en considération et ne sont pas portés dans le jugement. (...) Au nom des relations qui unissent les avocats et les magistrats, nous demandons un acquittement pur et simple». Effectivement, le juge fera montre d'une très grande attention lors des plaidoiries qu'il devait écourter après la plaidoirie de Me Bensoltane et bien d'autres. Conscient de l'obligation de trouver un compromis, le président mit fin à l'audience après avoir annoncé que le verdict sera rendu le 29 du mois en cours. Une affaire à suivre.